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Selon Sa Parole 15 novembre 1998 vol. 24 numéro 9



150 prêtres en retraite à l'Alliance
Paul-Émile Vignola


Du 9 au 13 août dernier, cent cinquante prêtres ont vécu une retraite spirituelle en compagnie du père Raniero Cantalamessa, prédicateur au Vatican. Le Conseil Canadien du Renouveau Charismatique (CCRC), dans la foulée du VIe Congrès national du Renouveau Charismatique, avait eu cette heureuse initiative; il l'a réalisée en lien avec l'équipe de l'Alliance à Trois-Rivières qui assurait le logement, la nourriture et l'animation des offices liturgiques sans oublier le soutien de leur prière.

Plusieurs d'entre nous connaissaient déjà le père Raniero par la lecture de l'un ou l'autre de ses livres. Sa réputation de savant l'avait précédé. Vivre près de lui, l'écouter nous entretenir et prier avec nous font également voir en lui un homme de Dieu dont les vastes connaissances n'ont d'égales que son humilité et sa délicate attention aux membres de son auditoire.

Un retraite se veut, par nature, une démarche de conversion et de maturation spirituelle. Au départ tous ne se situent pas au même point, loin de là. Le Père Raniero a su accueillir son auditoire en le respectant, permettant au gens de se retrouver et de se saluer au premier soir, présentant dès lundi matin le silence comme une exigence inhérente à une vraie retraite. Sans jamais cacher son adhésion et son appartenance au Renouveau charismatique, il nous a d'abord fait entrer dans la prière liturgique et nous a rompu le pain de la Parole avant de permettre des manifestations habituelles des rassemblements se déroulant sous la mouvance de l'Esprit. L'équipe de l'Alliance n'a fait qu'un avec lui en ce sens. C'est comme par la main qu'on nous a menés, du premier soir où nous arrivions fourbus à cause du voyage ou des célébrations de la fin de semaine, à cette soirée où l'équipe a prié sur chacun, où le chant en langues a éclaté, ou des prophéties ont fusé annonçant que des pasteurs étaient guéris de leurs blessures, renouvelés dans la grâce de leur sacerdoce, dynamisés dans leur audace pour dire la Bonne Nouvelle.

Les enseignements du prédicateur se sont développés selon deux lignes de force dont les deux textes qui suivent vont tenter d'esquisser la courbe: d'entrée de jeu, chaque entretien s'ouvrait par un commentaire du Veni Creator . Ensuite, le corps de l'exposé proposait un commentaire de la Lettre aux Romains de saint Paul, soit un résumé des pages essentielle de "La vie dans la Seigneurie du Christ". Entendre de vive voix ces paroles de feu, c'est tout autre chose que de les lire chez soi; c'est comme regarder la photo d'un parent ou d'un ami et le rencontrer en personne. Personne n'a regretté s'être imposé ce voyage vers Trois-Rivières.

Si jamais les résumés qui suivent vous laissaient sur votre appétit ou vous donnaient le goût de participer plus intimement à l'expérience de cette retraite, des cassettes audio et vidéo peuvent se trouver à l'Alliance.
COMMENTAIRES DE L'ÉPÎTRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS
Raniero Cantalamessa

Une retraite se veut d'habitude l'occasion d'un point de départ pour un changement, voire pour un renouveau radical. Le voici venu, se dit-on, le moment de passer du chaos au cosmos, du péché à la grâce, du régime de la chair à celui de l'Esprit! Le père Raniero entre d'emblée dans pareil projet: Et il nous guidera dans cette direction en s'inspirant de la lettre de saint Paul aux Romains. On voit à tort dans cet écrit un texte pour des théologiens, difficile et même dangereux parce que source d'hérésies... Or l'apôtre s'adresse à des illettrés; il leur propose l'Évangile, le pouvoir de Dieu pour sauver quiconque aura foi en Lui. Voilà bien le drame; on connaît Dieu mais on ne le reconnaît pas, on l'ignore dans le concret. Alors on se fait dieu soi-même, ou bien on se donne des dieux à son image, luxurieux comme Jupiter ou violents comme Mars.Le désordre moral découle de l'abandon de Dieu. Armé de l'audace divine, saint Paul arrache le masque du monde et du paganisme; pour nous en 1998, il met à jour les tenants et les aboutissements de la modernité et de la culture contemporaine. Mais l'Esprit, toujours à l'oeuvre, scrute les profondeurs de Dieu comme de l'homme: il révèle la bonté et l'amour de Dieu d'abord; puis dans sa lumière il amène à la conversion. Paul traite ensuite du jugement. Devant le Seigneur, nous sommes sans excuse, qui que l'on soit. Le second chapitre de la lettre nous amène à laisser l'Esprit arracher le masque au fond de notre idolâtrie; on découvre alors une forme ou l'autre "d'autolâtrie": on s'adore soi-même; l'image de Dieu-potier qui, de ses mains sur l'argile, façonne l'homme s'inverse: l'homme se fabrique un dieu de glaise... Horreur! S'impose donc une révolution copernicienne: Dieu doit retrouver sa place centrale. Teilhard de Chardin l'a bien dit: il faut se décentrer de soi pour se centrer sur Dieu. Désormais, on ne vit plus pour soi mais pour le Seigneur. Une méditation du psaume 130 (De profundis) peut faciliter pareille prise de décision.

