Le charisme de prophétie
Ghislaine Denis



Quand nous accueillons en nous l'action de l'Esprit saint, non seulement nous gratifie-t-il de ses dons, mais il se plaît à répandre en chacun de nous ses charismes pour édifier le corps du Christ, pour construire le peuple de Dieu.

Le charisme de prophétie sollicite particulièrement la foi et exige du prophète une foi audacieuse. Ghislaine Denis nous partage ici son expérience du charisme de prophétie.

Nous présenterons son article en deux parties. Dans la présente édition, elle élabore les points suivants :
• Comment accueillir le charisme de prophétie en soi ?
• Comment l'exercer et le développer ?

Bonne lecture !



Saint Paul, dans ses épîtres, nous donne beaucoup de conseils au sujet des charismes et il nous invite à aspirer au charisme de prophétie, à garder l'équilibre, le bon ordre et nous recommande que tout soit imprégné de charité. Il nous dit : " Aspirez aux dons spirituels, surtout, à celui de la prophétie " (l Co l4, 1). Il parle beaucoup de la supériorité de la prophétie sur le don des langues, par exemple, car il dit : " Celui qui prie en langue s'édifie lui-même ; celui qui prophétise, édifie toute l'assemblée " (1 Co 14, 4). Il faut donc, pour accueillir en soi le don de prophétie, le désirer, non pas pour soi mais pour les autres. Il faut le désirer pour que le Seigneur agisse dans notre groupe de prière, pour qu'il rende ce charisme plus vivant, qu'il l'imprègne de sa présence d'une façon plus tangible et plus personnelle. Il ne faut pas en avoir peur ou honte. Il faut le désirer pour se mettre au service des autres.


Accueil de la prophétie chez le prophète

Pour le prophète, il y a deux étapes à la prophétie :

Il doit écouter, recevoir le message du Seigneur, en prendre connaissance.

Il doit être autorisé à le dire, à proclamer le message du Seigneur, le communiquer aux autres. Ce n'est pas tout d'avoir une idée, il faut être capable de la dire.

Le prophète doit se laisser conduire par l'Esprit saint, avoir une grande docilité aux motions de l'Esprit en lui ; il doit se laisser enseigner par Jésus, se laisser former par lui.

Personne, bien sûr, ne peut décider d'être prophète, se déclarer prophète tout d'un coup : cette décision appartient à Dieu. C'est le Seigneur qui choisit et qui demande à la personne de se faire petite, simple et pauvre pour devenir un instrument docile dont il pourra se servir quand et comme il le voudra.

Une autre attitude très importante pour le prophète, c'est l'audace de la foi. Dans l'Épître aux Romains, nous lisons : " Nous avons des dons différents selon la grâce qui nous est donnée. Si c'est la prophétie, prenons pour règle la foi " (Rm l2, 6). Prendre pour règle la foi veut dire que le prophète est invité à user de son charisme en harmonie avec la foi chrétienne, sans s'en écarter, et en proportion de son degré de foi, dans la mesure de l'inspiration reçue, sans en ajouter ni en retrancher.

Plusieurs personnes éprouvent souvent une fausse humilité qui les empêche de parler au nom du Seigneur parce qu'ils ne s'en sentent pas dignes. Pour d'autres, c'est la timidité, la peur de se tromper, la peur d'être un illuminé, la peur de l'opinion des gens. En fait, toutes sortes de peurs... et ils n'osent pas retransmettre la parole intérieure que l'Esprit saint leur inspire.

La peur paralyse beaucoup, mais Jésus veut transformer cette peur en audace. Il nous redit à chacun comme il disait aux apôtres : " C'est moi, n'ayez pas peur ". Il faut vraiment avoir l'audace de la foi pour prophétiser au nom de Jésus, pour dire les paroles que l'Esprit saint dépose en nous.


Ce que doit faire le prophète pour accueillir ce charisme dans sa vie

Tout d'abord, le prophète doit chercher activement la volonté de Dieu et la Parole de Dieu. Il doit se placer continuellement en présence de Dieu par la prière et dans le silence. Ainsi, il deviendra un familier de Dieu et sera capable de reconnaître la voix de Dieu en lui.

