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Magazine SELON SA PAROLE (QUÉBEC) traitant de questions reliées à la spiritualité, l'évangélisation, l'éducation de la foi et la vie en Église
Selon Sa Parole septembre-octobre 1999 vol. 25 numéro 7


Les EXORCISMES
Germain Côté
Nouveau Rituel romain - Son contenu

La parution récente du nouveau rituel de l'exorcisme suscite une attention marquée dans les médias et même dans une certaine couche de la population. Il convient d'en instruire le peuple de Dieu et de rectifier parfois ce que certaines informations ont trop, ou pas assez, accentué. Je donne ici un bref résumé du contenu du rituel. On dit souvent qu'il ne faut pas voir le diable partout. C'est vrai. Mais on n'y gagne pas non plus à nier son existence ou son action. Ceux d'entre nous qui exercent ce ministère arrivent vite à une certitude de foi sur ce point.

Le rituel des exorcismes est un livre liturgique de l'Église, le dernier d'une série de livres (missel, lectionnaires, livre des sacrements, indulgences, etc.) qui ont été repris et adaptés aux temps présents à la demande du concile Vatican II. Il compte environ 90 pages. Nous n'en donnons ici que les grandes lignes.

LES FONDEMENTS DU MINISTÈRE DE L'EXORCISME (INTRODUCTION AU RITUEL).

Dieu a créé le monde, le ciel et la terre, les anges et les hommes. Le rituel affirme donc dès le début l'existence de Dieu et la création de l'univers par lui.

Les anges ont été créés bons, doués d'intelligence et de volonté libre.
Lucifer a mal usé de l'excellence qu'il avait, il a perverti son être en refusant de se soumettre au vouloir divin, entraînant avec lui le tiers des anges. Rebellés contre Dieu, ils ne peuvent plus vivre dans son intimité. Quant aux bons anges, ils sont entrés dans
le bonheur béatifique. Satan va s'attaquer au plan de Dieu et tenter de lui enlever les âmes des hommes.

L'homme a été créé bon lui aussi et appelé à partager avec Dieu le bonheur d'une intimité et d'une communion avec lui qui engendrent une plénitude de bien-être. Dieu en avait fait son intendant dans le monde et il en était fier car il pouvait ainsi traiter avec lui comme un père avec son enfant, comme un roi avec son suzerain. Tenté par le diable, Adam a désobéi à Dieu et est tombé sous le pouvoir du diable avec les conséquences connues: le désordre intérieur, la blessure affective, la tendance au péché, la soumission à la souffrance et à la mort.

LE SALUT CHRÉTIEN OU L'ACTION DU CHRIST ET DE SON ÉGLISE.

- Dieu a eu pitié de l'homme. Il lui a envoyé son Fils pour le sauver. Ainsi, le Christ vient arracher l'homme à son malheur, le libérer de ses chaînes et le délivrer de l'oppression du diable. Il a payé la rançon de son salut par la rédemption. Il a rejeté le projet de Satan au moment de la tentation au désert. Il a lutté contre lui durant toute sa vie, faisant connaître le Père et donnant l'Esprit. Il lui a commandé plusieurs fois dans la personne des possédés. Il lui a imposé sa volonté à laquelle Satan ne pouvait résister.
Il l'a vaincu définitivement par sa croix et sa résurrection.

- L'Église a reçu du Christ son propre pouvoir de délier les chaînes de l'homme. Elle exerce ce pouvoir "en son nom" et "par sa puissance divine". Elle lutte dans le monde contre l'action envahissante de Satan :
contre le péché dans les individus, contre les structures de péché dans le monde, idéologiques et mentales, politiques et économiques (nazisme, communisme, capitalisme¼) en ce qu'elles ont de désordonné; contre les interventions diaboliques plus précises comme le culte et le service de Satan lui-même (satanisme), comme l'appartenance à des cercles voués à Satan et à son oeuvre, comme la sorcellerie, l'oppression et la possession des personnes.

L'ACTION DE SATAN

L'action de Satan s'exerce au niveau mondial, au niveau de pays ou de groupes restreints et au niveau des personnes. Nous nous en tenons ici au niveau des personnes. Les moyens dont il dispose sont nombreux, nous les présentons en trois séries progressives: du moins grave au plus grave.

1ère série: La tentation : elle est une séduction pour conduire à l'avoir - au savoir - au pouvoir, et par là au plaisir, à la domination et à la gloire humaine. Il l'amène ainsi au péché.

2e série: L'oppression : elle se diversifie en obsession, en infestation, en sorcellerie, en divination toujours pour nuire, paralyser, empêcher de bien agir, détruire, faire peur et angoisser.

3e série: La possession : elle peut être partielle et occasionnelle, ou entière, permanente et destructrice de l'identité et de l'autonomie de la personne.

LA LIBÉRATION

L'Église exerce fréquemment ce ministère de libération et elle le fait de diverses manières. Le prêtre, dans son ministère ordinaire, possède le pouvoir commun d'opérer ces libérations des obstacles du mal, particulièrement dans l'annonce de la Parole et dans la célébration des sacrements, même si les oppressions relèvent directement ou indirectement de l'action de Satan. Des laïcs, en vertu de leur baptême et de leur confirmation (et du mariage s'ils sont un couple marié), peuvent aussi agir en instruments du Seigneur pour libérer les personnes de l'emprise du mal.

