REDÉCOUVRIR SON BAPTEME
Paul-Emile Vignola
Dans la préparation du grand Jubilé de l'an 2000,
le Pape Jean-Paul II nous invite en cette année 1997 à
une réflexion poussée sur le Christ et à
la redécouverte du Baptême. Comme premier effort
en ce sens, j'ai alors fait un vrai pèlerinage aux sources
de mon être chrétien. Un voyage qui sans coûter
un sous m'a enrichi. Ca vous tente? Suivez le guide !
LE SIGNE DE LA CROIX
A l'entrée de l'église, le prêtre accueille
les parents et le candidat au Baptême. On se salue, on établit
le nom de l'enfant et l'on précise l'objet de la cérémonie
qui s'amorce: faire de celui qu'on présente un disciple
du Christ, c'est-à-dire quelqu'un qui marchera dans ses
pas et gardera les commandements. Une fois qu'on s'est bien entendu
sur le sens de la démarche en cours, le prêtre trace
une croix sur le front de l'enfant; il peut inviter les gens présents
à faire de même. Car la croix est le signe du chrétien;
se présenter en référence aux signes de l'horoscope,
c'est retourner au monde, au paganisme, avec lesquels nous avons
rompu. Jésus ne fait pas de cachette la-dessus: "Si
quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même,
qu'il se charge de sa croix et qu'il me suive. Qui veut en effet
sauver sa vie la perdra, mais celui qui perd sa vie à cause
de moi et de l'évangile la sauvera" (Mc 8,34-36).
Instrument de honte et de torture, la croix devint par la passion
et la résurrection de Jésus un symbole du Salut.
Pour qui la reçoit maintenant, elle conserve un côté
douloureux car elle réfère aux épreuves et
aux souffrances de la vie qu'on acceptera avec la mentalité
de Jésus mais elle le lance également sur la voie
de l'espérance puisque le chemin de la croix débouche
sur la gloire de la Résurrection. Voilà ce que d'emblée,l'église
présente au candidat qui frappe à sa porte.
LA PAROLE DE DIEU
Même si la vie moderne se déroule marquée
par l'urgence et la vitesse, on va prendre du temps,avant de procéder
au Baptême, pour écouter et exposer la Parole de
Dieu. Rien de plus normal: un sacrement se célèbre
dans la foi et la foi se nourrit de l'écoute de la Parole
de Dieu. Autrement, on n'aura qu'un acte de magie, une simagrée
ou geste insignifiant. Le disciple du Christ a besoin de connaître
l'enseignement de son Maître; on s'y met sans tarder. Dans
le cas de petits enfants, il ne peuvent encore apprendre mais
les parents et les parrains qui sont là viennent d'accepter
de le former à l'école de Jésus. Ce qu'ils
entendent et comprennent maintenant, ils le transmettront fidèlement
quand le temps sera venu.
Par ailleurs, en célébrant avec soin cette liturgie
de la parole inhérente à celle du Baptême,
on réalise un des objectifs visés par le Pape en
cette année 1997: un retour à la Bible, livre de
la Parole de Dieu, "soit par la sainte liturgie inspirée
des paroles de Dieu, soit par une pieuse lecture, soit par des
cours appropriés et par d'autres moyens" (Tertio Millenio
Adveniente, no 40). L'écoute, l'étude et la méditation
de la Parole de Dieu pour la prier et la mettre en pratique fondent
la vie chrétienne. Ce qu'on commence ainsi le jour de son
Baptême, on devrait le poursuivre jusqu'à la fin
son âge... Il n'y a rien là d'un devoir fastidieux:
"En effet, dans le texte inspiré, c'est le Père
céleste lui-même, qui avec amour, vient à
notre rencontre et s'entretient avec nous, en nous manifestant
la nature de son Fils unique et son destin de salut pour l'humanité"
(idem).
Dans la tradition catholique, on lit ensemble c'est à
dire en communauté la Parole de Dieu. C'est à nous
comme peuple, non à moi comme individu que le Seigneur
s'adresse même lorsque je lis ma bible seul chez moi. Le
soin d'expliquer les textes difficiles et d'écarter les
interprétations erronées revient aux pasteurs. A
la suite des lectures proclamées et commentées au
Baptême, les gens présents passent à une prière
communautaire où l'on intercède pour l'enfant, ses
proches et l'église qui le reçoit; on invoque également
des saints du ciel, nos prédécesseurs, nos modèles
et nos protecteurs; enfin,le prêtre prie le Père
de délivrer l'enfant du pouvoir de Satan, l'esprit du mal
avant de lui imposer les mains ou de lui faire une onction d'huile,
l'un et l'autre geste signifiant que désormais le Seigneur
le reconnaît comme de sa maison, comme engagé avec
Jésus dans le combat contre les forces de mort.
