Des témoins pour notre temps : Le bon pape Jean
Gérard Desrochers


On l'appelait le bon pape Jean. On pourrait l'appeler le pape de la résurrection, le pape du printemps.

C'était lui, Jean XXIII, le vieux pape corpulent qui, dans sa confiance en Dieu, avait prié pour une nouvelle Pentecôte et convoqué le concile Vatican II. Les chrétiens étaient pris d'un saint enthousiasme. Quand il mourut, en juin 1963, les catholiques pleuraient, les protestants pleuraient, tous pleuraient.

Il avait un cœur rempli d'amour, il était doux et humble comme son Maître, rayonnant la paix et la bonhomie, populaire comme aucun pape ne fut. Il était si heureux avec les foules. Tous l'aimaient, lui, le François d'Assise du XXe siècle. Il était comme un adolescent toujours souriant, qui simplifiait les choses compliquées.

Tant d'anecdotes le font connaître. En voici quelques-unes qui permettent de savourer la sainteté de cet homme rempli de l'Esprit et, pourtant, si serein. Henri Fesquet les a groupées dans son livre Les fioretti du bon pape Jean.

En route vers le conclave qui devait le choisir pape, il entendit une bonne dame qui murmurait à sa voisine en le regardant : " Mon Dieu ! qu'il est gros ! ". Il se retourna et lui répondit : " Ma bonne dame, sachez que le conclave n'est pas un concours de beauté ".

" Ce que j'ai éprouvé quand j'ai été élu pape, disait-il, c'est la sensation d'un poupon au maillot. Car la soutane qu'on m'avait mise était très étroite et me serrait comme des bandelettes ".

Le soir du jour où il convoqua le concile, il ne pouvait dormir. Il se dit : " Giovanni, pourquoi tu ne dors pas ? C'est toi le pape ou le Saint-Esprit qui gouverne l'Église ? C'est le Saint-Esprit, n'est-ce pas ? Eh bien dors, Giovanni ! "



" Nous voulons par-dessus tout que le concile soit un acte de bonté ", affirmait-il.

Quelqu'un lui demande, un jour, combien de personnes travaillent au Vatican. Il répond : " À peu près la moitié ! "

Il visite l'hôpital du Saint-Esprit, à Rome. La supérieure, tout émue, lui dit : " Je suis la supérieure du Saint-Esprit ". Il lui répond avec son sourire habituel : " Moi, je suis le serviteur des serviteurs de Dieu ".

Devant une décision difficile à prendre, il se réveille la nuit et se dit : " J'en parlerai au pape ". Réalisant que c'est lui, le pape, il conclut : " Eh bien ! j'en parlerai à Notre-Seigneur ".

On lui demande ce qu'il fera après le concile. Il répond avec simplicité : " J'irai passer une journée à cultiver les champs avec mes frères ".

Lui, l'ancien professeur d'histoire de l'Église, était un optimiste. Au moment si important de l'ouverture du concile, le 11 octobre 1962, il s'adressa aux deux mille trois cents Pères du concile : " Mes oreilles sont offensées quand je vois que certains, dans la situation actuelle de la société, ne voient que ruines et calamités ; ils ont coutume de dire que notre époque a profondément empiré par rapport aux siècles passés ; ils se conduisent comme si l'histoire, qui est maîtresse de vie, n'avait rien à leur apprendre. Il nous semble nécessaire de dire notre complet désaccord avec ces prophètes de malheur qui annoncent toujours des catastrophes, comme si le monde était près de sa fin ". Son cœur d'enfant se blottissait avec confiance sur le cœur de Dieu, son Père.

Il voulait l'engagement des laïcs et leur disait : " Ne restez pas immobiles comme des statues dans un musée ".

" Je souhaite vivre longtemps. J'aime la vie, s'exclamait-il. Tous les jours sont bons pour naître, tous les jours sont bons pour mourir ".

Il aimait la Vierge Marie avec la candeur de l'enfant. " Tout s'embellit avec le sourire de Marie... Tous devraient réciter le chapelet, au moins une fois le jour... Ma Mère, ma confiance ! "

Durant sa pénible agonie, le 2 juin 1963, jour de la Pentecôte et veille de sa mort, l'humble pape Jean tenait parfois les bras en croix sur son lit et murmurait à ceux qui l'entouraient et se lamentaient : " Ce n'est pas le moment de pleurer, c'est un moment de joie et de gloire... Je souffre beaucoup mais avec amour... Mes valises sont prêtes... Je suis près de Jésus... Nous continuerons à nous aimer au ciel... Jésus ! Jésus ! "

Le lendemain, l'univers était en deuil. Un saint venait de mourir.

Magazine SELON SA PAROLE (QUÉBEC) traitant de questions reliées à la spiritualité, l'évangélisation, l'éducation de la foi et la vie en Église
Selon Sa Parole mars-avril vol. 26 numéro 2


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Dernière mise à jour 30 mai 2000

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