Dans le troisième chapitre, Paul nous amène à ce coup d'audace que chacun doit oser dans sa vie: la justification par la foi. Or, il s'agit d'un thème oublié, mis en veilleuse, depuis la crise luthérienne; on n'enseigne plus cela... mais l'on insiste fort sur les bonnes oeuvres, l'observation de la loi et la pratique des vertus. Mais qu'y a-t-il de chrétien là-dedans? S. Augustin a saisi que la justice de Dieu s'identifie au Salut de Dieu. Cette justice gracie; elle produit un acte gratuit de miséricorde. Tel est le coeur du christianisme: par Jésus nous vient la grâce; notre religion en est une du don, non du devoir! Ce message vient directement de l'évangile; il en constitue précisément la bonne nouvelle. Pour les juifs, la conversion se vivait comme un retour à la Loi, à l'observance de l'Alliance; avec Jésus, plus question de retourner en arrière mais plutôt d'un bond en avant: croire en l'Évangile; prendre la ferme décision de la foi. Voilà pourquoi Jésus nous invite à demander à la façon des enfants, en tablant non sur nos mérites ou sur des droits acquis mais sur l'amour de Dieu pour nous. Notre titre de gloire se trouve non du côté de nos mérites ou de notre valeur personnelle mais uniquement dans la miséricorde de Dieu, dans la croix du Christ et dans notre baptême. Pourquoi s'entêter à s'accrocher à la loi, à des normes strictes alors que nous est proposée cette échelle mobile de la foi; où que vous en soyez, elle vous mène directement au Salut. Rappelons-nous donc du bon larron!

Venons-en à la passion du Christ, élément inséparable, inhérent au kérigme. Celui-ci n'est pas un résumé; il constitue l'annonce de la foi; la voici, l'épée de l'Esprit qui perce les coeurs! Paul évoque pour les Romains la passion non dans sa réalité crue mais comme la preuve que Dieu nous aime. Et le père Raniero de nous entraîner sur un chemin de la croix réduit à trois stations: d'abord Gethsémani.Jésus s'y trouve accablé d'un désarroi sans fond; seul, d'une solitude infinie, il accepte de boire la coupe du vertige, celle de la colère de Dieu. Là, il s'est vu écrasé par le poids de nos fautes, il s'est vu lui-même "péché", lui l'innocent sans tache! Et la douleur la plus terrible qu'il éprouve alors provient de son éloignement du Père, son Père... L'issue de ce drame ne se trouvera pas dans une catastrophe comme dans une tragédie grecque mais plutôt dans un acte d'obéissance: "Père, non pas ce que je veux, moi, mais ce que tu veux, toi!" Sachons que ce n'est pas la mort, le décès de Jésus qui apaise la colère de Dieu, mais bien son obéissance, l'acceptation filiale du Verbe fait chair. La seconde station nous mène au prétoire de Pilate. Jésus a les mains liées; il a renoncé à sa liberté; il se trouve incapable d'aucun mouvement... Et quel usage faisons-nous de notre liberté? Et si jamais il m'arrive de me retrouver immobilisé, comment vais-je réagir? Céder au désespoir? M'associer à Jésus ligoté?... Troisième station, le Calvaire.Pendu à la croix, Jésus est devenu malédiction, excommunié... Il se sent totalement coupé de Dieu. "Comme il fut pénible, ô Dieu, de supporter alors ton silence!" Du sein de cette nuit d'encre jaillit un cri prélude de la victoire: "Père, entre tes mains, je remets mon esprit." Obéissance, jusqu'au dernier souffle. La passion du Christ, voilà notre oeuvre. Si j'ai péché, j'ai ma part de responsabilité dans ce drame. Pierre le déclare au jour de Pentecôte: "Vous l'avez crucifié!" Heureusement, Jésus étant mort pour nos péchés, il est ressuscité pour notre justification.

