SSP 2001 n.3 Les vertus théologales et l'exercice du charisme de foi Guy Jalbert, o.m.i.

Le rôle des vertus théologales dans l'exercice du charisme de foi.
Guy Jalbert, o.m.i.

Pour expliquer l'apport particulier de chacune des vertus théologales à l'exercice du charisme de foi, je vais commencer par faire le commentaire du texte de saint Paul dans l'épître aux Romains sur la foi d'Abraham et celui d'une démarche de foi suggérée en saint Jean au chapitre 15, verset 7.


La foi d'Abraham

" Espérant contre toute espérance, Abraham crut et devint père d'une multitude de peuples, selon qu'il fut dit : Telle sera ta descendance. C'est d'une foi sans défaillance qu'il considéra son corps déjà mort - il avait quelque cent ans - et le sein de Sara, mort également ; appuyé sur la promesse de Dieu, sans hésitation, ni incrédulité, mais avec une foi puissante, il rendit gloire à Dieu, certain que tout ce que Dieu a promis, il est assez puissant ensuite pour l'accomplir " (Rm 4, 18-21).

Dans ce texte, l'espérance d'Abraham est étroitement liée à sa foi : " Espérant contre toute espérance ", espérant alors qu'humainement, il n'y avait plus d'espérance possible : Abraham avait alors cent ans et Sara quatre-vingt-dix. L'espérance est rendue possible grâce à sa foi dans la promesse de Dieu. Il espère parce qu'il croit. Il attend tout de Dieu, parce qu'il sait que Dieu est fidèle et puissant. Il parvient alors à un degré de foi qui provient du charisme, " sans hésitation ni incrédulité ", une foi qui résiste au doute et à l'indécision. Devant la promesse divine, Abraham choisit de croire en ce Dieu tout-puissant ; c'est un acte de sa volonté libre, portée par la grâce et la lumière de Dieu.

L'espérance est une force surnaturelle qui me fait persévérer dans l'attente des biens connus et promis dans la foi ; une force qui me fait durer dans la fidélité à Dieu au cœur des épreuves et des moments difficiles de ma vie. Abraham choisit d'espérer l'impossible parce qu'il croit que tout est possible à Dieu et il se met alors à louer Dieu : " il rendit gloire à Dieu, certain que tout ce que Dieu a promis, il est assez puissant ensuite pour l'accomplir ". Dans la démarche d'Abraham, la louange a un rôle important et efficace, nous sommes alors au cœur de la démarche de foi charismatique. La louange est le bâton du pèlerin qui chemine dans la nuit de la foi. La prière de louange nous fait ruminer nos convictions sur Dieu et sa fidélité, surtout lorsqu'on loue avec des verbes au passé : " croyez que vous l'avez reçu et vous le recevrez " (Mc 11,24). Le Magnificat est le parfait modèle de la louange qui utilise les verbes au passé pour annoncer le salut à venir, mais qui est déjà présent en Marie : " il a déployé, il a dispersé, il a renversé, il a comblé ". La prière de louange est l'expression de l'état charismatique de la foi de quelqu'un et elle contribue à la faire grandir.


Demandez ce que vous voudrez

" Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez et vous l'aurez " (Jn 15, 7).

Deux conditions pour l'exaucement de la demande : il faut demeurer en Jésus et que les paroles de Jésus demeurent en nous. Le verbe demeurer est employé fréquemment en saint Jean pour exprimer l'amour et l'amitié. " Si quelqu'un m'aime, mon Père l'aimera, nous viendrons chez lui et nous ferons chez lui notre demeure ". Aimer Jésus et aimer Dieu, voilà un fondement pour l'efficacité charismatique de la prière de demande. Abraham a cru et espéré, il a été exaucé parce qu'il aimait Dieu plus que tout. Par l'amour, il était solidement ancré en Dieu, c'est pourquoi son intercession était éminemment efficace.

La deuxième condition, c'est que les paroles de Jésus demeurent en nous ; on peut ici penser plus spécialement à ces paroles qui contiennent expressément des promesses.

Les promesses de Jésus vont demeurer en nous lors-que nous allons véritablement et fermement y croire et que nous allons nous attendre à les voir se réaliser dans notre vie. Les paroles de Jésus demeurent en nous lorsque nous nous en nourrissons, que nous y adhérons fermement dans la foi - c'est là le rôle important de la foi dans cette démarche charismatique - et que nous attendons sans hésiter l'exaucement de la demande. Il est donc clair dans ce texte de Jean, dans les deux conditions posées, que Jean associe les trois vertus théologales dans la démarche charismatique de foi. Si vous réalisez ces deux conditions, alors " demandez ce que vous voudrez et vous l'aurez ". Il ne faudrait pas diminuer le sens et la portée de la promesse de Jésus par notre manque de foi ; Jésus a bien dit : " demandez et vous recevrez " ou encore " tout ce que vous demanderez... ".


