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Revue Selon Sa Parole vol. 24 numéro 5, 15 mai 1998

REPERES
UN SOUFFLE TOUJOURS RENOUVELÉ
Mgr Robert Lebel


«L'année 1998, la deuxième année de la phase préparatoire, sera spécialement consacrée à l'Esprit Saint et à sa présence sanctificatrice à l'intérieur de la communauté des disciples du Christ» (Jean-Paul II, Tertio millennio adveniente, no. 44).

Selon le désir de notre Pape Jean-Paul II, l'année pastorale que nous entreprenons aura comme priorité une meilleure conscience de la présence et de l'action de l'Esprit Saint en nous.

CELUI QUI A L'ONCTION DE L'ESPRIT

L'année dernière a été consacrée à approfondir la connaissance de Jésus-Christ. En passant à «l'année de l'Esprit Saint», nous ne tournons pas la page. Il s'agit toujours de Jésus-Christ précisément dans son titre de Messie et de Christ (Le mot Messie vient de l'hébreu, le mot Christ vient du grec. Les deux signifient «oint», frotté d'huile marqué par l'onction avec l'huile de l'olivier).

Ces mots signifient «celui qui a reçu l'onction». Cette onction est celle de l'Esprit. «L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par l'onction» (Lc 4,18).

Dans la Synagogue de Nazareth, Jésus se désigne lui-même comme le sujet de cette prophétie: «Aujourd'hui, s'accomplit à nos oreilles ce passage de l'Écriture» (Lc 4,21).

Par le nom de «Christ», on entend celui qui a donné l'onction, celui qui l'a reçue et l'onction-même qui a été faite; or c'est le Père qui a donné l'onction, c'est le Fils qui a été oint, tandis que l'Esprit Saint était l'onction-même (Saint Irénée Adv. Hear. III, 18, 3).

L'INCARNATION, L'OEUVRE DE L'ESPRIT

L'Incarnation, le mystère dans lequel le Fils de Dieu, le Verbe, est devenu un être humain, est l'oeuvre de l'Esprit. Notre divin Sauveur «a été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie» disons-nous dans notre profession de foi. L'Incarnation est le premier fruit de l'Esprit.

Jésus-Christ est le Fils de Dieu, la seconde personne de la divine Trinité. L'Esprit est en lui comme son lien d'amour avec le Père. Jésus porte en lui tout le mystère Trinitaire. «Moi et le Père nous sommes un» (Jn 10,30).

L'ESPRIT MESSIANIQUE

Jésus-Christ est le Fils de Dieu. C'est son identité personnelle. Mais son humanité est toute pénétrée de l'Esprit. Celui-ci y est en plénitude pour se répandre, comme d'une source, sur tous les enfants de Dieu.

Dès le moment de son Incarnation, Jésus est rempli de l'Esprit Saint. C'est pour cela que lors de la Visitation, l'enfant tressaillit dans le sein d'Élisabeth et celle-ci fut remplie de l'Esprit Saint et proclama des paroles prophétiques (Lc 1,41-45).

LE BAPTÊME DE JÉSUS

Mais quand vint le temps de commencer sa mission messianique il a reçu une manifestation et une effusion de l'Esprit dans son baptême.

Jean-Baptiste avait annoncé le rôle messianique de celui qui devait venir recevoir son baptême. «Pour moi, je vous baptise avec de l'eau mais vient le plus fort que moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses sandales: lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et le feu» (Lc 3,16).

«Or il advint, une fois que tout le peuple eut été baptisé, et au moment où Jésus, baptisé lui aussi, se trouvait en prière, que le ciel s'ouvrit, et l'Esprit Saint descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et une voix partit du ciel: Tu es mon fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré» (Lc 3,21-22).

LA MISSION MESSIANIQUE

C'est poussé par l'Esprit et sous sa puissance que Jésus entreprend sa mission messianique. Vous le savez. L'événement (la proclamation de la Bonne Nouvelle) a gagné la Judée entière; il a commencé par la Galilée, après le baptême que proclamait Jean; ce Jésus issu de Nazareth, vous savez comment Dieu lui a conféré l'onction d'Esprit Saint et de puissance; il est passé partout en bienfaiteur, il guérissait tous ceux que le diable tenait asservis, car Dieu était avec lui (cf. Ac 10,37-38).