Il doit aussi porter dans la prière son groupe ou sa communauté pour en percevoir les besoins. Plus il est en contact avec le Seigneur, plus il connaît les pensées du Seigneur ; plus il vit les problèmes de son groupe, plus le Seigneur lui inspirera les messages pour répondre aux besoins de son groupe.

Une personne se prédispose en priant pour l'Église, pour la communauté et le groupe, et pour que les messages donnés se réalisent, portent la vie et des fruits.

Elle doit être disponible, en état de service et capable de dire intérieurement, au moment où elle ressent que le Seigneur veut parler à son peuple : " Seigneur, que veux-tu dire à ton peuple aujourd'hui ? Parle, ton serviteur... ta servante t'écoute. Sers-toi de moi comme tu le voudras ".


Comment cela se manifeste dans la personne que l'Esprit inspire ?

Difficile à déterminer car c'est différent pour chaque personne. Et le Seigneur s'y prend de diverses façons :


Une première façon

Chez certains, le Seigneur dépose une parole dans le cœur, une parole qui s'imprime, qui dégage une fraîcheur intérieure et qui donne la paix. En même temps, l'Esprit saint donne la certitude intérieure qu'il désire que cette personne donne ce message à l'assemblée. Cette certitude est très importante.


Une deuxième façon

Le Seigneur parle aussi sans parole. Curieux, n'est-ce pas ? Alors, le prophète est invité à dire tout haut ce qu'il ressent dans son cœur, dans tout son être, c'est-à-dire quelque chose qu'il vit dans sa chair et qu'il lui faut exprimer en mots. À titre d'exemple : combien Dieu nous ai-me ; combien il est miséricordieux pour nous, ses enfants ; combien il est tout-puissant... Et le prophète doit traduire cela en mots humains, ce qui est très difficile parce que souvent l'on ne trouve pas les mots justes, des mots assez riches pour traduire l'intensité de ce que nous vivons et que nous avons à transmettre à l'assemblée.


Une troisième façon

Parfois, le prophète perçoit que Dieu veut parler à son peuple. Alors :

• il se concentre sur le Seigneur, non sur des idées préconçues, non sur une chose lue ou entendue dans la journée, mais sur le Seigneur ;

• il prie en langues ;

• il se met à l'écoute : une parole vient, une phrase et, avec elle, la conviction intérieure qu'elle vient de Dieu ;

• il faut qu'il avance dans la foi ;

• il commence avec lesquelques mots qu'il a et le reste va suivre... un peu comme avec une boîte de mouchoirs de papier : on prend le premier et les autres suivent.


Une quatrième façon

En d'autres cas, par un " flash " ou une vision intérieure, le message arrive à la personne. Elle ne doit pas dire ce qu'elle voit, mais donner le message qui s'en dégage.


Une cinquième façon

Pour d'autres, c'est plus facile. Tout le message est inspiré et on le livre textuellement à l'assemblée.


Une sixième façon

Le message est donné en langue et interprété par un autre, au profit de l'assemblée. Il peut être chanté en langue et interprété en chantant. Ce type de message est très beau, un peu exceptionnel, moins fréquent. Mais, dans l'assemblée, sa beauté impressionne, et il agit avec puissance. Ceux et celles qui déjà en ont été témoins peuvent le confirmer.


Une septième façon

La prophétie partagée : le message, initié par une personne, se poursuit par une autre, peut être repris par la première et... Comme si on était branché ensemble, sur le même circuit, pour donner un message à deux ou à trois.


Une huitième façon

Le Seigneur peut nous demander de poser des gestes prophétiques, comme celui du prophète veilleur qui doit avertir le peuple de Dieu qui s'égare, mais ça vient beaucoup plus tard et je dirais que c'est beaucoup plus rare.

L'Esprit saint a sûrement beaucoup d'autres façons d'agir. Il n'est pas limité et travaille dans les personnes ouvertes à son action.


