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Magazine SELON SA PAROLE (QUÉBEC) traitant de questions reliées à la spiritualité, l'évangélisation, l'éducation de la foi et la vie en Église
Selon Sa Parole 15 mai 1999 vol. 25 numéro 5


PRIERE DE MARTHA
PAYSANNE DU HONDURAS

"Seigneur, permets-moi de te poser quelques questions, parce que moi, je ne comprends plus rien! Tu restes caché dans ton ciel, éloigné de nos détresses. Réveille-toi, bon Dieu! Je te trouve injuste parfois, toi qui vois et qui sais tout! Viens donc faire un tour ici, sur nos terres, pour te rendre compte!

Depuis que l'ouragan a détruit le pays, notre malheur est aussi grand que l'océan, Seigneur. Après la mort de Mario, mon mari, j'ai cultivé seule un petit lopin de terre dans la montagne, une terre pauvre qui nous permettait de survivre à grand-peine, moi et mes trois petits. Mais, j'ai tout perdu, Seigneur. La pluie a tout lavé; ma maison et mon jardin ont été emportés. Il ne me reste plus rien. Je dois beaucoup d'argent à Don Fausto, le grand propriétaire du village; il m'avait prêté pour la maladie de Pepe, puis pour les funérailles. Il m'a fait une avance pour les semences de l'an dernier et je devais lui remettre avec la récolte. Mais l'ouragan a tout détruit et Don Fausto réclame son dû.

Ces gros messieurs nous mangent tout rond, c'est comme s'ils n'avaient d'égard pour personne, pas même pour toi, mon Dieu. Ils se croient à l'abri du malheur, ils sont pleins de tromperies et de violence. Tout le monde ici leur doit de l'argent; comme des chats sauvages, ils nous guettent pour nous dévorer.

Nous n'avons que des pentes raides à cultiver; dans nos riches plaines fertiles, des gringos, des étrangers possèdent de grandes plantations de bananes pour exporter dans les pays riches. Nos enfants y travaillent comme des esclaves, mal payés et maltraités. Les compagnies ont tous les droits, elles achètent les juges, les politiciens et l'armée. Ce sont les maîtres du pays. Après l'ouragan, les plantations ont congédié tous les travailleurs. C'est la famine dans nos familles.

Seigneur, qu'allons-nous faire? Vas-tu nous laisser mourir de faim? N'oublie pas ton peuple malheureux. Nos créanciers nous poursuivent, ils réclament jusqu'au dernier sou. Notre pays s'appauvrit et la dette nous écrase. Nos dirigeants sont corrompus; ils reçoivent des pots-de-vin et ne se préoccupent pas de la vie du peuple.

Seigneur, écoute la révolte qui monte dans nos gorges, rassure notre coeur, fais attention à tes enfants. Nous voulons du pain, du travail; nous réclamons justice et liberté. Redonne-nous notre terre pour que nous vivions, Seigneur!. Débarasse-nous des tyrans et de la dictature des grandes compagnies! Libère-nous, toi, le Dieu des humbles et des appauvris! Amen"

Tirée de l'Agenda latino-américain 1999

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Dernière mise à jour 6 juin 1999

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