BÉNÉDICTION DE L'EAU
Par le Baptême, l'enfant qu'on présente va recevoir
de l'amour de Dieu une vie nouvelle: il va renaître de l'eau
et de l'esprit. On procède dès lors à une
bénédiction solennelle de l'eau. Selon la formule
utilisée, cette prière mettra en lumière
le rôle ambivalent et le symbolisme de l'eau, source de
vie ou cause de mort. Sans elle, rien ne pousse et tout meurt,
mais qu'elle vienne en surabondance et l'on sera submergé,
noyé comme au déluge. A la veillée pascale,
on évoque la présence de l'eau aux étapes
cruciales de l'histoire du Salut: la sortie d'Egypte, le baptême
de Jésus dans le Jourdain. Ces prières soulignent
aussi l'oeuvre de l'Esprit-Saint spécialement actif lors
des commencements: à l'origine du monde, au départ
de la mission de Jésus, aux débuts de l'Église
et maintenant à la naissance de cet enfant à la
vie divine.
PROFESSION DE FOI
Avant de procéder au baptême, le prêtre demande aux parents et aux parrains de
l'enfant une déclaration explicite de leur rejet du
mal et de leur adhésion pleine et entière à
la foi de l'Église. S'exprime ainsi en paroles claires
le mouvement de conversion préalable au baptême d'un
adulte; quand on présente un enfant, on s'engage à
le détourner du péché et à le faire
entrer dans le projet de Dieu réalisé par Jésus
notre Sauveur. On renonce donc à Satan et aux forces de
mort à l'oeuvre dans le monde. On proclame ensuite croire
au Père, au Fils, à l'Esprit et aux principaux articles
de foi de l'Église catholique. Cette profession de foi
sera reprise régulièrement au long de la vie du
baptisé; chaque année à la vigile pascale,avant
sa confirmation de même qu'avant des engagements importants
dans l'Église, chaque dimanche lors de la messe... La foi
par laquelle on adhère à Jésus et à
l'Évangile est d'abord un mouvement du coeur mais elle
comporte également un contenu minimal par lequel on se
reconnaît membre du corps du Christ.
LE RITE BAPTISMAL
On tient l'enfant au dessus de la fontaine baptismale; le prêtre
lui verse l'eau sur la tête et prononce la formule sacramentelle:
N..., je te baptise au nom du Père,et du Fils,et du Saint-Esprit.
Le terme "baptême" provient d'un mot grec qui
signifiait "plongeon". Autrefois, et encore aujourd'hui
en Orient, on plongeait dans l'eau d'un lac, d'une rivière
ou d'une piscine le catéchumène. Cette manière
de faire (par immersion), si elle s'avère plus onéreuse
que notre méthode courante (par ablution), fait beaucoup
mieux ressortir le symbolisme et le sens profond du Baptême.
En étant plongé dans l'eau, le baptisé se
trouve associé à la mort du Christ. Si quelqu'un
vous tient trop longtemps sous la surface de l'eau. n'allez-vous
pas périr? Mais en émergeant à la surface
de l'onde, il est associé à la résurrection
du Seigneur qui s'arrache au gouffre de la mort et, rayonnant
de vie, se lève du tombeau le matin de Pâques. Par
l'action de l'Esprit, celui qui est passé par l'eau participe
désormais à la vie du Ressuscité; il est
devenu membre de ce grand corps dont Jésus est la tête.
Un jour où j'assistais à un baptême, j'ai
été surpris puis ému par l'invitation du
prêtre aux gens qui étaient là: "Adorons
le Seigneur maintenant présent dans cet enfant." Et
lui même fléchit le genou devant l'enfant, un peu
comme après la consécration du pain et du vin. Je
me rappelai alors les paroles de Jésus: "Si quelqu'un
m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera et nous
viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure"
(Jn 14,23). Aux funérailles d'un baptisé on encense
son corps en signe de respect parce qu'il a été
le temple de la Trinité. Quelle dignité nous confère
le Baptême !
LE SAINT-CHRÊME
Les rites qui suivent vont expliciter la vocation du nouveau
baptisé. On lui fait d'abord une onction avec de l'huile
parfumée, le saint-chrême. Les paroles du prêtre
ont de quoi nous interpeller: "Désormais, tu fais
partie du peuple de Dieu, tu es membre du corps du Christ et tu
participes à sa dignité de prêtre, de prophète
et de roi." Dans l'Ancien Testament, on consacrait avec le
chrême les prêtres, les prophètes et les rois.
