Quand foi et amour se donnent la main
L'abbé Paul-Émile Vignola



La foi nous donne à connaître Dieu et sa volonté. Sur les chemins de la vie, elle nous fournit une orientation, une direction. Qui croit a trouvé un sens à sa vie ; il poursuit un but qu'il est impatient d'atteindre. On ne rencontre Jésus, Seigneur et Sauveur, que sur le chemin de la foi. Sans elle, on ne verra en lui qu'un réformateur, un prophète, un inspiré ou un grand esprit ; voilà le regard porté sur Jésus par bon nombre de nos contemporains ; intrigués par ses paroles qu'ils ne comprennent pas, ils ne peuvent saisir le mystère de sa personne.

L'amour qu'on a au cœur pour Dieu et le prochain assure le dynamisme de l'existence chrétienne. Sans un ardent amour de Dieu et de Jésus, comment entreprendre une aventure qui s'étale non seulement sur des années, mais sur des décennies, voire près d'un siècle et parfois même un peu plus... ?

L'amour rend attentif à l'autre dont on devinera les besoins et les attentes, le désarroi ou la détresse. Et la foi me dit que celui que j'accueille ou relève, que j'écoute ou que je soigne a le visage de Jésus dans ma vie aujourd'hui. Si la foi me permet de connaître ou de reconnaître Jésus, c'est l'amour qui me donne la force de le suivre et d'appliquer dans ma vie les consignes de l'Évangile. " Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole " (Jn 14, 23), nous dit Jésus au soir de sa passion.

Dans sa Lettre Apostolique pour le Nouveau Millénaire, Jean-Paul II nous invite à la suite du Christ à " avancer au large ", en eaux profondes. On ne pourra relever ce défi sans que notre barque ne soit dotée d'un bon gouvernail, la foi de l'Église reçue des Apôtres et transmise de génération en génération jusqu'à nous, et d'un puissant moteur, " l'amour répandu en nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous fut donné " (Rm 5, 5). À défaut de moteur, on dressera une voile. Le vent de l'Esprit y soufflera avec puissance et nous mènera là où nous n'aurions jamais pensé aller ; et cela se fera pour notre émerveillement et pour l'avènement du règne de Dieu. La foi nous fait alors souvenir des paroles de Jésus : " Nous sommes des serviteurs quelconques " (Lc 17, 10). L'œuvre de l'évangélisation à laquelle nous nous trouvons associés demeure celle de Dieu, jamais la nôtre.

La dernière conférence du père Alexandre Men, prononcée la veille de son assassinat, avait comme thème : Le christianisme ne fait que commencer. Rien de plus vrai, hé-las, vingt siècles après la naissance de Jésus ! La Bonne Nouvelle de l'Évangile, le contenu de la foi, échappe encore à deux personnes sur trois. C'est un ardent amour pour Dieu, pour ces frères et sœurs qui languissent encore dans les ténèbres de l'erreur ou de l'ignorance, qui donnera l'enthousiasme et le goût de ne pas baisser les bras devant les maux et les désordres du monde ni devant l'immensité de la tâche qui s'impose. Aux missionnaires du troisième millénaire, la foi dit qu'ils ne sont jamais seuls : Jésus travaille toujours comme son Père ; et l'Esprit saint agit sans cesse non seulement au sein de l'Église mais chez tous les enfants d'Adam et Ève dispersés sur la face de la terre et qui ont tous été façonnés à l'image et à la ressemblance de Dieu.

L'union de la foi et de l'amour prévient certains égarements. Des croyants peuvent être si convaincus d'être dans la vérité qu'ils ne peuvent tolérer qu'un autre ne partage pas leur foi. C'est alors le règne du " Crois ou meurs ! ", la porte ouverte à l'intolérance ou la mise en place de l'inquisition. L'amour du prochain, qui ressemble à l'amour de Dieu à notre égard, va nous amener à respecter l'autre dans ses convictions profondes, à lui laisser tout le temps pour que la lumière parvienne à son esprit ou que la grâce touche son cœur.

Rappelons-nous la parabole de l'ivraie semée avec le bon grain, ou bien Jésus qui réprimanda Jacques et Jean qui voulaient faire descendre le feu du ciel sur ce village de Samaritains qui n'avaient pas voulu accueillir Jésus sur le chemin de Jérusalem.

Le don de la foi nous vient au baptême. Au terme d'une formation chrétienne " normale ", la plupart des croyants parviendront à dire convenablement leur foi. Mais, entre la foi professée et la charité réalisée, il y a souvent un long chemin à couvrir. Les apôtres ont cru en Jésus dès le jour où ils ont répondu à son appel de le suivre. Ce n'est qu'au matin de la Pente-côte que l'amour de Dieu les saisit pour en faire des témoins au cœur de feu.

Si le monde fait maintenant autant de reproches aux croyants, c'est à cause du large fossé qui subsiste entre ce qui est professé et ce qui est accompli par nous. Mériterions-nous d'être qualifiés de " grands parleurs et petits faiseurs " ? Plutôt que de juger et condamner, mieux vaut reconnaître d'abord notre péché et notre faiblesse, soit notre maigre bilan. S'inspirant ensuite de la consigne du sage " Deviens ce que tu es ! ", on s'emploiera à mettre en œuvre le " projet de société " élaboré par Jésus dans le Sermon sur la montagne. Confrontés aux résistances de la réalité et nourris de la Parole de Dieu, nous découvrirons que si, de fait, le christianisme ne fait que commencer, cela vaut mille fois la peine de s'y mettre à fond. Comment dire non à la déclaration d'amour qui nous est communiquée par Jésus de la part de son Père ?



L'abbé Paul-Émile Vignola est répondant pour le Renouveau charismatique du diocèse de Rimouski. Il est aussi membre du Comité de rédaction de Selon Sa Parole.



Magazine SELON SA PAROLE (QUÉBEC) traitant de questions reliées à la spiritualité, l'évangélisation, l'éducation de la foi et la vie en Église
Selon Sa Parole sept. oct. vol. 27 numéro 4


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Dernière mise à jour 16 octobre 2001

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