Paul présente ensuite le contenu du Salut: la libération du péché, de la mort et de la Loi et surtout cet aspect positif qu'est la vie dans l'Esprit. On trouve au huitième chapitre de l'épître l'exposé le plus complet sur l'Esprit dans tout le Nouveau Testament. L'Esprit est le principe de la nouvelle Alliance comme la Loi soutenait l'ancienne. La Loi avait été donnée à Moïse sur le Sinaï cinquante jours après le passage de la Mer Rouge comme l'Esprit sera répandu sur les Apôtre cinquante jours après la résurrection de Jésus. Mais alors que la loi juive était inscrite sur des tables de pierre, celle du Christ s'inscrit dans les coeurs. Principe d'une vie nouvelle, l'Esprit amorce une façon nouvelle de prier. Laissés à nous-mêmes, mauvais, nous demandons mal des choses mauvaises (en latin: "mali male mala"). La Bible sera toujours la meilleure école de prière; elle propose déjà dans l'Ancien Testament une galerie de priants exemplaires: Abraham, Moïse, Job, les psalmistes... Le ressort, le secret de leur prière vient de ce qu'ils ont Dieu à coeur; leur coeur bat pour Dieu. Dans le Nouveau Testament, on trouve en Jésus l'homme de prière par excellence; il prie tout le temps; mais cela se dit en un demi-verset alors que le reste du chapitre rapporte ses gestes, la réaction des juifs et cela absorbe notre attention. Ce qui nous est donné, ce n'est pas d'abord un ou des modèles de prière mais son principe même, l'Esprit Saint répandu en nos coeurs, l'Esprit même de Jésus qui prie en nous "Abba!", "Père!" L'aridité peut survenir; c'est une épreuve qui va nous purifier au même titre que la surdité qui n'a pas stérilisé le génie musical de Beethoven mais l'a plutôt épuré. Pensons à l'"Hymne à la joie". Prêtre, nous avons à cultiver spécialement la prière d'intercession, à présenter au Seigneur les misères d'un chacun, parler non de soi mais des centaines, des milliers de personnes confiées à notre ministère. A la manière de Moïse et comme Jésus, nous prendrons dans la prière la défense du peuple , mais devant ce dernier nous prendrons celle de Dieu! A l'origine de l'Église, Pierre institue les diacres pour se réserver à la prière et au service de la Parole. Par là il nous parle encore aujourd'hui: la prière s'impose comme une priorité dans la vie d'un pasteur.

A partir du chapitre 12, Paul devient très pratique et concret; il exhorte et détaille une liste des fruits de l'Esprit, ces oeuvres de lumière rendues possibles par la rédemption du Christ. Après avoir mentionné l'humilité et l'obéissance, l'apôtre invite à garder la pureté parce que Jésus est Seigneur de nos vies et de nos personnes. Le père Raniero nous propose ici de redécouvrir la joie de notre situation de célibataires, d'"eunuques" pour le Royaume. De même que le Royaume de Dieu n'abolit pas l'État mais le relativise et le situe, le célibat consacré n'abolit pas le mariage mais le situe comme une façon parmi d'autres de vivre le Royaume. Il nous permet de vivre déjà maintenant dans ce qui sera la situation finale. Ce ne signifie pas que l'état de virginité soit ontologiquement plus parfait mais eschatologiquement plus avancé que le mariage. Au sein du peuple, nous avons un rôle d'éclaireurs, d'avant-garde; par nous, le royaume est déjà là; le célibat revêt un caractère prophétique, donc apostolique et missionnaire. Alors il sera fécond. Ne nous appelle-t-on pas "Père"? Ne désignait-on pas Soeur Teresa comme "Mère"? N'y aurait-il pas là bien plus que des titres, des étiquettes de convenance? Dans sa première lettre aux Corinthiens, Paul souligne que cet état garde "libre pour le Seigneur". Attention! Il ne s'agit pas de s'adonner à la bonne et saine gestion des biens ecclésiastiques mais toujours et d'abord à la prière et au service de la Parole. Comment le vivre? Considérons-le comme un don, non pas un "cadeau" que je ferais à Dieu, mais comme un charisme que, lui, il m'octroie et que j'accepte avec joie, dans l'humilité et la liberté; comme tout charisme, il est donné pour le bien de la communauté; il ne me coupe ni ne m'isole de celle-ci mais il m'ouvrira à elle et me situera en son coeur.

L'épilogue de l'épître en manifeste le caractère missionnaire. Paul se décrit comme serviteur de Dieu et apôtre par vocation. Il a écrit cette lettre quelques mois seulement après son échec cuisant à Athènes. Il rédige non pas une oeuvre de théologie mais il façonne un outil d'évangélisation. Il expédie un "rouleau" que l'on puisse manger, pas seulement étudier. Refaits par cette nourriture, nous sommes désormais envoyés par le père Raniero sous l'impulsion de l'Esprit de Jésus: "Maintenant, je t'envoie... Découvre l'urgence, la grandeur, la beauté et la dignité de la mission d'évangéliser."

Le père Raniero donna ensuite son témoignage; comment l'Esprit a fait de lui, un professeur établi et installé, un prédicateur itinérant; comment l'Esprit s'est emparé de lui, un religieux et un savant, convaincu de posséder la vérité et de n'avoir pas besoin que des laïcs prient sur lui, et surtout pas en langues... Mais le Paraclet eut son heure. Puisse-t-il nous arriver à chacun des grâces semblables! La retraite se termina donc avec un ministère de prière exercé par les membres de la communauté de l'Alliance. Suivit la prière pour demander l'effusion et fusèrent les prophéties, le chant en langues et des annonces de guérisons. Le Seigneur refait ses pasteurs. L'Église ne mourra pas; dans la lumière du Christ ressuscité,elle a un bel avenir.

Paul-Émile Vignola, ptre.


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Dernière mise à jour 22 décembre 1998

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