PARABOLES JUMELLES (Lc 13,18-21)
Thérèse Lapierre
Jésus a donné plusieurs enseignements en paraboles. En voici deux petites sur le
royaume qui me paraissent inséparables: le levain qui
exprime la croissance intérieure du royaume et le grain
de sénevé sa croissance extérieure. Ces deux
paraboles nous disent clairement que le royaume est présent
à travers les signes que nous voyons et qu'il est appelé
à grandir.
Le royaume de Dieu a commencé avec la venue de Jésus.
Jésus l'annonce et l'apporte, il le promet aux disciples
et à leur tour les disciples le proclament. La foi nous
ouvre à cette connaissance et à cette acceptation
du royaume de Dieu.
Ces deux paraboles représentent ici le petit nombre
de juifs qui acceptèrent le Christ et furent à l'origine
de l'Église. Ce petit nombre est la promesse d'un grand
peuple dont les non-croyants font partie. On voit y les débuts
modestes, infimes promis à la croissance.
UN ROYAUME MODESTE EN SES DÉBUTS
La prédication et les guérisons effectuées
par Jésus, les démons qu'il a chassés, tous
ces signes manifestent que le royaume de Dieu est arrivé.
C'est un temps de salut et il est encore en route, il est en croissance,
il est en train de s'étendre à tout le monde. Le
royaume de Dieu viendra dans la splendeur, la grandeur, la gloire,
ce n'est que question de temps, il est en route et on ne connaît
pas l'intervalle entre le commencement et la fin, mais ce qu'on
sait, c'est qu'il grandit et que rien ne peut l'arrêter.
Jésus voit grandir le petit groupe des disciples et saint
Luc y reconnaît l'expansion de l'Église, dans les
Actes des Apôtres. Ces deux paraboles mettent l'accent sur
le dynamisme du règne qui agit malgré les résistances
des hommes. La ménagère sait qu'une pincée
de levain enfouie au coeur de la pâte la fait progressivement
lever, même si elle ne peut voir le travail du levain dans
la pâte; si le levain est bon, la pâte va sûrement
lever. Cette parabole nous montre l'importance d'identifier les
ferments, invisibles mais toujours actifs dans notre monde, dans
l'Église.
La ménagère peut représenter l'Église
à l'oeuvre au milieu des réalités humaines
pour y faire croître le règne de Dieu, dans la justice
et dans l'amour fraternel. Le dynamisme de l'Église c'est
la foi. Jésus dit: "La foi, si vous en aviez gros
comme un grain de sénevé vous pourriez déplacer
des montagnes" (Lc 17,6). Cette foi du semeur et cette foi
de la ménagère, elles sont semblables et également
à l'oeuvre dans l'Église.
UN ROYAUME QUI EST EN CROISSANCE
La parabole du grain de sénevé illustre la croissance extérieure du royaume tandis que la parabole du levain en souligne le pouvoir, la force intérieure. L'accent est mis sur le dynamisme du règne qui agit malgré les résistances des hommes. Le Royaume va grandir jusqu'au retour de Jésus où il va établir son règne définitivement.
Le levain nous fait aussi penser au levain des pharisiens qui
fait des ravages. Saint Paul leur dit: "Purifiez-vous du
vieux levain pour être une pâte nouvelle" (1
Co 5,6-8). Le royaume de Dieu est caché encore aujourd'hui
comme le grain de sénevé enfoui dans la terre, comme
le levain caché dans la pâte. Le royaume est caché
mais toujours en croissance, même si cela ne paraît
pas.
UNE CROISSANCE QUE RIEN NE PEUT ARRETER
De ces deux paraboles ressort une foi puissante et inébranlable
en la victoire certaine et universelle du Christ. Avons-nous la
foi du semeur et de la ménagère qui continuent leur
travail dans l'Église? qui acceptent d'être ferment,
d'être instrument du Christ ressuscité pour que le
règne de Dieu vienne au coeur du monde, au coeur de nos
frères.
Dans la parabole du levain une autre idée est importante,
c'est l'efficacité: une petite quantité de levain
est capable de faire lever une très grande quantité
de farine, de pâte; le levain qui est comme le principe
vital de l'ensemble. Dieu n'a pas les mêmes mesures que
nous. Ce qui apparaît extérieurement faible, petit
et sans ressource est intérieurement rempli de force de
vie. C'est à travers la faiblesse du messager que s'exprime
la force intérieure du message.
Si nous travaillons pour le royaume de Dieu, il faut nous laisser
transformer, recréer par Dieu. La force de vie qui nous
habite doit se communiquer autour de nous, elle se communique
sans qu'on s'en rende compte. Est-ce que nous sommes conscients
du trésor que Dieu a déposé en nous par sa
vie nouvelle? Est-ce que nous croyons que nous pouvons communiquer
cette vie et cet amour aux autres dans notre vie quotidienne et,
de façon très modeste, à travers nos faiblesses
et notre péché?
L'Église elle aussi est un ferment qui agit par les sacrements, par les différents mouvements religieux et je crois que le Renouveau charismatique peut être un levain puissant. Il y a aussi d'autres levains comme la Parole de Dieu, la prière, la foi, l'Esprit Saint. Par sa résurrection, Jésus continue d'être levain dans le monde; par sa présence invisible, il continue d'agir de façon discrète dans les coeurs, dans son Église.
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NOTE D'AUTEURE
Thérèse Lapierre est secrétaire-réceptionniste à la Villa Manrèse à Ste-Foy. Elle est engagée dans le Renouveau charismatique depuis 1973 et elle est actuellement membre du groupe de prière Sacré-Coeur-de-Jésus à Québec.
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