Jésus est vivant. L'actualité de Jésus pour le monde d'aujourd'hui est aussi vraie qu'elle le fut au début de l'Église: "Jésus est le même hier, aujourd'hui et à jamais." Mais il nous faut l'Esprit pour lire comme Jésus la volonté du Père qui se réalise aujourd'hui comme elle se réalisera demain et à jamais.

L'Esprit de Jésus est visible dans le monde aujourd'hui, dans les aspirations et les besoins qui habitent ce monde.

L'ASPIRATION A LA VIE.

Notre monde désire une vie de qualité, la réalisation de soi en plénitude. Le Créateur aussi l'a voulu: "Je suis venu pour que vous ayez la vie en abondance". Pourtant notre monde vit aussi de la mort: suicide, avortement, euthanasie, au nom de la qualité de la vie! On veut le bonheur, le sien, mais sans le don de sa propre vie qui est le seul chemin du bonheur.

L'ASPIRATION A LA JUSTICE

On cherche des solutions aux conflits. La charte des droits vaguement imprégnée des valeurs de l'Évangile affirme l'égalité des humains, et le droit à la justice, à la santé et à l'éducation... Nous collaborons ainsi à l'acte créateur, acte de justice, de liberté, de joie. Mais malgré notre aspiration à la justice, nous acceptons de sacrifier le droit au travail pour plaire au capital.

L'ASPIRATION A L'AMOUR

Notre société recherche l'amour. Mais notre monde ne veut pas d'un amour qui donne mais qui prend. Dans la Parole de Dieu, "amour et vérité se rencontrent". Dieu non plus ne veut pas que l'amour brime et emprisonne. "Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime". Jésus, Sauveur du monde, qu'habite en nous l'amour vrai.

L'ASPIRATION A LA LIBERTÉ

Dieu veut pour nous la liberté des enfants de Dieu. Mais notre société défend les droits individuels, le "droit du moi" aux détriment des droits sociaux; dans sa défense des droits toutes les valeurs sont sur le même pied.

L'ASPIRATION A UNE VIE SPIRITUELLE SIGNIFIANTE.

Dieu aime celui qui le cherche. Notre société, matérialiste, en recherche de sens, accepte des esclavages de toutes sortes, des maîtres qui briment la liberté, et refuse aussi de considérer son héritage chrétien.

Certes, la présence agissante de l'Esprit qui interpelle une ouverture au salut apporté par l'unique Sauveur est là saisissable. Mais notre société a besoin d'apprendre du Sauveur comment utiliser pour son vrai bonheur.

L'ATTRAIT DU NOUVEL AGE

Une grande partie de nos contemporains manifeste par leurs paroles et dans leurs choix, le refus de la foi, le refus de l'Église, le refus de l'Évangile puisque nous entrons dans l'ère du verseau; donc l'ère du poisson est finie.

JÉSUS-CHRIST EST-IL DÉPASSÉ?

Pourtant, "Jésus est l'unique Sauveur, l'unique Seigneur, aujourd'hui": dans ce monde, Jésus est celui qui a le plus d'avenir, la communauté de ses disciples, le groupe humain le plus prometteur. Le croyons-nous?

Des personnes de toutes "races, langues, peuples et nations", des personnes de toute religion, de tout mode de vie habitent parmi nous: des valeurs de partout font des racines au milieu de nous. Il faut ajouter aussi un phénomène, nouveau dans l'histoire de l'humanité: hier encore, les conceptions de Dieu pouvaient diverger, mais Dieu n'était pas remis en question ni son lien avec le monde. Pour la première fois de l'histoire, de grands pans de la population vivent comme si Dieu n'existait pas. Ou encore on magasine une spiritualité comme on choisit une conception de Dieu, un bien de consommation.

L'évangélisation aujourd'hui doit aussi tenir compte de la poussière et des accrocs que tant de générations chrétiennes ont fait subir au message de Jésus.

Devant l'état des faits évoqués, foi et espérance s'appuient sur les promesses de Jésus: "Je suis avec vous tous les jours pour toujours jusqu'à la fin des temps" (Mt 28,20).

L'Église a souvent imposé des valeurs et parfois, des intérêts qui n'étaient pas toujours évangéliques. L'Évangile révèle la vérité sur l'homme, mais ne l'impose pas. L'effritement de la foi que l'on constate, c'est l'aveu que l'unanimité chrétienne était plus extérieure que réelle. Nos convictions chrétiennes n'ont pas à devenir des lois contraignantes pour tous.

