DES TÉMOINS POUR NOTRE TEMPS

De nos jours encore, des jeunes et moins jeunes cherchent à orienter leur vie vers quelque chose de beau, de bien, de grand et d'utile.

Cette rubrique souhaite piquer au vif l'intérêt de chacun, et contribuer à la découverte que la sainteté, dans l'Église de Jésus, est aussi un appel pour notre temps.

N.D.L.R.

ÉLISABETH DE LA TRINITÉ (1880-1906)

François Provençal

Nous entendons souvent parler de la petite sainte de Lisieux, dont c'était d'ailleurs le centenaire de la mort cette année. Je vous propose aujourd'hui de découvrir ou de redécouvrir une carmélite contemporaine de Thérèse, et dont le message spirituel rayonne comme un phare. Il s'agit d'Élisabeth de la Trinité. Si son rayonnement est un peu moins visible que celui de la petite Thérèse, Élisabeth nous offre un message complémentaire plein d'espérance.

UNE PETITE FILLE DIFFICILE

Élisabeth Catez (la future Élisabeth de la Trinité) naît le dimanche matin 18 juillet 1880, «au camp militaire d'Avor, commune de Farges-en-Septaine (Cher), où son père le capitaine Joseph Catez, du 8e Escadron du train d'équipages, est en garnison». La venue de la petite Élisabeth ne se fera pas sans effort. La mère souffre pendant près de trente-six heures pour donner la vie à une petite fille pleine de santé. Élisabeth sera baptisée le 22 juillet suivant. Quelques mois après sa naissance, c'est le premier déménagement pour Auxonne (Côte d'Or), où le capitaine Catez est en garnison avec ses compagnons d'armes.

La petite Élisabeth grandit vite et se révèle être une petite fille entêtée et colérique. Un nouveau déménagement le 1er novembre 1882 et la naissance d'une petite soeur, Marguerite en février 1883 n'arrangent pas les choses! Élisabeth apparaît encore plus terrible à côté de Marguerite qui est un ange!

Deux événements viendront radicalement transformer la petite Élisabeth: le décès de son grand-père maternel en janvier 1887 et le décès de son père en octobre de la même année. Ces deux événements tragiques viendront bouleverser la vie d'Élisabeth: nouveau déménagement (à Dijon) mais surtout une conversion, une lutte contre soi.

UN CHANGEMENT RADICAL

L'absence d'un père qu'elle aimait beaucoup sera pour Élisabeth une occasion de lutter contre son terrible caractère. Quelques mois après ces événements tragiques, Madame Catez note un changement radical chez Élisabeth: elle se contrôle beaucoup mieux, elle est moins colérique. Parallèlement à ces changements, l'Esprit inspire une vocation religieuse à la petite de sept ans. Elle en fera confidence au Chanoine Angles, un chanoine, ami de la famille. La mère n'est pas vraiment enchantée par cette idée de vocation, elle qui vient de perdre son père et son époux: elle voudrait bien garder ses deux filles pour elle-même.

Madame Catez va donc «initier» ses filles aux «mondanités» de Dijon via le piano, où Élisabeth excelle (1er Prix du Conservatoire de Dijon en 1894 et plusieurs autres prix). Élisabeth participe donc à des voyages, fêtes mondaines, visites, concerts de salon, bref tout le décorum baroque des milieux mondains du XIXe siècle. Durant ces années, elle vivra intensément le sacrement du pardon et sa première communion. Elle fera également un voeu privé et perpétuel de virginité 14 ans! Un projet de vie naît dans son coeur: devenir carmélite.

Ce projet est rapidement découvert par Madame Catez qui lui refuse l'entrée en religion avant l'âge de 21 ans. Ce sera là une douloureuse épreuve pour Élisabeth qui en parlera souvent avec ses nombreuses amies et sa soeur. Dans les faits, elle se prépare déjà au Carmel, tout en demeurant dans le monde... Elle s'implique généreusement dans sa paroisse (Saint-Michel de Dijon) auprès des enfants pauvres et de la chorale.

LE CARMEL

Finalement Madame Catez donne son accord pour qu'Élisabeth puisse entrer au Carmel. C'est le 2 août 1901 qu'Élisabeth fait son entrée. L'émotion est palpable parmi la foule réunie dans la chapelle du Carmel de Dijon. Élisabeth est très heureuse, elle est en paix. La première année au Carmel se déroule dans la joie et le bonheur tant au plan humain que spirituel.

L'année du noviciat se déroule dans l'obscurité spirituelle. Élisabeth prend contact avec les écrits de Jean de la Croix et les épîtres de Paul. Elle écrira beaucoup tout au long de sa vie. Nous avons encore aujourd'hui près de 83 lettres écrites avant 1901 et 259 lettres écrites après sont entréeS au Carmel: c'est beaucoup si l'on considère qu'elle ne demeura que cinq années au Carmel! Dans ses écrits elle raconte son cheminement spirituel et la conscience qu'elle a de la présence de Dieu au plus profond de son âme.

MALADIE ET MORT

C'est d'ailleurs grâce à cette présence qu'elle sera capable de poursuivre l'offrande de sa vie lorsque la maladie d'Addison (incurable alors) la ravagera complètement au début de novembre 1906. Durant les neuf mois où elle sera alitée à l'infirmerie, elle trouvera la force d'écrire quatre traités spirituels qui contiennent les points essentiels de sa doctrine sur l'habitation de la Trinité en nous. Autant d'écrits qu'elle laissera à sa soeur, à sa mère supérieure et à une amie intime. C'est sans soulagement médical, dans la faim et l'épuisement qu'elle s'éteint au matin du 9 novembre 1906. Elle nous laisse en héritage un nombre très impressionnant de lettres, de traités spirituels, de poèmes, de notes intimes et quelques photographies. Ces écrits nous la rendent encore plus proche, dans le Christ, son Époux et son «Maître» comme elle aimait le nommer.

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NOTE D'AUTEUR



François Provençal, est marié et habite Québec. Il est étudiant à la maîtrise en théologie. Il est agent de pastorale militaire auprès du 6e Régiment d'artillerie de Campagne de Lévis et enseignant de religion et morale à la Commission scolaire de Charlesbourg.

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