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Magazine SELON SA PAROLE (QUÉBEC) traitant de questions reliées à la spiritualité, l'évangélisation, l'éducation de la foi et la vie en Église

Deuxième anniversaire du site internet de la revue (2 avril 1997 - 2 avril 1999)

Selon Sa Parole 15 mars 1999 vol. 25 numéro 3


L'UNITÉ TOUJOURS... TOUJOURS
Dominic Le Rouzès

"À ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples: l'amour que vous avez les uns pour les autres" (Jn 13,35).

Août 1998 aura été un temps fécond pour tout le Renouveau charismatique, particulièrement, le Ve Congrès national francophone (6-9 août 1998) qui a eu lieu à Ottawa. Et quel congrès! Pendant quatre jours, nous avons eu la chance de nous laisser réchauffer par le feu de l'Esprit. Enseignements, guérisons, louange... les visages resplendissaient de joie! Et quelle joie! Pendant ces jours, nous avons pu sentir la présence de Dieu vraiment agissante. Mais aujourd'hui, ce congrès est-il vraiment terminé? Non. Pour reprendre la parabole de Mgr Gervais à son homélie du 09 août, le congrès d'Ottawa fut un gymnase qui prépare à vivre en chrétien, sur le terrain. Et voilà que nous sommes maintenant en plein terrain.

LA BONNE NOUVELLE DE LA RÉCONCILIATION

Après avoir reçu tant de grâces, nous ne pouvons pas rien faire. Nous ne pouvons pas rester sous le boisseau... Il y a comme un désir en nous, une céleste poussée qui nous amène à "travailler pour Dieu". Autrement dit, nous sommes renvoyés à notre mission première, celle d'annoncer l'Évangile du Royaume de Dieu.

Personnellement, je me suis longtemps demandé quel était cet "Évangile", cette "Bonne nouvelle". Et c'est dans un petit cours de théologie que j'ai obtenu une réponse simple et rafraîchissante: l'Évangile, c'est la réconciliation. Réconciliation, non pas seulement avec mon frère qui m'a fait "bobo", mais une réconciliation profonde, en Jésus-Christ, de ce qui, naturellement, ne va pas ensemble. Par exemple, on a trop l'occasion de voir les gens de nos sociétés regroupés selon des affinités naturelles: les jeunes avec les jeunes, les gens d'affaires avec les gens d'affaires, les femmes avec les femmes, les hommes avec les hommes, les motards avec les motards, les Italiens avec les Italiens, les amateurs de golf avec les amateurs de golf, etc. Bref, le phénomène de "gangs" ne touche pas seulement les jeunes ou les rues de Montréal...

Voilà, qu'en Jésus-Christ, ces frontières sont abolies. "Dans sa chair, il a détruit le mur de séparation: la haine" (Ep 2,14). Simplement, regardons ceux qui constituent nos groupes de prières; l'Esprit Saint appelle des gens de toute condition. Un jour, j'étais avec un équipe de Marie-Jeunesse en évangélisation dans une polyvalente au nord de Joliette. Nous avons organisé, après les classes, une soirée de prière pour les jeunes qui avaient été interpellés. Avant même que nous l'ayons remarqué, les jeunes invités découvraient qu'ils provenaient tous de "gangs" différents; ils ne se fréquentaient pas habituellement...

QU'ILS SOIENT UNS

C'est donc dans l'unité, au sens radical du terme, que nous sommes invités à entrer. À cet effet, l'homélie de Mgr Gervais fut un vibrant appel à l'unité. Il nous a exhortés, simplement, à l'unité; car là est le coeur de l'Évangile. Avec délicatesse, l'évêque d'Ottawa a rappelé à tous, l'unité du Renouveau charismatique et de l'Église: "le Renouveau charismatique et l'Église, ça fait un! L'Esprit qui anime le Renouveau charismatique est le même Esprit qui anime l'Église." L'Évangile, c'est donc l'appel de Dieu à la réconciliation et à la communion dans le Christ de tous les êtres humains: "Père, qu'ils soient un!" (Jn 17,21). Vivre dans l'unité constitue "non seulement le devoir, mais encore la responsabilité qui revient, devant Dieu et en fonction du plan de Dieu, à ceux et celles qui par le Baptême deviennent le Corps du Christ, le Corps dans lequel la réconciliation et la communion doivent se réaliser en plénitude" (Jean-Paul II, lettre encyclique Ut unum sint "Qu'ils soient un!", Cerf/Flammarion, p.10).

C'est de tout temps que l'Église a eu à se battre pour garder l'unité. Et encore aujourd'hui... Les blessures les plus profondes dans le coeur de l'Église relèvent de manques d'unité. Tous les efforts pour l'oecuménisme en témoignent. Si l'on se transporte dans le temps, on pourra examiner que même l'Église naissante n'était pas à l'abri... Et comme exemple, quoi de mieux que de prendre ces "raisins" de Corinthiens, communauté chrétienne fondée par la prédication de Paul; une communauté qui a toujours eu la réputation de faire les choses de travers...

À Corinthe, c'était donc dur de rester solide comme chrétien, enraciné dans l'Évangile; ce qui a donné beaucoup de fil à retordre à Paul, comme on peut le constater dans ses deux lettres aux Corinthiens. Ainsi, beaucoup de querelles et de divisions ont frappé la petite communauté.

