Noël, une fête pour le Père, le Fils et l'Esprit saint...

par Paul-Émile Vignola

La crèche de Noël nous rappelle la naissance de Jésus, fils de Marie, à Bethléem. Cependant, l'Écriture et la liturgie de l'Église nous font accéder, par-delà l'épisode du champ des bergers, à un mystère beaucoup plus vaste. Si Jésus, le Fils de Dieu fait chair, vient au monde, son Père, origine de toute chose, a l'initiative de cet événement de Salut. Enfin l'Esprit saint joue un rôle considérable dans l'incarnation du Seigneur.

L'initiative du Père

Dans son entretien avec Nicodème, Jésus lui déclare : " Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle " (Jn 3, 16). À la suite du ratage survenu aux premiers jours avec Adam et Ève, le Créateur avait prédit à Satan qu'un fils de la femme lui écraserait la tête. Il passe maintenant à l'action et reprend l'initiative sur l'Adversaire : " Quand vint la plénitude des temps, Dieu envoya son Fils, né d'une femme, né sujet de la Loi, afin de nous conférer l'adoption filiale " (Ga 4, 4-5).

Dans l'Évangile de saint Luc, si un ange annonce aux bergers la naissance d'un Sauveur, la troupe de l'armée céleste qui se joint à lui chante : " Gloire à Dieu... ". Ces êtres spirituels, d'une intelligence tellement plus vive et pénétrante que la nôtre, rendent au Père l'hommage qui lui revient.

La liturgie de Noël permet de célébrer trois messes : celle de la nuit, celle de l'aurore et celle du jour. Cette dernière nous fait lire à l'évangile le prologue de saint Jean. Ce texte proclame la naissance du Verbe, engendré de toute éternité par le Père : " Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. Il était dès le commencement avec Dieu. Tout a été fait par lui et sans lui, rien ne fut fait " (Jn 1, 1-3). Un disciple de saint Augustin, Fulgence de Ruspe, nous a légué le commentaire suivant : " Du fait même que c'est par ce Verbe que le Dieu tout-puissant fit toute chose, il ressort clairement qu'il a engendré ce Verbe et ne l'a pas fait lui aussi. Ce Verbe est donc Dieu de Dieu, Créateur issu d'un Créateur ".

Quand naît un enfant, on félicite la mère, mais sans oublier l'heureux papa. Dans le cas de Jésus, resplendissement de la gloire de son Père et représentation exacte de ce qu'est Dieu (Hé 1, 3), il n'y a pas lieu d'hésiter ; joignons vite le concert de louange des anges !

Le Verbe s'est fait chair

Si nous n'y étions pas habitués, pareille affirmation ferait sursauter. C'est aussi étonnant que de soutenir que la lumière s'est fait nuit ; la Parole se fait enfant (in-fans : qui ne parle pas) ; elle s'enferme dans le mutisme du bébé naissant et du mineur qui n'a pas voix au chapitre. Lui qui est Dieu, il accepte de se rendre frêle, dépendant, sujet à la souffrance et à la mort. Les cadeaux que lui offrent les mages venus d'Orient manifestent bien, par leur symbolisme, la personnalité de ce nouveau-né : on brûle l'encens pour honorer Dieu ; l'or revient au roi du ciel et de la terre et la myrrhe, utilisée pour embaumer les morts, annonce déjà la sépulture de celui qui est encore au berceau.

Saint Paul célèbre le mystère en ces termes : " Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu. Mais il s'anéantit lui-même, prenant la condition d'esclave, et devenant semblable aux hommes " (Ph 2, 6-7). Le Fils de Dieu n'a pas renoncé à sa nature divine, mais il s'est dépouillé de la gloire qu'elle lui vaut. Vidé de la gloire, il adopte au milieu de nous un " profil bas ". Une fois seulement, au sommet du Thabor, lors de la transfiguration, cette gloire divine rejaillit sur son humanité. Dans sa seconde lettre, saint Pierre en parlera encore avec beaucoup d'émotion plusieurs années après l'événement.

À ce nouveau-né, Joseph, l'époux de Marie, donne le nom de Jésus selon une directive reçue du ciel en songe. Ce faisant, il assume au yeux des hommes la paternité de l'enfant conçu de l'Esprit. En langue hébraïque, ce nom signifie " Dieu sauve ". Il indique bien la vocation, la destinée de celui qui le reçoit. Même s'il ne le porte pas, le nom d'Emmanuel, " Dieu avec nous " dont parle le prophète Isaïe, révèle également la grandeur de sa personne.

