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Magazine SELON SA PAROLE (QUÉBEC) traitant de questions reliées à la spiritualité, l'évangélisation, l'éducation de la foi et la vie en Église
Selon Sa Parole 15 avril 1999 vol. 25 numéro 4



UN COEUR DE PÈRE
Guy Jalbert
Dans le discours après la Cène, Jésus veut rassurer ses apôtres découragés en leur disant qu'il part vers la maison du Père et qu'il va leur préparer une place. Pour eux et pour nous, aucune raison de craindre, car il y a beaucoup de places dans cette maison où Dieu nous attend, car cette maison, c'est le coeur même du Père. L'immensité de ce coeur, comme l'abondance de l'amour qui s'y trouve, sera manifestée dans le projet de Dieu d'avoir une multitude d'enfants rassemblés à sa table, vivant dans son amitié et partageant sa propre vie divine. Jean a bien exprimé ce mystère du coeur du Père lorsqu'il écrit dans sa première épître que Dieu est amour et qu'il a manifesté cet amour en nous donnant son Fils et en envoyant son Esprit pour que nous devenions participants de sa propre vie divine.

UN PROJET D'AMOUR PLUS VIEUX QUE LE MONDE

La science nous dit que notre univers physique est infiniment grand et vieux de plusieurs milliards d'années; en regard du monde physique, l'homme est petit et l'humanité n'a pas une durée de plus de cent millions d'années. Mais la révélation, en Jean et Paul surtout, renverse les perspectives des scientifiques et nous présente un projet de Dieu qui déborde les limites du temps et nous introduit dans l'éternité du mystère de Dieu. L'humanité n'est pas enfermée dans les limites de la création, au contraire, c'est l'univers cosmique et tout le créé qui est assujetti et englobé dans le dessein grandiose de Dieu. Dieu est Père, il veut engendrer et avoir des fils. Sa paternité coïncide avec tout son être, il est Dieu et Père, il est toujours en train d'exercer sa paternité et toute son activité comme sa personne est paternelle. C'est dans ce coeur paternel qu'a été formé ce dessein de Dieu de créer les hommes à l'image de son Fils. Pour se donner des fils à aimer et à combler généreusement, le Père a fait surgir le monde du néant; l'univers a reçu de ce projet sa finalité, la création a d'abord été l'oeuvre d'un coeur paternel. Nous avons existé dans le coeur de Dieu bien avant la fondation du monde.

UN PROJET DE FILIATION DANS LE CHRIST

Aucune limite ne pouvait être posée à la générosité de Dieu pour les enfants avec lesquels il voulait partager sa joie, la limite si l'on peut dire étant celle du don le plus parfait. Le Père aurait pu se contenter d'avoir des fils et d'être père en se créant des enfants appelés à une simple vie naturelle, cette création exprimant un effet de sa paternité. Encore Dieu aurait pu avoir des enfants appelés à vivre dans l'intimité divine et élevés à une vie surnaturelle comme les anges; en effet, les anges sont les créatures de Dieu et ses serviteurs, mais à aucun Dieu n'a dit comme à son Fils et à chacun de nous: "Tu es mon enfant, aujourd'hui je t'ai engendré" (He 1,5). Pour Dieu qui est Père, en créant les hommes, il voulait faire davantage, son projet a été de se donner des fils "dans son Fils", une filiation qui nous fait pénétrer au sein même de l'amour éternel du Père et du Fils. Le sein de l'amour éternel, c'est cela la maison du Père où nous sommes attendus. Quelle extraordinaire espérance nous est offerte dans ce projet de Dieu!

HEUREUSE FAUTE

Le péché du premier Adam risquait-il de faire échec à ce dessein de Dieu? En aucune façon, car Dieu avait prévu le drame du péché dès l'origine et la désobéissance de l'homme n'a pas détourné Dieu de son projet. Heureuse faute, le péché d'Adam et aussi tous nos péchés ont été et sont toujours pour le Père l'occasion de la manifestation d'un plus grand amour. Le mystère pascal (passion, mort et résurrection du Christ) est pour nous le lieu par excellence de la révélation de l'amour du Père pour les hommes. Il faut partir de cet événement pour comprendre le Père et contempler son coeur. Le mystère pascal est par excellence un mystère d'amour, d'abord celui d'un Père qui livre son Fils par amour pour nous: "Dieu a tant aimé les hommes qu'il a donné son Fils unique"; aussi c'est celui du Fils qui livre sa propre vie: "Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime" (Jn 15,14). Tout est amour dans ce Jésus qui se livre aux bourreaux pour nous et, selon Jean, tout n'est pas moins amour dans le coeur de ce Père qui livre son Fils pour nous donner la vie (1 Jn 4,10).

