Selon Sa Parole 15 octobre 1998

L'année 1998 qui est sous le sceau de l'Esprit Saint est ma septième. C'est le signe de la patience infinie de Dieu et de mes frères et de mes soeurs.

Je me souviens qu'à tous les débuts d'année, mon désir est de faire une place toujours de plus en plus grande à Dieu, lui donner la chance de se reposer en moi. Et pour se reposer, il le fait sans gêne: fort de mes projets personnels et faible de mes peurs, je me suis attardé à souvent réveiller Jésus dormant au fond de ma barque. Le Seigneur n'est pas un locataire comme les autres, il occupe toute la place. C'est tout un défi pour Jésus; il doit entrer l'infini dans mon coeur qui, à mes yeux, est souvent complètement "démoli". Jésus ne veut rien de moins que l'infini pour chacun de nous: l'amour infini, la paix infinie. Je crois que c'est pour cela que la fidélité est nécessaire, sinon obligatoire. La fidélité, c'est permettre à Jésus de déposer continuellement tout ce qu'il me faut pour que je devienne complètement un enfant de Dieu. Le plus difficile est de se laisser faire.

C'est déroutant la miséricorde de Dieu. Est-ce qu'il y a quelqu'un qui peut m'expliquer? Je passe mes journées à résister à Dieu, à faire ce que je ne veux pas et manquer à ce que je devrais faire alors qu'il élargit ses bras à la mesure de mes faiblesses. C'est difficile d'aimer Dieu quand l'orgueil souffle à notre oreille: "Tu ne trouves pas bizarre que l'amour de Dieu soit gratuit, il y a sans doute un piège!" Se savoir aimer sans limite et gratuitement, c'est intellectuellement impensable voire même insupportable.

Voilà mon défi, ma découverte de l'année: laisser Dieu être Dieu dans ma vie. Ne pas chercher à maîtriser ou acheter son regard de miséricorde sur moi. Pire que tout renoncement, que toute perte, que toute difficulté, c'est accepter que Dieu m'aime. Ma réaction est de prouver mon amour à Dieu, question de payer au minimum ses frais de déplacement quand il vient à ma rencontre. Eh bien! non, Dieu n'a pas besoin de moi pour m'aimer. C'est dur pour l'amour-propre: Dieu peut m'aimer sans moi! Le scandale de la croix se répète, Dieu rend l'homme éternel à travers la violence de la mort. Dieu m'aime sans mon aide, même défiguré par les croix de ma vie.

La porte étroite de l'Évangile ou la brulûre de la miséricorde dans nos vies ne sont pas autre chose que l'accueil gratuit de l'amour de Dieu. Il est tellement plus facile de passer par la grande porte de ma définition de l'amour, de mes convictions de Dieu, que par la porte étroite, celle qui me fait pencher la tête pour y passer, non pas pour me regarder, mais pour voir que l'essentiel n'est pas au loin, mais tout près de moi.

Heureusement que dans cette folle aventure, Dieu a prévu me donner une aide absolument nécessaire: Marie. Sans elle, jamais, jamais je ne pourrais réussir à accepter cette gratuité, cette miséricorde. Imaginez, Dieu me donne non pas tout ce qu'il a, mais tout ce qu'il est. Et voilà que Dieu se retrouve pauvre devant moi, il ne lui reste plus rien, il a tout donné. Sans Marie qui m'aide à regarder la croix, c'est inacceptable. Qui accepterait que ses parents deviennent mendiants après avoir tout donné à leur enfant? Dieu devient mendiant d'un simple regard de ma part, car il m'a tout donné. Et en réponse, puisque je suis rempli de moi-même, j'ai la puissance de ne rien donner à Dieu. Heureusement, Marie veille sur moi. De toute façon, le seul don que je puisse faire est de permettre à Dieu d'être Dieu en moi.

C'est avec Marie que je veux continuer cette année dans la grâce de l'Esprit. Avec Marie, je veux aussi entrer dans cette fête de la démesure du vin à Cana. Car il faut bien accepter la démesure de Dieu pour croire en vérité à sa miséricorde. Il est évident que dans cette aventure, la démesure du travail est aussi très proche. J'espère de tout coeur, encore une fois, en la surabondance de Dieu pour accomplir avec amour les tâches qui me seront confiées.
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NOTE D'AUTEUR
Martin Proulx est âgé de 24 ans et en est à septième année en tant que membre de la communauté de Marie-Jeunesse. Il est actuellement responsable de l'Auberge de Marie-Jeunesse de Québec. Séminariste, il est étudiant en théologie à l'Université Laval de Québec.
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Dernière mise à jour 15 octobre 1998