L'une d'entre elles constitue le troisième chapitre de la première lettre aux Corinthiens, c'est notre exemple. Voilà que Paul, n'étant plus là, des rivalités éclatent à tel point qu'il se forme dans la communauté de Corinthe quatre bandes: le clan d'Apollos (un prédicateur de l'Évangile passé à Corinthe, un bon gars!), le clan de Pierre, le clan de Paul et le clan du Christ. La communauté n'était plus une, mais divisée en quatre. Paul intervient par sa lettre: "Quand l'un déclare: "Moi, j'appartiens à Paul", l'autre: "Moi, à Apollos", n'agissez-vous pas de manière tout humaine?" (1 Co 3,4) Les causes de ces divisions peuvent nous paraître obscures. Néanmoins, Paul questionne les Corinthiens en demandant: n'agissez-vous pas de manière tout humaine?

En effet, de tout temps et dans toute culture, il est toujours très humain de former des "gangs". Être avec ses semblables, il n'y a rien de plus légitime. Mais voilà que lorsqu'on forme des bandes, il y a toujours une loi d'exclusion en son fondement. Tel est le péché contre l'unité. "Si tu ne réponds pas aux critères de notre groupe, tu ne peux pas faire partie de notre bande!" Ainsi, les quatre groupes de la communauté de Corinthe s'excluaient mutuellement.

D'où les vives paroles de Paul pour faire prendre conscience aux Corinthiens de leur erreur: "Qu'il n'y ait pas de divisions parmi vous! (...). Je m'explique; chacun de vous parle ainsi: "Moi j'appartiens à Paul. — Moi à Apollos. — Moi à Céphas (Pierre).— Moi à Christ." Le Christ est-il divisé? Est-ce Paul qui a été crucifié pour vous? Est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés?" (1 Co 1,10-13). "Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l'Esprit de Dieu habite en vous?" (1 Co 3,16).

Paul a dû pleurer souvent, confronté au découragement... Il est vrai, l'unité chez les Corinthiens n'était pas une mince affaire. Mais ce sont ces tensions qui ont oppressé l'apôtre qui en ont fait sortir ce qu'il y avait de meilleur en lui. Les épîtres de Paul restent encore aujourd'hui le témoignage de l'effort de toute une vie pour rassembler les premiers chrétiens dans l'unité. Et à travers Paul, l'effort de l'Esprit pour convertir les coeurs afin d'y bâtir son Temple... dans l'unité de l'Église.

LA CHARITÉ FRATERNELLE

Oui, en effet, nous le chantons avec joie: nous sommes le Temple de l'Esprit! Quelle joie de penser que c'est lorsque nous sommes unis dans la charité que notre témoignage porte le plus de fruits et que l'Esprit Saint convertit sur notre passage. Par notre unité, nous sommes "Temple de l'Esprit", "Maison de Dieu", "Royaume des Cieux". Lorsque nous sommes unis dans la charité, c'est alors que la Vie de Dieu se transmet librement à tous, que la Joie du Père envahit chacun dans la surabondance, comme à Cana. "Que tous soient un comme toi Père, tu es en moi et que je suis en toi, qu'il soient en nous eux aussi, afin que le monde croie que tu m'as envoyé " (Jn 17,21).

L'unité commence dans le quotidien, à l'endroit même où s'exerce notre liberté: dans nos choix. Si nous appartenons au Christ, il y a une série de choix à faire dans notre vie quotidienne. Si nous prenons conscience que nous sommes ensemble le Corps du Christ et le Temple de l'Esprit, c'est que nous nous engageons à voir Jésus en chaque personne. Il est drôle de voir à quel point Jésus se cache dans les personnes mêmes que nous voudrions contourner... Il joue à cache-cache à tous les jours avec nous en nous lançant le défi: "sauras-tu me trouver?" Il se cache spécialement dans les personnes qui plaisent le moins à notre regard, à nos idées, à notre sensibilité. Il est si facile pour nous, arrivant à la soirée de prière, de nous précipiter vers nos amis avec un enthousiasme du tonnerre: "Ah! Salut! comment ça va!!!" Parfois, la voie étroite exige d'aborder avec le même enthousiasme la nouvelle personne qui vient d'arriver, un peu gênée dans son coin. Et c'est là, en cherchant à faire l'unité de cette personne avec le groupe, qu'éclate le mystère d'amour où Jésus nous accueille en disant: "Tu m'as trouvé!!! Entre dans la Joie de ton maître!" À ce moment, la grâce surabonde...

En terminant, (et c'est là un aspect essentiel), l'unité, ça se passe aussi bien sûr au-delà de notre petit groupe de prière. C'est considérer l'ensemble de l'Église universelle comme mon groupe de prière. À cause du soupir de Jésus — Père, qu'ils soient un! —, on ne peut pas se replier sur soi; c'est le défi lancé à tous chrétiens de s'ouvrir à la dimension de l'Église. C'est regarder chaque mouvement d'Église comme travaillant avec nous en vue de la construction de Royaume. La Beauté de Dieu, par l'Esprit Saint, a été répandue sur toute l'Église, enfouie parfois, mais bien présente. En tant que fils et filles de Dieu, c'est maintenant notre devoir de rechercher cette Beauté. En chaque pasteur de l'Église, en chaque responsable du Renouveau, en chaque frère et soeur... À l'aube du troisième millénaire, nous sommes invités à être, au nom du désir d'unité de notre Dieu, des chercheurs de sa Beauté dans notre monde. Soyons des révélateurs de la "beauté" de l'Église afin d'en montrer l'unité qui est la présence de Dieu. En pointant cette beauté, nous transformerons le monde enfin!

"À ceci tous vous reconnaîtront
pour mes disciples: à l'amour que vous aurez les uns pour les autres" (Jn 13,35).


NOTE D'AUTEUR
Dominic LeRouzès est âgé de 25 ans. Il est engagé dans la Famille Marie-Jeunesse et habite actuellement Québec. Il détient un baccalauréat en sociologie. Séminariste depuis 1996, il fait actuellement un baccalauréat en théologie à l'Université Laval de Québec.

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Dernière mise à jour 2 avril 1999

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