L'Esprit pousse Jésus au désert pour y être tenté et désarmer Satan (Mc 1,12); il le consacre par l'onction pour qu'il porte la Bonne Nouvelle aux pauvres (Lc 4,18); il le fait tressaillir de joie dans l'action de grâces (Lc 10,21). C'est l'Esprit qui le fait lutter contre le démon, prêcher la Bonne Nouvelle aux pauvres et s'adresser à son Père dans la prière. Autrement dit, c'est l'Esprit qui lui fait jouer son rôle de roi, de prophète et de prêtre.

C'EST VOTRE INTÉRÊT QUE JE PARTE

«C'est votre intérêt que je parte; car si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas vers vous; mais si je pars, je vous l'enverrai» (Jn 16,7).

Pour comprendre cette parole paradoxale de Jésus, il faut la reporter à une autre: «Il n'y avait pas encore d'Esprit parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié» (Jn 7,39). À cela saint Pierre fait écho: «Dieu l'a ressuscité ce Jésus, nous en sommes tous témoins. Et maintenant, exalté par la droite de Dieu, il a reçu du Père l'Esprit Saint, objet de la promesse, et il l'a répandu, c'est là ce que vous voyez et entendez» (Ac 2,32-33).

Dans la bouche de Jésus, «partir» signifie quitter sa condition mortelle pour aller vers son Père, par la mort, dans la vie du ressuscité. Sa «transformation» dans la mort et la résurrection fait de son humanité, jusque dans son corps, un être spirituel communicateur de l'Esprit. Il devient un être spirituel donnant la vie (cf. 1 Co 15,44-45).

L'Homme-Dieu est totalement transformé par l'Esprit, dans son humanité, dans son corps-homme. Il est présent à la manière de Dieu, sans les limites corporelles du temps et de l'espace et il répand directement son Esprit.

DU CHRIST AUX CHRÉTIENS

Notre titre de chrétiens vient du nom du Christ. Il fut attribué, pour la première fois, à Antioche, aux disciples du Christ (Ac 11,26). Mais le nom de chrétiens ne signifiait pas tant «partisans» du Christ que «participants à l'onction du Christ».

Être chrétien, cela signifie avoir reçu l'Esprit, être rempli de l'Esprit, comme d'une huile subtile qui s'infiltre et pénètre partout.

C'est ce que signifie l'onction reçue au baptême et à la confirmation. Cette onction nous fait participer à l'Esprit messianique du Christ, qui le fait Roi, Prophète et Prêtre.

L'Église est «la continuation historique de l'onction du Christ par l'Esprit Saint». «L'Église, c'est Jésus-Christ répandu et communiqué» (Bossuet).

Nous sommes les membres du Christ (1 Co 6,15). Saint Paul parle de l'Église en lui donnant le nom de Christ (1 Co 12,12). Avec lui, notre Tête, notre Chef, nous formons le «Christ total», la totalité des humains ayant reçu l'onction de l'Esprit.

Notre titre de chrétien ne signifie donc pas seulement que nous sommes disciples du Christ. Il se limite encore moins à l'obligation de suivre les commandements de l'Évangile, les exhortations du Pape, la loi de l'Église.

Être chrétien, c'est être habité par l'Esprit Saint communiqué par le Christ, c'est se laisser guider par l'Esprit qui nous ouvre la porte sur la joie de Dieu.

UN SOUFFLE DE RENOUVEAU

«Tu envoies ton souffle, ils sont créés, tu renouvelles la face de la terre» (Ps 103,30). Nous avons longtemps prié l'Esprit Saint avec les paroles de ce psaume. La réponse était déjà dans les Écritures: «Voici, je fais l'univers nouveau» (Ap 21,5).

L'Esprit Saint est un souffle de renouveau. Il est la sève vivante qui renouvelle sans cesse la vie du grand arbre dont le Christ est le tronc (cf. Jn 15,1-10). La vie ne se répète pas, elle se renouvelle.