Le rôle de l'Esprit

Dès les premières pages du Nouveau Testament, soit dans les évangiles de l'enfance qu'on lit chez Luc et Matthieu, il est question de l'Esprit saint. En Matthieu, il est écrit que Marie, avant d'avoir mené vie commune avec Joseph, " se trouva enceinte par le fait de l'Esprit saint " (Mt 1, 18). Quelques versets plus loin, un ange parle dans un songe au fiancé perplexe : " Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme : car ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit saint " (Mt 1, 20). Chez saint Luc, c'est à Marie qu'apparaît l'ange Gabriel ; il lui annonce qu'elle va enfanter un fils. Étonnée, elle demande comment cela se pourra faire " puisqu'elle ne connaît pas d'homme " (Lc 1, 34). L'envoyé du ciel lui répond : " L'Esprit saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre : c'est pourquoi l'être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu " (Lc 1, 35). L'incarnation du Verbe dont nous avons parlé plus haut s'est accomplie par l'action de l'Esprit, lui qui voletait sur les eaux au début du monde et qui viendra sur les Apôtres à la Pentecôte. Il se révèle ainsi à l'origine de toute nouveauté importante dans l'histoire du Salut.

" C'est le propre de l'Esprit, lorsqu'il touche un cœur, d'en chasser toute tiédeur. Il aime la promptitude, il est ennemi des délais, des retards dans l'exécution de la volonté de Dieu... " (saint François de Sales). Marie partit donc en hâte vers la maison d'Élisabeth enceinte de six mois déjà. Dès qu'elle en franchit le seuil, la demeure s'en trouva comblée de joie : Élisabeth prophétisa, l'enfant, le futur Jean-Baptiste, tressaillit dans son sein et la visiteuse, débordant d'allégresse, entonna le Magnificat, cet admirable chant de louange et d'action de grâce au Seigneur.

À nouveau, lors de la présentation de Jésus au temple selon les prescriptions de la Loi de Moïse, l'Esprit saint se manifeste avec éclat chez le vieillard Syméon qui prend le nouveau-né dans ses bras. Origène, un père de l'Église, commente ainsi l'épisode dans une homélie : " Considérez les grands événements qui ont préparé Syméon à mériter de tenir le Fils de Dieu. Il avait d'abord été assuré par le Saint-Esprit qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Christ du Seigneur. Puis, il vint au temple non point par hasard ni ingénument, mais poussé par l'Esprit de Dieu. Tous ceux qui se laissent conduire par l'Esprit de Dieu sont les enfants de Dieu (Rm 8, 14). L'Esprit saint le mena donc au temple. Toi aussi, si tu veux tenir Jésus, le serrer en tes bras et mériter de sortir de ta prison, efforce-toi de tout ton cœur de suivre l'Esprit et de te laisser conduire au temple de Dieu... Si tu viens au temple sous la conduite de l'Esprit, tu trouveras l'Enfant Jésus, tu l'élèveras dans tes bras et tu diras : maintenant, ô Maître, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s'en aller en paix. Remarque ici que la paix s'ajoute à l'affranchissement, à la délivrance ; car Syméon ne dit pas : " je veux m'en aller " ; mais il ajoute : " m'en aller en paix " ". La joie et la paix, fruits de l'Esprit, en révèlent l'action, aussi puissante que discrète, dès les premiers mois de la vie sur terre du Verbe fait chair.

Gloire à la Trinité

Le temps de Noël célébre le grand mystère de l'incarnation du Fils de Dieu et c'est lui qui est honoré. Mais les liens d'amour, de vie divine et d'action salvatrice sont tellement tissés serré entre le Père, le Fils et leur Esprit commun qu'on ne peut exalter l'une des Personnes sans fêter les autres. En ces jours de liesse comme tout au long de l'année, il convient de chanter avec tout son cœur : " Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, au Dieu qui est, qui était, et qui vient, pour les siècles des siècles. Amen. Alléluia ! "



L'abbé Paul-Émile Vignola est répondant pour le Renouveau charismatique du diocèse de Rimouski. Il est aussi membre du Comité de rédaction de Selon Sa Parole.






Magazine SELON SA PAROLE (QUÉBEC) traitant de questions reliées à la spiritualité, l'évangélisation, l'éducation de la foi et la vie en Église
Selon Sa Parole novembre-décembre vol. 26 numéro 5


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Dernière mise à jour 22 décembre 2000

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