Alors donc demandez ce que vous voudrez

C'est le temps de demander. Même si Dieu sait ce dont nous avons besoin, il vous faut une confiance inébranlable dans la réponse qui doit suivre toute prière faite avec foi, espérance et amour. Quiconque demande reçoit ; si vous demandez et que vous ne recevez pas, c'est qu'il manque quelque chose dans votre prière. Priez alors davantage dans l'Esprit, demandez le don de piété, demandez la grâce de la vraie prière. Recevoir une réponse de Dieu, voir s'ouvrir le cœur du Père pour combler ses enfants, voilà des fruits assurés de cette démarche. Si la réponse tarde à venir, ne tombez pas dans la paresse ou la fausse résignation. " Frappez jusqu'à ce que la porte s'ouvre... " (Lc 11, 9).

Il est important, pour votre vie spirituelle et pour la croissance de votre foi, de faire l'expérience personnelle d'être entendu de Dieu et de recevoir de lui une réponse précise et directe à vos prières.


La charité envers le prochain et la communauté

La charité envers le prochain ou envers la communauté est-elle seulement souhaitable ou est-elle est une condition nécessaire ? Le commandement de Jésus, dans l'épisode du figuier desséché, est clair : pour que notre prière ait la puissance de faire arriver l'impossible, il faut être en communion avec tous ses frères, pardonner et se réconcilier : " si vous êtes debout en prière, si vous avez quelque chose contre quelqu'un, remettez-lui " (Mc 11, 25). Jésus parle aussi de la puissance de la prière en commun. " Si deux d'entre vous unissent leurs voix pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux. Que deux ou trois en effet soient réunis en mon Nom, je suis là au milieu d'eux ". Nous trouvons dans l'exemple de la première communauté chrétienne une réalisation de ces recommandations de Jésus. Ils étaient réunis en prière au Cénacle pour demander la grâce de la Pentecôte, ils étaient " fidèles à la communion fraternelle " (Ac 2, 42), " ils n'avaient qu'un cœur et qu'une âme " (Ac 4, 32), c'est pourquoi la puissance de Dieu se manifestait dans leur ministère.

En conclusion de notre réflexion, il convient de dire l'importance de développer nos vertus théologales pour pouvoir agir charismatiquement et faire arriver l'impossible. Soyons de " bons intendants de la grâce de Dieu " (1 P 4, 10) ; la foi, l'espérance et la charité sont des vertus infuses, des dons surnaturels, mais on doit les cultiver. Pourvoir à leur croissance est le fruit de notre souci et de notre décision, il faut vouloir croire davantage, espérer plus et aimer encore plus. Parmi les moyens les plus utiles pour leur croissance, il y a la lecture de la Parole de Dieu et la prière quotidienne.


Démarche de prière en commun

Pour terminer, je suggère une démarche charismatique de prière en groupe, inspirée par le texte de Matthieu 18, 19 : " De même, je vous le dis en vérité, si deux d'entre vous unissent leur voix pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux. Que deux ou trois en effet, soient réunis en mon Nom, je suis là au milieu d'eux ".

Pour faire cette démarche, cinq choses importantes :

1- Il faut dans le groupe un accord explicite, bien formulé, pas seulement tacite. Dans l'union et la communion des croyants, l'Esprit va manifester sa pleine puissance. Il faut un désir d'unité qui touche chaque personne en esprit et en vérité, une union des voix et des cœurs. Et aussi une grande humilité devant Dieu.

2- L'assemblée doit être réunie au nom de Jésus, sa personne est le lien vital qui nous unit tous. Alors la présence de Jésus, en raison de la communion d'amour et de prière vécue dans le groupe, va revêtir de puissance la prière du groupe. Lire à voix haute la parole de Mt 18,19.

3- Vous pouvez demander quoi que ce soit ! Le groupe doit s'entendre sur l'objet de la prière. Ce peut être la guérison d'une personne chère, ou encore des ressources financières pour une œuvre apostolique ou charitable. Faire l'unanimité dans le groupe sur ce que l'on veut demander à Dieu.

4- Demeurer dans la conviction que la prière est entendue de Dieu et dans l'attente d'une réponse favorable.

5- Terminer par un bon moment de louange à Jésus présent au cœur du groupe et agissant puissamment par l'Esprit saint. Faites-en l'expérience : demandez et vous recevrez.

Guy Jalbert, oblat de Marie-Immaculée, est au service du Renouveau charismatique depuis 1973. Il réside chez les Oblats au presbytère Saint-Sauveur de Québec. Missionnaire itinérant, il donne des sessions de formation et participe à des congrès. Il est membre du Comité de rédaction de Selon Sa Parole.

Magazine SELON SA PAROLE (QUÉBEC) traitant de questions reliées à la spiritualité, l'évangélisation, l'éducation de la foi et la vie en Église
Selon Sa Parole mai-juin vol. 27 numero 3


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Dernière mise à jour 10 octobre 2001

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