Ces gens devenaient les "oints" du Seigneur, ce qui
en grec se dit "christs". Ainsi, de par mon baptême,
je suis devenu un autre "christ", non pas émancipé
et autosuffisant, mais intimement associé à Jésus,
le Christ par excellence totalement imprégné de
l'onction de l'Esprit Saint. Marqués de l'huile du salut,
"nous sommes, pour Dieu, la bonne odeur du Christ parmi ceux
qui se sauvent et parmi ceux qui se perdent" (2 Co 2,15.
LE VÊTEMENT BLANC
Les parrains revêtent ensuite l'enfant d'un vêtement
blanc. Le prêtre en donne la signification: "N ...,
tu es devenu une création nouvelle: tu as revêtu
le Christ; ce vêtement blanc en est le signe." La liturgie
reprend textuellement un mot de saint Paul dans sa lettre aux
Galates (3,27). Pareil costume nous lance sur le chemin de la
sainteté. Il s'agit non seulement de préserver la
pureté des aubes ou des tuniques cérémonielles
mais surtout de "se laisser mener par l'Esprit pour ne pas
céder à la convoitise charnelle" (Ga 5,16).
On produira alors les fruits de l'Esprit: "charité,
joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté,
confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi"
(Ga 5,22). Cet appel à la sainteté figure aussi
dans le programme proposé par le pape pour cette année
1997: "Tout devra être orienté vers l'objectif
prioritaire du Jubilé qui est le renforcement de la foi
et du témoignage des chrétiens. Il est donc nécessaire
de susciter chez tous les fidèles une réelle aspiration
à la sainteté, un fort désir de conversion
et de renouveau personnel..." (Tertio Millennio Adveniente,
no 42).
LE CIERGE ALLUMÉ
Enfin, le prêtre remet aux parents de l'enfant un cierge
allumé au cierge pascal en leur disant: "Recevez la
lumière du Christ." Jésus s'est présenté
lui-même comme "la Lumière du monde" (Jn
9,5) et il a aussi désigné ses disciples du même
nom: "Vous êtes la lumière du monde" (Mt
5,14). On comprendra que Jésus éclaire comme le
soleil alors que nous, nous le faisons à la manière
de la lune qui reflète les rayons du soleil. Là-dessus,
saint Paul nous parle beaucoup. "Jadis vous étiez
ténèbres,mais à présent vous êtes
la lumière dans le Seigneur; conduisez-vous en enfants
de lumière; car le fruit de la lumière consiste
en toute bonté, justice et vérité" (Ep
5,8-9).
VERS L'EUCHARISTIE
La célébration du Baptême se termine à la table de l'Eucharistie. Dans une monition, le prêtre montre que l'enfant, qui vient de naître à la vie nouvelle, recevra un jour la Confirmation où lui sera conférée la plénitude de l'Esprit;
il sera également invité à s'approcher
de la table du Seigneur pour prendre part à l'Eucharistie,
ce repas qui anticipe et donne un avant-goût de celui qui
rassemblera les élus pour "les noces de l'Agneau"
(Ap 19,9) dans la maison du Père. Mais déjà,
en attendant la première communion du nouveau chrétien,
tous unissent leur voix dans la prière que Jésus
a laissée à ses disciples, le Notre Père.
L'enfant se trouve dès lors pleinement intégré
à la famille chrétienne qui s'adresse à un
même et unique Père, à l'instigation de notre
grand frère Jésus, le Fils de Dieu fait chair, et
sous la mouvance de l'Esprit d'amour qui nous garde dans l'unité.
Revivre son Baptême, c'est retourner à ses origines et redécouvrir sa destinée et sa vocation première. Pour y parvenir, l'Église met à notre disposition les trésors de la grâce, le service et les enseignements de ses pasteurs, le soutien de ses communautés. Nos groupes du Renouveau Charismatique se situent à ce niveau: on y partage la Parole de Dieu, nourriture de la foi on y bénéficie des charismes distribués selon le bon vouloir du Père et exercés dans la charité fraternelle; dans une prière de louange, d'action de grâce et d'intercession adressée d'abord au Père, on y vit une saine émulation à la sainteté sur les pas de Jésus et sous le souffle de l'Esprit.
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NOTE D'AUTEUR
L'abbé Paul-Emile Vignola est répondant pour le Renouveau charismatique du diocèse de Rimouski. Il est aussi membre du Comité de rédaction de Selon Sa Parole.