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Revue SELON SA PAROLE, 15 novembre 1997, vol. 23, numéro 9



UN HOMME DE FOI
FRERE MICHEL VERRET
Fondateur des Petits Frères de la Croix (1939-1997)


Homélie de la messe des funérailles par le Frère Jean Guildo, Mon Père je m'abondonne à toi par Denis Veilleux , Michel Verret est rendu chez lui par Jeanne-Mance Rousseau et Un témoin de Dieu par Marcel Goulet
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HOMÉLIE DES FUNÉRAILLES DU PÈRE MICHEL ce 28 août 1997
Jean Guildo

Les lectures de la Parole de Dieu que Père Michel a choisies lui-même pour cette Eucharistie nous placent face à la réalité constante de sa vie: vivre d'Amour à l'image de Jésus, Modèle unique et unique Sauveur du monde.

LA VIE APRÈS LA MORT

Nous pourrions croire que tout est fini pour lui maintenant. Bien sûr que non! Nous savons que la vie du juste est dans la main de Dieu et que désormais il portera du fruit encore davantage. Dans la foi, nous croyons que la mort n'est pas le dernier mot de la vie: après notre mort, il y a la vie éternelle qui nous unit pleinement à Dieu et à tous les autres fidèles défunts dans un Amour sans limite et sans fin.

Voilà, Père Michel,que tu entres dans la bienheureuse éternité à laquelle tu aspirais de tout ton être de baptisé, de prêtre et de moine. Tu as demandé que soit ouvert l'Évangile du Prologue de Saint Jean pendant tout le temps où tu serais exposé. Je me suis demandé pourquoi cette page d'évangile en particulier. C'est un texte de la Parole de Dieu qui t'a toujours rempli de joie et de lumière: le Verbe de Dieu s'est fait chair et qu'il a habité parmi nous. Tu as toujours fait le lien avec Jésus-Eucharistie, ce grand sacrement de l'amour que nous célébrons et adorons chaque jour au monastère.

LE DÉSIR DU SERVICE DE DIEU

Mais un passage m'a aussi rejoint en pensant à toi, Père Michel, où il est dit: Un homme fut envoyé par Dieu: son nom était Jean. Et cet homme fut le témoin fidèle de la lumière. Il était une petite lampe qui éclaire dans la nuit de ce monde et beaucoup se sont réjouis à sa lumière. Je me disais aussi: un homme fut envoyé par Dieu: son nom était Michel. Il a eu une vie bien remplie. Une vie où il a usé ses forces à la tâche qui lui était confié par Dieu. Né le 24 avril 1939, dès son jeune âge, Michel voulait être prêtre de Jésus. A six ans, à la Messe de Minuit, ici à Loretteville où il a grandi, sa mère l'avait bien préparé à faire sa première communion en lui disant de demander trois grâces au Seigneur. Après la messe à sa mère lui demande quelles sont les grâces qu'il avait demandées,il répond spontanément les trois mêmes: "Je veux être prêtre."

LA FORMATION ET LE MINISTÈRE

Il entreprend ses études élémentaires à Loretteville, ses études secondaires au séminaire Saint-François, ses études classiques au séminaires des Saints-Apôtres à Laprairie. En 1959, il entre au noviciat de la Congrégation de la Fraternité Sacerdotale à Pointe-du-Lac, où il a fait sa profession l'année suivante. Après ses études en philosophie, il est envoyé à Rome où il poursuit ses études théologiques à la Grégorienne. De retour au Québec, il fait une année d'études à l'Université Saint-Paul d'Ottawa. Il est ordonné prêtre à Loretteville le 4 juin 1966. Il est appelé par la suite au ministère presbytéral à la paroisse Saint-Malo de Québec et à Saint-Charles- Garnier de Sillery. Durant sept années, il oeuvre principalement auprès des jeunes dans les écoles, le mouvement scout, auprès des groupes de motards et de hippies de l'époque. Il a été aussi aumônier militaire à la base de Valcartier. Il a aussi prêché plusieurs retraites dans des communautés religieuses et des paroisses.