Il n'est pas étonnant que l'Esprit suscite du renouveau dans l'Église. Le Concile Vatican II a été un puissant coup de vent. Son application continue de déranger nos confortables habitudes.

Mais ce renouveau est plus profond que les changements dans les pratiques et les structures. Il se vit dans les coeurs au niveau de l'accueil du Christ et de son Évangile, au niveau d'une conversation. En préparation au prochain millénaire, notre Pape nous répète inlassablement la nécessité d'une «nouvelle évangélisation».

La première évangélisation a commencé sur la lancée de la Pentecôte. La nouvelle évangélisation nécessite une nouvelle Pentecôte. L'Église primitive s'est préparée à l'accueil de l'Esprit dans la prière, c'est de la même façon que nous nous laisserons renouveler et rajeunir par l'Esprit Saint.

PRIER POUR DEMANDER L'ESPRIT

«Eh moi, je vous dis: demandez et l'on vous donnera; cherchez et vous trouverez; frappez et l'on vous ouvrira (...) Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l'Esprit Saint à ceux qui l'en prient!» (Lc 11,9-13).

Pour ouvrir notre coeur à la présence et à l'action de l'Esprit, nous devons persévérer dans la prière. Pour que notre Église s'ouvre à l'Esprit, à son dynamisme d'unité et à son souffle de renouveau, il faut, comme l'Église du Cénacle être «assidus à la prière» (Ac 1,14).

La «nouvelle évangélisation» dont nous parle souvent notre Pape ne se réalisera pas sans un renouveau dans la prière. J'encourage et j'appuie les groupes qui se livrent régulièrement à la prière. Je me réjouis de voir que certaines de nos églises sont ouvertes régulièrement pour accueillir des personnes et des groupes qui viennent prier devant le Saint-Sacrement. Quand l'architecture de l'édifice le permet, on aménage un espace accessible de l'extérieur où la Présence réelle est offerte à l'adoration des fidèles. On a même organisé dans une de nos églises l'adoration perpétuelle: dans l'église de la paroisse Saint-Patrick-of-the-Island, à Pincourt, il y a une liste d'adorateurs mais cet oratoire reste ouvert à tous. On y offre de la documentation en anglais et en français pour nourrir l'adoration perpétuelle. On n'y a jamais manqué d'adorateurs. Je m'en réjouis beaucoup et en rends grâces au Seigneur.

L'Église du Cénacle était soutenue dans la prière par la Mère de Dieu qui déjà jouait le rôle de Mère de l'Église. C'est grâce à son Assomption que nous pouvons toujours jouir de sa présence parmi nous. Assomption, comme Ascension, ne signifie pas absence de quelqu'un qui est «monté au ciel», mais présence. Présence offerte à tous et partout de Jésus qui se donne et de Marie qui nous aide à l'accueillir.

DEMANDONS LA SOIF

Je nous souhaite, à l'occasion de cette année de l'Esprit Saint, non pas seulement une meilleure connaissance de ce qu'il est et de ce qu'il fait. Je nous souhaite un meilleur accueil et une meilleure expérience de sa présence.

Quand on a soif, on ne cherche pas la définition de l'eau ou sa composition chimique; on cherche de l'eau pure et on boit. Que celui qui a soif vienne. Que celui qui le veut reçoive de l'eau vive, gratuitement (cf. Ap 22,17).

Découvrons la source d'Eau vive qui est le coeur du Christ ouvert sur la croix. Par la foi nous puisons à cette source. «Le dernier jour de la fête, le grand jour, Jésus, debout, s'écria: Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive celui qui croit en moi! Selon le mot de l'Écriture: de son sein couleront des fleuves d'eau vive. Il parlait de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui avait cru en lui» (Jn 7,37-39).

Désencombrons nos coeurs et l'Eau vive pourra jaillir! Ou plutôt laissons l'Eau vive irriguer notre coeur et le purifier pour que, par notre témoignage, le grand fleuve sorti du Temple (cf. Jn 19,34; Ap 22,2; Éz 47) irrigue notre monde.



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Dernière mise à jour 29 mai 1998

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