IMPACT CULTUREL DE L'HÉRITAGE CHRÉTIEN

Nous n'avons pas cependant à accepter la disparition de notre héritage culturel et social. Nous n'avons pas à accepter un bouleversement social qui permet à chaque personne ou chaque groupe dans la société d'imposer ses vues à l'ensemble. Je crois que, comme société issue du christianisme, nous avons à défendre l'héritage chrétien qui a construit notre civilisation démocratique. Cette civilisation est une richesse pour toute l'humanité. La civilisation occidentale pétrie de christianisme fait partie du patrimoine de l'humanité. Les chrétiens devraient avoir un engagement social et politique beaucoup plus grand, se donner une formation en lisant les écrits sociaux du pape, des évêques et des philosophes chrétiens. C'est notre responsabilité de collaborer avec Jésus Sauveur, aujourd'hui.

Notre vécu chrétien au cours des siècles et aujourd'hui, jette le discrédit sur Jésus et son évangile. C'est la qualité du vécu évangélique des premiers chrétiens qui a contribué à l'expansion rapide du christianisme dans la société païenne. Bien sûr, c'est Dieu qui s'occupe de faire grandir son Église, mais il se sert de nous. L'évangile se propage avant tout à travers des communautés chrétiennes, par de chrétiens.

La difficulté de trouver des voies d'évangélisation ne vient pas du Christ mais des chrétiens. Le Renouveau charismatique, cadeau de Dieu, est un lieu ouvert à l'Esprit pour accueillir ce qu'il a à nous dire aujourd'hui sur les voies d'évangélisation. L'Église, c'est le Corps visible du Christ, sa voix, son coeur, ses bras.

NOUS SOMMES LE SEL DE LA TERRE

La prière quotidienne, la méditation de la Parole, le ressourcement fréquent à l'Eucharistie, notre conversion renouvelée par le sacrement du pardon sont nécessaires pour garder notre saveur.

Si le fait d'être minoritaires rend pénible notre vie de chrétiens, si nous perdons notre originalité de levain, nous empêchons le monde de "lever". Etre, immergés parmi tous, présents à toutes les réalités de notre milieu, le levain humble et caché, telle est notre vocation. Aujourd'hui, c'est le temps de la foi en l'action de Dieu qui agit à travers nous, à travers la sainteté de nos vies et à travers notre engagement d'amour envers nos frères. Nous sommes vieux, minoritaires, cherchant malhabilement comment rendre Dieu présent. Et il nous revient de "faire des disciples de toutes les nations".

LE ROYAUME EST A L'OEUVRE

Jésus vit dans l'actualité, il est toujours à l'oeuvre. Son Royaume est un royaume agissant. Peut-on le voir à l'oeuvre? Jésus dit: "J'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, entrez dans le Royaume préparé par mon Père". Le Royaume est à l'oeuvre car chrétiens nous ouvrons nos coeurs, nos bourses, nos bras à Jésus qui a faim, qui a perdu sa maison, qui vit dans la rue, qui est en prison.

Nous collaborons au Royaume aujourd'hui, avec des frères et des soeurs qui ne sont pas des disciples "officiels" du Christ, ceux-là qu'un grand théologien d'aujourd'hui, Karl Rahner, appelle "les chrétiens anonymes". Nous travaillons ensemble avec le Père, avec Jésus, avec l'Esprit, à construire le Royaume de Dieu en mettant notre espérance dans la vie éternelle, saisis par Dieu, pour une joie que personne ne peut ravir.

Les premiers chrétiens étaient reçus par un grand nombre, mais persécutés par d'autres. Ils ont continué à témoigner et par leur vie "rendre compte de l'espérance qui les habitait". Leur vocation est aussi la nôtre. Elle nous appelle à consacrer le monde par notre présence priante, par l'offrande de nous-mêmes.

Le Renouveau charismatique dans sa mission particulière demande à l'Esprit de révéler à l'Église ses chemins, qui nous sont connus à mesure qu'il veut bien les révéler et qui peuvent être surprenants. Ils sont à la fois anciens et radicalement nouveaux. Notre prière demande que l'Église tout entière développe un climat d'ouverture aux chemins de l'Esprit. Les groupes charismatiques doivent être des communautés vivantes, fraternelles, "des lieux du pardon et de la fête".

JÉSUS EST L'UNIQUE RÉPONSE

Jésus est l'unique réponse au vide de sens, unique modèle humain auquel l'être humain puisse s'identifier pour se réaliser en vérité. Il n'y a que lui pour notre vie personnelle, le seul que nous puissions proposer sans tromper l'autre. Que les gens de notre monde le sachent ou non, Jésus ressuscité réalise son Royaume jusqu'à ce qu'il soit "en tout et en tous". C'est le "mystère de la foi" en train de s'accomplir, au-delà de ce que nos yeux voient et ce, à l'intérieur de toute la réalité humaine.

Devant ce défi d'un monde qui veut se construire sans Dieu, aurons-nous assez d'amour pour donner notre vie? Jusqu'où sommes-nous prêts à aller par lui, avec lui et en lui?