Selon Sa Parole 15 janvier 1998
Extraits de la lettre apostolique "Tertio Millennio adveniente"
du pape Jean-Paul II, no 44-48, pp. 54 à 59.
44 - L'année 1998, la deuxième année
de la phase préparatoire, sera spécialement consacrée
à l'Esprit Saint et à sa présence
sanctificatrice à l'intérieur de la communauté
des disciples du Christ. "Le grand Jubilé qui conclura
le second millénaire, - comme je l'écrivais dans
l'encyclique Dominum et vivificantem - (...) a un profil
pneumatologique, puisque le mystère de l'Incarnation
s'est accompli "par le Saint-Esprit". Ce fut l'oeuvre
de cet Esprit qui, consubstantiel au Père et au Fils, est,
dans le mystère absolu de Dieu un et trine, la Personne-amour,
le Don incréé, source éternelle de tout don
qui provient de Dieu dans l'ordre de la création, le principe
direct et, en un sens, le sujet de la communication que Dieu fait
de lui-même dans l'ordre de la grâce. De ce don, de
cette communication que Dieu fait de lui-même, le mystère
de l'Incarnation constitue le sommet".
L'Église ne peut se séparer à l'échéance
du bimillénaire "autrement que dans l'Esprit Saint.
Ce qui "dans la plénitude des temps", s'est accompli
par l'Esprit Saint, ne peut maintenant ressortir dans la mémoire
de L'Église que par lui".
L'Esprit, en effet, actualise dans L'Église de tous
les temps et de tous les lieux la Révélation unique
apportée par le Christ aux hommes, la rendant vivante et
efficace dans l'âme de chacun: "Le Paraclet, l'Esprit
Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera
tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit" (Jn 14,26).
45 - Dans les tâches premières de la préparation
au Jubilé, figure donc la redécouverte de la
présence et de l'action de l'Esprit. Il agit dans L'Église
par les sacrements, surtout par la Confirmation, ou bien
dans les différents charismes, rôles et ministères
spécifiques qu'il suscite pour le bien de L'Église:
"Unique est l'Esprit qui distribue ses dons variés
pour le bien de L'Église à la mesure de ses richesses
et selon les nécessités des services (cf. 1 Co 12,1-11).
Parmi ces dons, la grâce accordée aux Apôtres
tient la première place: l'Esprit lui-même soumet
à leur autorité jusqu'aux bénéficiaires
des charismes (cf 1 Co 14). Le même Esprit, qui est par
lui-même principe d'unité dans le corps où
s'exerce sa vertu et où il réalise la connexion
intérieure des membres, produit et stimule entre les fidèles
la charité."
L'Esprit est aussi pour notre époque l'agent principal
de la nouvelle évangélisation. Il importera
donc de redécouvrir l'Esprit comme celui qui construit
le Royaume de Dieu au cours de l'histoire et prépare sa
pleine manifestation en Jésus-Christ, en animant les hommes
de l'intérieur et en faisant croître dans la vie
des hommes les germes du salut définitif qui adviendra
à la fin des temps.
46 - Dans cette perspective eschatologique, les croyants
seront appelés à redécouvrir la vertu théologale
de l'espérance, dont ils ont "naguère
entendu l'annonce dans la Parole de vérité, l'Évangile"
(Col 1,5). La vertu fondamentale de l'espérance, d'une
part, pousse le chrétien à ne pas perdre de vue
le but premier qui donne son sens et sa valeur à toute
son existence, et, d'autre part, elle lui donne de fermes et profondes
raisons de s'engager quotidiennement dans la transformation de
la réalité pour la rendre conforme au projet de
Dieu.
Comme le rappelle l'apôtre Paul, "nous le savons,
en effet, toute la création jusqu'à ce jour gémit
en travail d'enfantement. Et non pas elle seule: nous-mêmes
qui possédons les prémices de l'Esprit, nous gémissons
nous aussi intérieurement dans l'attente de l'adoption
filiale, de la rédemption de notre corps. Car notre salut
est objet d'espérance" (Rm 8,22-24). Les chrétiens
sont appelés à se préparer au grand Jubilé
du commencement du troisième millénaire en ranimant
leur espérance en l'avènement définitif du
Royaume de Dieu, en le préparant jour après
jour dans leur vie intérieure, dans la communauté
chrétienne à laquelle ils appartiennent, dans le
milieu social où ils sont insérés et ainsi
dans l'histoire du monde.
En outre il convient que l'on mette en valeur et que l'on approfondisse
les signes d'espérance présents en cette fin
de siècle, malgré les ombres qui les dissimulent
souvent à nos yeux: dans le domaine civil, les progrès
réalisés par la science, par la technique et surtout
par la médecine au service de la vie humaine, un sens plus
grand de responsabilité à l'égard de l'environnement,
les efforts pour rétablir la paix et la justice partout
où elles ont été violées, la volonté
de réconciliation et de solidarité entre les différents
peuples, en particulier les rapports complexes entre le Nord et
le Sud du monde...; dans le domaine ecclésial, une
écoute plus attentive de la voix de l'Esprit par l'accueil
des charismes et la promotion du laïcat, le dévouement
ardent à la cause de l'unité de tous les chrétiens,
l'importance accordée au dialogue avec les religions et
avec la culture contemporaine...
47 - La réflexion des fidèles au cours de la
deuxième année préparatoire devra porter
avec une attention particulière sur la valeur de l'unité
à l'intérieur de L'Église, ce à quoi
tendent les différents dons et charismes suscités
en elle par l'Esprit. À ce sujet, il sera opportun d'approfondir
l'enseignement ecclésiologique du Concile Vatican II, exprimé
surtout dans la constitution dogmatique Lumen gentium.
Ce document important a expressément souligné que
l'unité du Corps du Christ est fondée sur l'action
de l'Esprit, elle est garantie par le ministère apostolique
et soutenue par l'amour mutuel (cf. 1 Co 13,1-8). Cet approfondissement
catéchétique de la foi ne pourra qu'amener les membres
du peuple de Dieu à une conscience plus mûre de leurs
responsabilités, ainsi qu'à un sens plus vif de
la valeur de l'obéissance ecclésiale.
48 - Marie, qui conçut le Verbe incarné
par l'Esprit Saint et qui se laissa ensuite conduire toute sa
vie par l'action intérieure de l'Esprit, sera contemplée
et imitée au cours de cette année surtout comme
la femme fidèle à la voix de l'Esprit, la femme
du silence et de l'écoute, la femme de l'espérance,
qui sut accueillir comme Abraham la volonté de Dieu, "espérant
contre toute espérance" (Rm 4,18). Elle a porté
à sa plénitude l'aspiration des pauvres du Seigneur,
modèle rayonnant pour ceux qui mettent de tout coeur leur
confiance dans les promesses de Dieu.
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Dernière mise à jour 27 janvier 1998