TÉMOIN FIDÈLE DE LA LUMIÈRE

Il a fondé l'Association des frères et soeurs de Sainte-Thérèse-de-l'Enfant-Jésus, mouvement de spiritualité thérésienne regroupant plus de six mille personnes un peu partout dans le monde.

Il s'est impliqué pour faire connaître le Renouveau charismatique dans plusieurs régions du Québec, entre autres dans le diocèse de Baie-Comeau, ainsi que dans des congrès régionaux et provinciaux.

Il a fondé le mouvement d'évangélisation des jeunes par les jeunes sous le nom de "Pas d'chair pas d'os", regroupant plusieurs jeunes au Québec. Il a aussi fondé la Fraternité des couples Jésus-Caritas qui existe toujours.

LA VIE ÉRÉMITIQUE

En 1973, il obtient de l'archevêque de Québec la permission de vivre en ermitage, à la manière du Frère Charles de Foucauld. Après sept ans de vie érémitique, il est autorisé par le cardinal Maurice Roy à fonder le 8 juin 1980 la communauté monastique des Petits frères de la Croix. C'est en 1991 qu'il établi la communauté dans un nouveau monastère à Sainte-Agnès de Charlevoix, sur la sainte montagne.

Il était Chevalier de Colomb quatrième degré. Il était aussi "chevalier-commandeur" de l'Ordre de la Sainte Croix de Jérusalem.

L'épreuve de la maladie l'a atteint le 15 octobre 1993. C'est un long calvaire qu'il a vécu pour arriver au sommet de l'amour livré le 23 août 1997, où le Seigneur l'a rappelé à lui.

Ce tableau de sa vie nous montre qu'il a été depuis longtemps ce grain de blé tombé en terre pour porter beaucoup de fruit. Beaucoup ont été baptisés par lui, beaucoup ont été mariés par lui, beaucoup ont reçu le pardon du Seigneur par lui, beaucoup ont été éclairés et réconfortés par ses paroles, et qui sont présents parmi nous aujourd'hui. Il y a aussi beaucoup de jeunes et de moins jeunes qui ont été dirigés vers le sacerdoce par lui: que je nomme ici les petits frères prêtres ordonnés au monastère, notre ami Denis Veilleux et tant d'autres qui sont devenus prêtres sous l'influence du Père Michel.

Oui, petit frère Michel Marie de la Croix, nous voulons tous ensemble te remercier pour tout ton dévouement quotidien au service du Seigneur et de ses enfants. Tu as été un prêtre au coeur de feu. Durant tes études à Rome, le Pape Paul VI te disait cette parole en te regardant droit dans les yeux: "Vous savez, jeune homme, il y a beaucoup de savants et de grands théologiens dans l'Église, mais il lui manque des saints: vous devez être un saint."

Puisses-tu communier pleinement et éternellement à la sainteté de Dieu dont tu as été le témoin sur la terre des hommes. Il y eu un homme envoyé par Dieu: son nom était Michel... Il a été par toute sa vie témoin de la lumière... Je termine cette homélie comme tu terminais les tiennes et chacune de tes lettres: "Père Michel, de tout coeur je te bénis et je te dis bonne route sur le chemin du Paradis."



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MON PÈRE, JE M'ABANDONNE À TOI
Denis Veilleux



Vous est-il arrivé de lire ou réciter cette prière du Frère Charles de Foucauld: "Mon Père, je m'abandonne à toi, fais de moi ce qu'il te plaira."? Cette prière m'a été enseignée par l'abbé Michel Verret alors qu'il était vicaire à Saint-Charles-Garnier. Depuis, il m'est arrivé souvent d'entendre des gens me dire: "Moi, je suis incapable de réciter cette prière, elle m'effraie." Et la prière de poursuivre: "Quoi que tu fasses de moi, je te remercie, je suis prêt à tout, j'accepte tout."

LE MYSTÈRE DE LA CROIX

Les jours qui ont suivi l'accident cérébro-vasculaire du Frère Michel Verret, en octobre 1993, m'ont donné l'occasion d'entendre ce qui consciemment ou non peut nous détourner de la croix: "Le fondateur des Petits frères de la Croix frappé, ce n'est pas possible! Dieu ne peut permettre cela. Ce n'est qu'un mauvais moment. Il guérira sûrement. Il est si jeune!"