La libération des forces du mal se fait dans l'Église par divers moyens.

Les moyens généraux sont connus : la renonciation à Satan et à ses oeuvres et ses suppôts, l'option nette pour Jésus Christ, avec une nette décision de foi (Credo), la Parole de Dieu lue, accueillie et vécue, la prière, en particulier l'adoration de l'Eucharistie, la participation à la messe et à la communion au Corps et au Sang du Christ, la pratique des sacrements, en particulier du sacrement du pardon, la dévotion éclairée à la Vierge Marie et au saint Rosaire.

Les moyens particuliers : la prière communautaire, très puissance dans le cas des libérations, le ministère de libération proprement dit, qui s'exerce en prolongement du sacrement du pardon et qui comprend :

- la prière sur les personnes pour la libération (style invocatif),
- le fait de couper les liens d'oppression qui retiennent la personne,
- le fait de lever les sorts, les sortilèges, les malédictions,
- la bénédiction des personnes,
- avec l'usage libre de l'eau bénite, de l'encens bénit et des autres sacramentaux en usage dans l'Église.

Ce ministère devrait toujours se terminer par la prière pour la guérison intérieure. Parfois une guérison physique accompagne la guérison intérieure.

L'EXORCISME PROPREMENT DIT

L'action de Satan n'est pas toujours entière. L'oppression peut avoir des degrés différents. Si elle est mineure, c'est-à-dire occasionnelle ou partielle, elle s'exprime par des signes moins sérieux, comme des voix intérieures, des poussées au blasphème, de la haine pour Dieu, pour le Christ, pour l'Eucharistie surtout et pour la Vierge Marie, des goûts de mort, de violence, d'autodestruction, avec une perversion morale plus ou moins accentuée.

En ces cas, un ministère ordinaire de libération et de délivrance peut suffire. Ce ministère doit inclure idéalement la pratique du sacrement du pardon. C'est ce que nous vivons très fréquemment dans notre ministère de libération tel que pratiqué dans les Centres de prière ou dans des ministères personnels exercés par certains prêtres plus au fait de ces besoins des gens.

Si elle est majeure, c'est-à-dire entière et contraignante (le sujet est subjugué), il faut alors recourir à l'exorcisme proprement dit, en tenant compte des mesures de prudence déterminées par l'Église. Le "possédé" doit renoncer à Satan et à son culte, et, s'il a fait un pacte avec lui, il faut le détruire. Il doit consentir à l'exorcisme et y collaborer dans la prière et le repentir de ses péchés. Le nouveau rituel insiste fortement sur cette condition de libération qu'est le repentir profond des péchés.

Autrement dit, la condition "sine qua non" de la libération est une conversion véritable à Jésus Christ.

L'exorciste doit alors faire l'analyse de la situation et consulter les experts en médecine et en psychiatrie "ayant le sens des choses spirituelles", pour voir s'il est en présence d'un cas de réelle possession ou seulement de maladie mentale. L'idéal serait que le traitement s'applique en collaboration du prêtre et de l'expert afin de suivre ensemble le développement de l'opération. Cela n'est pas souvent possible. Ce discernement fait l'objet d'une attention spéciale dans le nouveau rituel et il doit être fait avec sérieux et prudence. C'est ce genre d'exorcisme, quand il est officiel et liturgique, qui requiert la permission et la délégation de l'évêque.

LE DÉROULEMENT DE L'EXORCISME.

Le déroulement de l'exorcisme est simple, il comporte deux étapes:

À la première étape, il contient les éléments communs:
- l'aspersion d'eau bénite, en rappel du baptême du "possédé",
- une prière litanique pour obtenir l'intercession des saints,
- une proclamation d'Évangile car la Parole de Dieu est puissante et agissante du moment qu'elle est reçue dans la foi,
- des psaumes choisis qui exaltent le domaine et la victoire de Dieu sur les forces du mal,
- le Symbole de la foi (Credo) et la prière du Seigneur (Notre Père).

À la deuxième étape, il contient les autres éléments plus spéciaux:
- l'ostension de la croix du Seigneur, avec une prière significative,
- les signes de la croix fait sur le possédé,
- l'imposition des mains comme geste d'assistance au malade,
- la prière d'exorcisme, avec la formule déprécative ou impérative selon le cas. La forme impérative s'adresse directement à Satan pour lui ordonner de libérer et de quitter le frère ou la sœur tourmentés, avec le commandement très net de n'y plus revenir,
- une conclusion par un cantique d'action de grâce et une bénédiction.

CONCLUSION

Il se peut qu'il ne se passe rien de bien éclatant et que Satan refuse malgré tout de partir. Il faudra répéter l'exorcisme, même à plusieurs reprises, sans se décourager. Parfois une libération totale s'étendra sur plusieurs jours, voire des semaines et des mois. Généralement le diable finit par s'user à la lutte et par quitter la personne tourmentée.

Il faut avouer aussi que ce ministère est très exigeant et demande une force de volonté peu ordinaire, que l'exorciste obtiendra non seulement par sa prière personnelle mais aussi par celle d'une communauté chrétienne fervente.

NOTE D'AUTEUR

L'abbé Germain Côté est membre de l'Institut Voluntas Dei. Il est engagé depuis de nombreuses années dans le Renouveau charismatique. Prédicateur, il est actuellement rattaché au Centre de Prière l'Alliance de Trois-Rivières

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Dernière mise à jour 2 août 1999

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