Des signes

Personnellement, dans les débuts, j'avais des signes physiques très forts qui accompagnaient l'inspiration intérieure. Si je ne donnais pas le message, j'avais l'impression d'étouffer... Mon cœur battait si fort qu'il me semblait prêt à sortir de ma poitrine. C'est ainsi que le Seigneur me guidait dans les premières années ; sans cela, je crois que je n'aurais pas avancé.

Et ça se passe ainsi pour plusieurs personnes. Au début, des signes physiques très forts : des tremblements ou des battements de cœur accompagnent les inspirations intérieures pour nous pousser à donner le message reçu à l'assemblée.

Mais plus on chemine dans l'exercice du charisme de prophétie, plus les signes physiques diminuent, jusqu'à disparaître complètement. La certitude intérieure est moins palpable qu'au début. Il faut compter davantage sur la foi que sur des sentiments et le faire avec une plus grande maturité.

J'ai souvent ressenti aussi que le Seigneur prenait ma bouche, mon cœur, ma voix pour parler à travers moi comme si j'étais un relais de transmission. J'écoutais, moi aussi, le message prophétique que je donnais. Non seulement je le donnais, mais, en même temps, je l'accueillais. Il est très important que le prophète accueille, pour lui, le mes-sage qu'il transmet à l'assemblée.


Comment et quand donner la prophétie ?

Le prophète ne doit pas donner sous forme de prière le message pour l'assemblée. En effet, celui-ci perdra alors tout son impact. Il doit demander au Seigneur l'onction prophétique qui le poussera à dire le message tel que reçu avec la certitude que cela vient vraiment de Dieu.

Le prophète utilisera un langage simple, dégagé et donnera le message au bon moment. Il faut parler simplement, d'une manière plutôt brève, concise et claire ; parler aussi pour être entendu. Si vous prophétisez à mi-voix dans un grand groupe, beaucoup n'entendront pas la prophétie. À l'inverse, si vous criez votre message dans un petit groupe, les gens seront probablement trop surpris pour saisir ce que vous dites.

Il faut accorder votre façon de parler à la situation. Si parler au micro ou vous lever est nécessaire, faites-le. Si vous avez tendance à parler très fort, il vous faudra prendre garde à ne pas abasourdir ceux qui vous écoutent.

Il faut prophétiser au moment et à l'endroit convenables. Il se peut que nous recevions une inspiration intérieure et que nous nous sentions poussés à la donner à un moment ou dans un lieu inapproprié - à titre d'exemple : à l'église, durant un office paroissial. Alors, il ne faut pas prophétiser car les gens ne sont pas initiés, ce qui ne cause-rait que gêne et désordre. Et saint Paul lui-même écrit : " Dieu n'est pas un Dieu de désordre, mais un Dieu de paix " (1 Co 14, 33a).

D'ailleurs, au verset précédent, le même Paul affirme : " Le prophète est maître de l'esprit prophétique qui l'anime ". Il faut donc utiliser avec prudence et sagesse le don de prophétie tout en sachant discerner et agir selon les circonstances.

Il importe de prier et désirer progresser dans l'exercice de ce charisme. Saint Paul invite à aspirer aux dons spirituels, à chercher à y exceller, à s'en servir le mieux possible et à rechercher les dons les meilleurs. Il importe de souligner qu'il y a des degrés et une croissance possible dans l'exercice d'un charisme et, particulièrement aujourd'hui, dans l'exercice du charisme de prophétie.

Au début, on l'exerce souvent assez faiblement, timidement. Mais avec le temps, le charisme se raffermit et surtout se purifie. Il y a donc une évolution possible dans l'exercice de ce charisme, évolution que l'on peut favoriser et aider.

(À suivre)

Ghislaine Denis est présidente du Conseil diocésain du RCCFO. Elle est aussi répondante pour le Renouveau charismatique du diocèse d'Ottawa.



Magazine SELON SA PAROLE (QUÉBEC) traitant de questions reliées à la spiritualité, l'évangélisation, l'éducation de la foi et la vie en Église
Selon Sa Parole sept. oct. vol. 27 numéro 4


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Dernière mise à jour 16 octobre 2001

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