J'entendis ces propos et ces espérances d'un mieux-être en me disant intérieurement que cet événement difficile ouvrait un autre chapitre au mystère de la croix dans la vie personnelle du père Michel et certainement de sa famille monastique. Il m'est arrivé à quelques reprises de le dire: "Il me semble que c'est dans la logique même de tout ce que Michel nous a enseigné de ce mystère de souffrances et de communion au Christ crucifié."

Et la prière se poursuit encore: "pourvu que ta volonté se fasse en moi et en toutes tes créatures, je ne désire rien d'autre Mon Dieu." Comme il est difficile de passer par la porte étroite lorsqu'on y est conduit malgré soi.

À ce moment là, je me rappelle la réflexion d'une amie religieuse infirmière qui le côtoyait: "C'est maintenant par ce chemin que le Seigneur fera de lui un saint."

CROISSANCE PAR LA CROIX

Cette aspiration à la perfection et à la sainteté, nous l'avons perçue auprès de Michel Verret. Sa maladie nous aura permis cependant de le découvrir tout autrement que nous ne l'aurions pensé. Il nous faut bien le dire, le Père Michel avait perdu de son éclat. Lors de mes rencontres avec lui, je partageais à ma manière ce qui était devenu "notre souffrance". De son côté, une conscience d'être différent: "Tu sais, j'ai des cellules de brûlées." De mon côté, un autre rythme à prendre: "Ta voix est meilleure Michel, il y a du progrès." Ce qui me consolait le plus, c'était qu'il avait conservé quelque chose de son humour car Michel Verret n'était pas un homme triste mais profondément joyeux.

Continuons la prière du Frère Charles: "Je remets mon âme entre tes mains, je te la donne Mon Dieu avec tout l'amour de mon coeur." C'est cet amour que j'ai découvert aux premières heures lorsque j'ai connu Michel. Au moment de l'Eucharistie tout son être brûlait. Il aimait être prêtre. Il aimait célébrer. Il aimait prier. Il aimait pardonner au nom de Jésus. Il aimait par-dessus tout l'annonce de la Parole par la prédication. Au lendemain de son accident cérébro-vasculaire nous pouvions déceler sa plus grande souffrance: "Je ne serai plus capable de prêcher." Je me permis de lui dire: "Michel, tu verras le Seigneur te donnera une autre parole, peut-être plus profonde."

La difficile prière se poursuit ainsi: "parce que je t'aime et que ce m'est un besoin d'amour de me donner, de me remettre entre tes mains sans mesure, avec une infinie confiance car tu es mon Père."

MA GRÂCE TE SUFFIT

N'allez pas croire que Michel Verret a récité toute sa vie cette prière du haut de sa force. Non. Il l'a priée avec amour. Alors qu'il était en santé il m'avait fait une confidence qui pourra surprendre: "J'ai peur de la mort dans ce qu'elle réserve au corps." Avait-il peur de souffrir? Non. Était-il effrayé à la pensée du dernier souffle? Non. Il portait une angoisse étrange en lui, celle de l'effroi à la pensée que son corps subirait la décomposition. Il m'a partagé cette souffrance intime "avec larmes". Puis un soir, après sa maladie, au Centre François-Charron où il était, il me dit: "Denis, le Seigneur m'a fait une grande grâce: je n'ai plus peur de la mort. Tu sais combien j'en avais peur! Le Seigneur nous donne les grâces dont nous avons besoin."

Le grain de blé est tombé en terre, il est mort. Il ne restera donc pas seul. Le père Michel-Marie de la Croix, c'était son nom de petit frère, nous a quittés dans l'humilité de l'amour. J'eus quand même le coeur déchiré lorsque, en mai 1995, je le vis dans sa chambre à l'unité de soins Cardinal Vachon. C'était toute une descente: quitter la Sainte Montagne des hauteurs de Charlevoix pour se retrouver quelques saisons dans cette chambre sous la terre. Un bon ami à moi me dit: "Je n'ai pu lui faire une seconde visite, là, dans cette chambre ensevelie sous la neige."

