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Parole de vie
QUI EST LE PLUS GRAND? (Mc 9,33-37)
Paul-Émile Vignola

Qui est le plus grand? Depuis le péché des origines, cette question encombre, parasite et gangrène nos esprits. On découvre là une hantise porteuse de mort. Car le plus grand, c'est celui qui domine, qui impose sa loi et ses volontés, voire ses caprices. Dans la nature, chez les animaux qui vivent en bandes, dans les gangs et la mafia, dans les pays totalitaires, cet individu écarte ou écrase sans merci quiconque veut lui ravir un de ses privilèges.

Jésus vient nous sauver, c'est-à-dire qu'il veut nous arracher à cet engrenage, nous libérer de ce cycle mortifère. Il nous conduit sur le chemin de la vie; mieux, il se présente lui-même comme le Chemin, la Vie, la Vérité (cf. Jn 14,6).

Au long de ses pérégrinations en Palestine, Jésus s'emploie à former ses disciples à sa mentalité. Il s'applique donc à corriger l'image qu'ils entretiennent du Messie: un chef puissant qui donnera une raclée aux Romains occupants, remettra Israël “sur la map” et pourrait même, pourquoi pas, lui bâtir un empire en s'arrogeant le pouvoir de Rome. À l'opposé de ces rêveries, Jésus annonce: "Le Fils de l'homme est livré aux mains des hommes; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera" (Mc 9,31). Le messianisme assumé par Jésus est celui du Serviteur souffrant décrit dans les oracles d'Isaïe; il se présente comme celui qui vient servir, non comme un dominant ou un despote; comme quelqu'un qui sera condamné, torturé et supplicié, non comme un fort “pétant” de santé.

Or, tandis que Jésus se définit comme ce Serviteur souffrant, les apôtres discutaient entre eux, se disputant les préséances et prérogatives dans ce royaume que le Maître ne pouvait tarder à instaurer... Imaginons les échanges: Qui agira comme premier ministre, Pierre ou Judas? À qui confier les finances, à Judas, l'actuel trésorier ou à Matthieu, ancien publicain? le ministère de la guerre pourrait aller à Simon le zélote ou à l'un des fils de Zébédée, prompts à faire descendre le feu du ciel sur les bourgades et villes récalcitrantes.

À l'encontre de ces divagations engendrées par un esprit qui n'a rien à voir avec l'Évangile, Jésus propose une loi nouvelle: "Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous" (Mc 9,35). Et n'est-ce pas ainsi que Jésus a agi? Il l'a dit et il l'a fait. Il a prêché par la parole et par l'exemple. En cela, il se présente comme l'authentique témoin.

Afin d'illustrer son propos, Jésus prend un enfant et le place au milieu de son auditoire. Le terme “enfant” vient de “in-fans”, “qui-ne-parle-pas”, c'est-à-dire sans-voix. Dans les assemblées, l'enfant n'a pas droit de parole, il ne vote pas; de là à penser qu'il ne compte pas... Jésus, quant à lui, prend en considération les petits, les humbles, les marginaux et les sans-voix; il s'identifie à eux et va jusqu'à déclarer solennellement: "Celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c'est moi qu'il accueille. Et celui qui m'accueille ne m'accueille pas moi, mais Celui qui m'a envoyé" (Mc 9,9,37). Pareil comportement ouvre la porte du royaume des cieux (cf.Mt 25,31-40).

Vivre de l'Évangile, ne serait-ce pas suivre Jésus au jour le jour dans un service humble, fidèle et joyeux. L'idée que je serais “plus grand” engendre l'amertume et me porte à croire qu'on ne reconnaît pas mes dons et capacités. La conviction de servir avec Jésus me gardera dans la paix.
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Dernière mise à jour 26 novembre 1997

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