Porter la Bonne Nouvelle aux pauvres


Vital Massé
Évêque élu à Mont-Laurier

Répondant pour les mouvements charismatiques

 

 

 

 

 

 

 


Voici le texte de l’homélie prononcée par Monseigneur Vital Massé, le 27 septembre 2001, lors de l’assemblée annuelle des répondants diocésains du Renouveau charismatique. Ce jour-là, l’Église soulignait la fête de saint Vincent de Paul.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Par une heureuse coïncidence, j’ai le bonheur de célébrer l’eucharistie avec vous en la fête de saint Vincent de Paul. Heureuse coïncidence, car il me semble qu’il y a des rapprochements possibles à faire entre les préoccupations qu’avait saint Vincent de Paul et celles que vous avez vous-mêmes, entre les charismes qu’il avait et ceux que vous exercez vous-mêmes.

 

Un peu spontanément quand on entend le nom de saint Vincent de Paul, on pense à l’ami des galériens, le sauveteur des enfants trouvés, celui qu’on a surnommé le « Père des pauvres ». Il y a tentation, cependant, de mettre l’accent trop uniquement sur son action sociale au détriment de son œuvre religieuse. On oublie ou l’on met dans l’ombre le fondateur d’Ordre et le prêtre ascétique.

 

Si Monsieur Vincent avait, il est vrai, une grande sensibilité pour la pauvreté matérielle et s’empressait également à soulager la misère humaine, il était aussi sensible à la pauvreté spirituelle. N’est-ce pas d’ailleurs ce qui l’a amené à fonder les Prêtres de la Mission pour travailler à l’évangélisation dans les campagnes?

 

Et voilà, il me semble, un beau sujet d’inspiration pour des répondants diocésains du Renouveau charismatique. Votre apostolat vous met régulièrement en contact avec la pauvreté spirituelle. Si nous vivons dans un pays où nous bai-gnons dans le confort et la richesse, que de pauvretés quand il s’agit du domaine spirituel ! Nous savons que, dans ce domaine aussi, Jésus demeure notre modèle, lui qui se présente comme l’évangéliste des pauvres : « Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres ».

 

Voilà un beau rôle, une belle mission qui nous est confiée : à la suite de Jésus, porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, à ces pauvres de la Vérité, ces pauvres de la Justice, ces pauvres du véritable Amour, ces pauvres de Dieu.

 

Il peut être consolant, cependant, de savoir que saint Vincent de Paul que nous fêtons aujourd’hui, n’a pas toujours été un saint. On a par-lé à son propos d’«une lente invasion de la sainteté ». Son père avait choisi pour lui l’état ecclésiastique parce que cet état offrait aux garçons un peu doués, une carrière brillante, des bénéfices et, pour Vincent, la possibilité de soutenir matériellement sa famille. « Si j’avais su ce que c’était, avouera-t-il plus tard, j’aurais mieux aimé labourer la terre que de m’engager dans un état si redoutable ! »

 

Si ce visage marqué de rides était devenu si pétillant de bonté, c’est sans doute parce que Monsieur Vincent s’était laissé imprégner du visage du Christ. À travers son visage, on pouvait retrouver les traits du visage de Jésus. Ce qui faisait la force de Monsieur Vincent, c’est qu’il avait vraiment rencontré le Christ et sa rencontre avec le Christ avait transformé toute sa vie.

 

Que de gens de nos jours, consciemment ou non, cherchent à rencontrer ce visage de Jésus ! « Nous voulons voir Jésus » (Jn 12, 21), demandaient un jour quelques Grecs à l’apôtre Philippe. Comme ces pèlerins d’il y a deux mille ans, ainsi que le rappelle Jean-Paul II dans sa Lettre apostolique Novo millennio ineunte, aujourd’hui également, des hommes et des femmes demandent aux croyants non seulement de « parler » du Christ, mais en un sens de le leur faire « voir ». Et le pape ajoute : « Notre témoignage se trouverait appauvri d’une manière inacceptable si nous ne nous mettions pas d’abord nous-mêmes à contempler son visage ».

 

Aussi, dans cette même lettre que vous avez étudiée durant cette rencontre, vous savez jusqu’à quel point le Saint-Père insiste sur l’importance de nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu : d’abord pour en faire notre propre nourriture, mais aussi pour la proclamer afin qu’elle produise beaucoup de fruits puisqu’elle a, en elle-même, une force de conviction et de conversion. Saint Jérôme disait un jour qu’ignorer les Saintes Écritures c’est ignorer le Christ lui-même.

 

Enfin, je crois que le pape s’adresse plus spécialement à vous lorsqu’il invite nos communautés chrétiennes à devenir « d’authentiques écoles de prière » où la rencontre avec le Christ ne s’exprime pas seulement en demande d’aide mais aussi en action de grâce, louange, adoration, contemplation, écoute, affection ardente jusqu’à une vraie « folie » du cœur. Et, comme ce fut le cas de saint Vincent de Paul, il ne s’agit pas d’une prière qui reste en vase clos, mais une prière qui est orientée vers la mission.

 

Bien qu’à des degrés différents, il y a des défis contemporains importants qui nous concernent tous, dont celui de ce vaste champ d’évangélisation.

 

Comme il le faisait un jour à Simon Pierre, Jésus adresse aujourd’hui à chacun et chacune d’entre nous le même mot d’envoi : « Avance au large », j’ai besoin de toi pour travailler à ma mission et faire de nouveaux disciples.

 

Et comme tous ceux et celles qui acceptent de marcher à sa suite, nous avons, nous aussi, l’assurance de son soutien et de son accompagnement :
« Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). Amen !

 

 

Magazine SELON SA PAROLE (QUÉBEC) traitant de questions reliées à la spiritualité, l'évangélisation, l'éducation de la foi et la vie en Église

Selon Sa Parole novembre-décembre vol. 27 numéro 5

 

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Dernière mise à jour 8 décembre 2001

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