À Radio Galilée, chaque journée s'achève en ondes par la prière du Frère Charles de Foucauld. C'est un héritage. Un jour, je reçus une lettre: "Je vous remercie, cette prière m'a soutenu pendant des mois et m'a aidé à vivre la mort de mon père".

Le 30 août 1997, au pied d'une grande Croix, nous étions plusieurs à reconduire le Père Michel en terre. Je n'ai jamais ressenti autant d'amour dans un cimetière. Je regardais descendre le cercueil au rythme des cantiques que nous chantions. Tout à coup une sauterelle se posa sur le cercueil. Je souris et me dis intérieurement en pensant à l'humour de Michel: "ça va rebondir!"


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MICHEL VERRET "EST RENDU" CHEZ LUI
Jeanne-Mance Rousseau



"Dans cette grande maison où plusieurs salles sont utilisées chaque jour pour des ressourcements de toutes sortes, se pourrait-il que vous trouviez un petit local où des gens se rassembleraient pour "essayer" d'apprendre à prier, une soirée par semaine? Je n'ai pas une idée du nombre de personnes, ni du temps que cela pourrait durer. Ca dépendra de ce que l'Esprit Saint soufflera. Pour débuter nous serions cinq ou six personnes... Ensuite...?"

- Nous avons deux chapelles, est-ce que cela ne pourrait vous suffire, M. l'abbé?

- Ah! bien sûr qu'à nous cela pourrait suffire. Mais est-ce que cela suffira aux bons plaisirs de l'Esprit Saint qui orientera ces rencontres? d'ajouter le petit vicaire de la paroisse Saint-Charles-Garnier qui frappait à la porte des Soeurs de la Sainte-Famille de Bordeaux au 2140, chemin Saint-Louis, la première fois, pour demander un local pour le groupe de prière charismatique qui avait "envie" de naître à Québec.

Et l'abbé Michel Verret ajouta: "Bien, peut-être que pour s'assurer que tu passerais la salle qui convienne le mieux, (au cas où le groupe serait variant) tu pourrais venir prier avec nous?"

Ce fut le premier échange au sujet de l'ouverture des groupes de prière chez nous, à Sillery, en février 1973. Et la première rencontre eut lieu le jeudi de la 2e semaine de février à 19h30. Nous étions cinq personnes cette fois-là, et en trois mois nous avons dû "changer de salles" quelques fois puisque nous étions rendus 80 personnes... se présentant assidûment, chacun avec sa Bible, il va s'en dire!

En vous racontant cet événement peu banal, je vous ai déjà dit beaucoup de notre ami, l'abbé Verret décédé le 23 août dernier.

AVOIR FAIM DE DIEU

"Sommes-nous conscients de la chance que nous avons, d'avoir faim de l'Eucharistie qui renouvelle nos forces pour la route? Seul l'Esprit Saint peut rendre conscient de cette réalité et entretenir en nous cette "faim", tant Dieu a besoin de se donner!" C'est ce que nous servait Michel revenu en nos rangs pour célébrer avec nous le congrès du 20e anniversaire du Renouveau charismatique en 1993. On croirait qu'il a voulu nous dire à l'avance pourquoi il avait le goût de vivre et pourquoi il a accepté de mourir.

A l'ouverture de la messe de funérailles, le 28 août, Mgr Maurice Couture remerciant une dernière fois l'abbé Verret pour son apport à l'Église diocésaine, s'exprimait ainsi pour nous faire saisir le lien entre ces deux missions: "Michel inaugura le Renouveau charismatique au Québec; et puis il fonda les "Petits frères de la Croix"... C'est un peu comme s'il avait voulu lancer les fidèles dans un immense courant, une large avenue pour l'évangélisation pendant que lui se retirait pour prier, pour adorer, pour "chercher Dieu" avec sa petite communauté.

Merci, Michel, de continuer avec nous le passage.

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SSP 15 novembre 1997

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UN TÉMOIN DE DIEU
Marcel Goulet


Dans le corps si riche et multiple de l'Église beaucoup d'influences exercent et certaines personnes en raison de leur correspondance unique à la grâce reçue laissent en nos âmes une trace lumineuse déterminante.

