L'année spécialement consacrée
à l'Esprit Saint tire déjà à sa fin;
au cours de cette année, nous avons été invités
à prendre conscience du rôle de l'Esprit dans nos
vies personnelles, dans la vie de nos groupes, dans l'Église
et dans le monde. Si nous avons été réellement
conscients de cette force qui nous habite, nous avons dû
avoir le courage de vivre pleinement notre vie de disciple du
Christ. Toutefois, si nous n'avons pas suffisamment répondu
aux appels qui nous étaient lancés par le pape Jean-Paul
II, le présent numéro de "Selon Sa Parole"
nous fournit l'occasion de renouveler notre prise de conscience
en puisant à des sources sûres, tout particulièrement
à la parole du Saint-Père, la lumière qui
éclaire nos routes.
Le 31 mai dernier en effet, en la fête de la Pentecôte,
le Souverain Pontife présidait, sur la Place Saint-Pierre,
une messe solennelle à laquelle participait 250 000 personnes,
surtout membres de différents Mouvements ecclésiaux
et Communautés nouvelles, qu'il avait invités à
le rencontrer pour célébrer avec lui la venue de
l'Esprit Saint. Dans l'homélie qu'il a prononcée,
dont le texte est présenté dans le présent
numéro, il nous rappelle que, depuis le début de
l'humanité, l'Esprit souffle dans le coeur de chaque personne
qui s'ouvre à lui une force de vie. C'est toutefois au
jour de la première Pentecôte que l'Esprit Saint
descend avec puissance sur les Apôtres pour leur donner
la lumière et la force d'annoncer au monde entier l'enseignement
du Verbe de Dieu, Jésus, venu en ce monde pour notre salut;
il fait d'eux, de craintifs qu'ils étaient, des êtres
courageux prêts à donner leur vie pour la diffusion
de la vérité.
Depuis les Apôtres, l'événement de grâce
de la Pentecôte a continué de produire des fruits
merveilleux "en suscitant partout l'ardeur apostolique, le
désir de contemplation, l'engagement à aimer et
à servir avec un profond dévouement Dieu et ses
frères et soeurs. Aujourd'hui encore l'Esprit soutient
dans l'Église les gestes petits et grands de pardon et
de prophétie, il donne vie à des charismes et à
des dons toujours nouveaux qui attestent de son action permanente
dans le coeur des hommes.
Cette parole que le pape Jean-Paul II adressait à l'ensemble
des Mouvements ecclésiaux et Communautés nouvelles
réunis sur la Place Saint-Pierre, Mgr Albert-Marie de Monléon
l'actualise de façon particulière pour le Renouveau
charismatique catholique. Il vient en effet de publier un volume
intitulé: "Rendez témoignage, le Renouveau
charismatique catholique". Interrogé à ce sujet,
Mgr de Monléon rappelle: "qu'aux sources du Renouveau
se trouve l'appel universel à la sainteté, non pas
d'abord comme une ascèse morale, mais comme une appartenance
totale à Dieu de tout son coeur et de toute sa personne."
Dans le Renouveau, par l'effusion de l'Esprit s'effectue une rencontre
vivante avec le Christ, qui fait redécouvrir la prière,
la louange, la nécessité de l'évangélisation
et amorce l'exercice des charismes ordonnés non au bien
individuel, mais à celui de toute la communauté.
Même si l'expérience des charismes comporte un certain
danger de subjectivité, il ne faut pas "tomber dans
un autre danger qui serait celui d'éteindre les charismes
par excès de prudence." Il est toutefois nécessaire
d'user de discernement, les critères de discernement étant
toujours les mêmes, soit la construction de la personne
et de la communauté chrétienne, ainsi que la conformité
à l'Évangile.
A ces deux documents fondamentaux, s'ajoute celui de Soeur Monique
Anctil qui va dans le même sens, tout en précisant
certains aspects plus particuliers à nos groupes de prière.
Soeur Monique rappelle d'abord qu'après avoir reçu
l'Esprit à son baptême, Jésus le communique
à ses apôtres: "Vous allez recevoir une force,
celle de l'Esprit Saint, vous serez mes témoins" (Ac
1,8). On sait comment la venue de l'Esprit lors de la Pentecôte
a transformé les Apôtres et leur a donné la
force de traverser les plus dures épreuves et de donner
leur vie pour remplir leur mission en ce monde.
Dans nos milieux, les groupes du Renouveau charismatique traversent
souvent un temps de désert. Alors qu'en certains pays,
le Renouveau est en croissance, chez nous, les effectifs vieillissent
et diminuent: "plusieurs d'entre nous se sentent fatigués
et peut-être prêts à lâcher parce que
le groupe semble végéter... dès que surviennent
des difficultés, on a la tentation d'abandonner."
C'est alors que Jésus nous dit: "Dans la puissance
de l'Esprit, lève-toi et marche." Marcher dans l'Esprit,
c'est se mettre à l'écoute, accueillir la conversion,
marcher même dans une apparence de ténèbres,
renoncer à nos sécurités, à notre
confort.
Marcher dans l'Esprit, c'est aussi comprendre que nous sommes
appelés à l'Évangélisation. Soeur
Monique note avec raison que l'expression "groupe de prière"
fait que le Renouveau est trop souvent perçu comme un mouvement
de piété, de dévotion et "même
de dévotionnettes". Malgré l'importance de
la prière, le Renouveau charismatique n'est pas qu'une
affaire de prière. "Nous sommes essentiellement des
groupes missionnaires, envoyés pour évangéliser."
Enracinés dans la prière, notre vie pourra porter
des fruits dans la mesure de la puissance de l'Esprit.
L'Esprit n'est pas réservé en exclusivité
au Renouveau charismatique; deux témoignages nous en font
prendre conscience. C'est d'abord une jeune moniale, Soeur Véronique
Nault, novice rédemptoristine, qui nous montre que, pour
s'engager aujourd'hui dans une vie contemplative de type monastique,
il faut vraiment la lumière et la force de l'Esprit Saint;
il faut se livrer dans l'abandon "qui est l'une des forces
les plus pures et les plus absolues de l'amour." Puis, un
jeune de vingt-quatre ans, qui en est à sa septième
année d'engagement dans Marie-Jeunesse, constate qu'une
des grandes difficultés de la vie spirituelle est d'accepter
de se laisser aimer et de se "laisser faire". Il est
toujours difficile de se laisser guider par l'Esprit.
Donnons finalement la parole à Mgr de Monléon qui,
dans la conclusion de son volume déjà cité,
affirme: "Il importe... que les membres et les communauté
de Renouveau soient, dans l'Église, le signe et le rappel
constant de l'urgence de la mission;... leurs fruits... ne viennent
pas d'abord, et ne se mesurent pas uniquement à partir
de programmes, de stratégies, de techniques, même
s'ils sont nécessaires, mais avant tout de l'obéissance,
dans l'Église, à l'action puissante de l'Esprit
Saint, à ses initiatives, sa nouveauté, à
son oeuvre dans les coeurs" (p. 129).
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Dernière mise à jour 15 octobre 1998