Il n'est pas évident, pour notre raisonnement humain, qu'un père qui livre son fils aux bourreaux soit un bon père, on comprend mieux l'amour du Fils qui livre sa vie pour le salut des hommes. Une certaine théologie de la justice divine exigeant une réparation pour le péché des hommes, a présenté dans le passé l'attitude du Père d'une façon qui en donne une image négative, l'image d'un Dieu intransigeant et sévère qui en quelque sorte a besoin de vengeance et de punition, une sévérité extrême s'abattant sur le Fils immolé... Dans ce style, Bossuet, dans un sermon impressionnant, nous présente "Jésus plongé dans la désolation extrême sous les coups redoublés et multipliés de la vengeance divine", il est frappé non seulement par ses bourreaux, mais le Père "vient frapper lui-même son Fils par les coups de sa main toute-puissante" (Serm. pour le Vendredi Saint). Entre Jésus et le Père, il y a amour parfait, accord parfait, ce que le Père veut, le Fils le veut également. Dieu est amour, tout ce qu'il fait procède de cet amour, et cela s'applique d'une façon éminente à la rédemption, à l'immolation de l'Agneau pascal pour le salut du monde.

LA PATERNITÉ DE DIEU MANIFESTÉE DANS LA RÉSURRECTION DE JÉSUS

"Dieu l'a élevé et lui a donné un Nom au-dessus de tout Nom", "Dieu l'a exalté et glorifié."

Dans cet événement le plus important de l'histoire de notre salut, la paternité de Dieu se manifeste à un double titre à l'égard de Jésus d'abord, puis à l'égard de toute l'humanité.

Le matin de Pâques se réalise d'une manière spéciale en Jésus la parole du psaume messianique: "Tu es mon Fils; moi, aujourd'hui je t'ai engendré" (Ps 2,7). Dans l'événement pascal, Jésus, lui qui s'était volontairement abaissé, est maintenant exalté, dans son corps ressuscité et glorifié, il est revêtu par le Père de toutes les prérogatives de sa filiation divine: "Tout genou fléchit au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers et toute langue proclame, de Jésus Christ, qu'il est Seigneur à la gloire de Dieu le Père" (Ph 2,10). L'action de Dieu ressuscitant Jésus est un geste paternel; en Jésus se réalise le retour du fils perdu (à cause de son amour pour les pécheurs), le Père aimant l'accueille au matin de la résurrection, le serre dans ses bras, le revêt de la plus belle robe, le fait asseoir à sa droite dans le banquet du Royaume et dit à tous les invités: "Mon Fils que voilà était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé" (Lc 15,25).

JE MONTE VERS MON PÈRE ET VOTRE PÈRE (Jn 20,17)

C'est dans le Christ ressuscité que Dieu veut rassembler les hommes et leur donner la qualité de véritables enfants de Dieu. Tout l'évangile de Jean a comme objectif de nous révéler ce grand projet de Dieu de nous donner une vie divine: "Il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu" à ceux qui croiront en Jésus. "De son sein couleront des fleuves d'eau vive", cette eau promise pouvant être donnée seulement après la glorification du corps de Jésus (Jn 7,38-39). Par le don de l'Esprit et par les sacrements, par l'Église rassemblée en une seule famille, c'est une filiation nouvelle et divine qui est donnée aux hommes qui croiront en Jésus. A Marie-Madeleine, Jésus dit: "Va vers mes frères et dis-leur: je monte vers mon Père et votre Père." Ce don de la vie divine aux hommes est un acte de la paternité de Dieu, la paternité consistant dans la génération et le don de la vie. En Jésus qu'il ressuscite et remplit d'une plénitude de vie divine pour nous la donner, par le Christ "premier-né d'entre les morts" (Col 1,18), le Père nous appelle à vivre "une nouvelle naissance" dans la grâce du baptême qui fait de nous de véritables enfants du Père et des héritiers de son Royaume. Notre nouvelle naissance est un acte de sa paternité.

UNE RÉPONSE FILIALE

Dans sa première épître, Jean nous a dit une première fois que "Dieu est Amour" pour nous en donner deux preuves, c'est-à-dire le don du Fils unique et le don de l'Esprit Saint. Ensuite il le redit une deuxième fois pour introduire une recommandation sur la réponse filiale que nous devons donner à Dieu devant les excès de sa générosité paternelle à notre égard. "Dieu est Amour: celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui (1 Jn 4,16). "Si quelqu'un m'aime, mon Père l'aimera, nous viendrons chez lui et nous ferons chez lui notre demeure" (Jn 14,23). Il faut aimer Dieu, puisque Dieu nous a aimés le premier, il faut aimer Jésus et aimer nos frères, en Jésus; il nous est donné de vivre une nouvelle fraternité, nous sommes membres d'une même famille, parce que nous sommes enfants d'un même Père. Retenons ce vibrant appel de Paul à l'unité: "Il n'y a qu'un Corps et qu'un Esprit, comme il n'y a qu'une espérance au terme de l'appel que vous avez reçu; un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême; un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, par tous et en tous" (Eph 4,4-6).

En cette année consacrée au Père, suivons le conseil de Jean-Paul II, pratiquons la vertu de l'amour et ouvrons nos coeurs à tous nos frères et soeurs mal-aimés; pardonnons-nous mutuellement et évitons la violence. Alors nous serons les vrais Fils de Celui "qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes" (Mt 5,45).



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Dernière mise à jour 2 mai 1999

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