LA PATIENCE DE DIEU

Le père Michel Verret aura été pour moi d'une importance décisive. Impossible d'oublier cette soirée où ce prêtre au coeur de feu a croisé ma vie au sortir d'une adolescence difficile. Genèse d'un apprivoisement où avec patience il devait peu à peu me réapprendre Jésus, l'Église, les sacrements, et peut-être plus encore, mon propre coeur blessé comme seul lieu de la vraie rencontre. Devant ma "tête dure" Père Michel ne pouvait guère compter sur lui-même. Initiateur du Renouveau charismatique pour le diocèse de Québec, il se tourne vers l'Esprit Saint. Et le Seigneur commence à pénétrer mes forteresses.

Les méandres de ce cheminement en auraient découragé plus d'un: des échecs retentissants et répétés mirent son espérance à dure épreuve. Il ne lâcha pas même quand tout eut l'air anéanti. Au fil des ans, sa persévérance m'est devenue signe privilégié de la présence de Dieu.

Au début je le trouvais un peu "flyé" dans la prière, même si sa qualité de coeur me fascinait. Le 15 août 1973, il me fut donné d'assister sans comprendre vraiment au début de sa vie érémitique. Peu à peu le voile s'est levé en mon coeur sur la grandeur de ce mystère, et un désir s'éveilla de partager avec lui ce charisme de la prière. Certaines guérisons intérieures n'étaient pas encore assez avancées mon noviciat avec les Petits Frères de la Croix fut sans lendemain. Un recul de trois ans s'imposa alors afin de décanter, de digérer et d'intégrer le vécu affectif et spirituel.

CONVERGENCES SPIRITUELLES

Ce n'est qu'après avoir en 1984, plongé dans mon engagement actuel comme animateur d'un Café chrétien qu'il me fut donné de retrouver le père Michel, moins comme un père que comme un ami très cher.

Tout d'abord, son amour pour la petite Thérèse et le frère Charles ne pouvait inévitablement que m'atteindre profondément: ces deux grandes figures spirituelles demeurent en effet des références constantes pour moi comme tant d'autre dans la vie quotidienne. De même à travers son ministère, le Renouveau charismatique a touché et continue de d'influencer ma vie. Son sens de l'Eucharistie partagée et longuement adorée comme sommet de la présence, son obsession d'une urgence pour l'homme contemporain de retrouver son identité dans la seule lumière évangélique, sa soif d'une vie fraternelle ardemment vécue avec lui, par lui et en lui, autant d'éléments de vie essentiels.

L'ÂME DE TOUT APOSTOLAT

Dans mon engagement auprès des personnes il m'est impossible d'ignorer ce que ses prédications substantielles ont laissé en moi. Comme lui, je crois que tout agir humain, pour porter réellement le fruit du Royaume doit être le fruit d'une prière humble, confiante et constante. La capacité réelle d'évangéliser réside d'abord dans l'intensité de communion d'amour avec Jésus. Nul geste s'il n'est lié à un grand désir de Dieu ne peut donner Dieu à qui que ce soit. Il est donc vain en évangélisation de s'agiter et de courir, d'écrire et de discourir, si tous ces gestes ne sont en même temps humble supplication provenant du feu de l'Esprit. Je l'entends encore répéter: "Cela ne sert qu'à soulever des nuées de poussière à la gloire de l'homme", dans ces jours où, surchargé, je me retrouve tenté par l'activisme pur.

LA CROIX GLORIEUSE

Toute sa vie Michel a porté la tension de cette double présence de Jésus, dans le Saint-Sacrement et dans le "sacrement" du plus petit des humains.

Ses quatre dernières années, celle de l'identification au Serviteur souffrant, sont tout aussi sinon plus précieuses que toutes les autres, malgré la souffrance aiguë qui les a marquées. À travers les séquelles d'un accident cérébro-vasculaire, le père Michel s'est uni à la croix glorieuse. Cette acceptation sereine dans l'union au Christ est aussi un témoignage qu'il nous laisse.

Merci, Michel, d'avoir osé risquer les sommets malgré et avec tes limites. Merci d'avoir communiqué le vertige à tant de jeunes. Obtiens-nous de crier l'Évangile par tout notre être pour que tous les humains aillent au ciel.

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