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Magazine SELON SA PAROLE (QUÉBEC) traitant de questions reliées à la spiritualité, l'évangélisation, l'éducation de la foi et la vie en Église
Selon Sa Parole janvier-février vol. 26 numéro 1


Du dehors... au dedans...


Que j'ai pris du temps à comprendre un peu ce mot, " PAUVRE " !

J'ai longtemps pensé que le pauvre était celui qui n'avait rien, qui manquait du nécessaire, qui n'a pas de nom. Et je ne voulais pas devenir ce pauvre-là. Je voulais comme les gens autour de moi avoir un nom (c'est important pour faire des affaires), profiter de la vie, acheter un bon système de son, me " payer la traite " de temps à autre, fréquenter de bons restaurants. Et je trouvais et trouve encore légitime de désirer et se donner un certain confort et une certaine aisance.

Puis, un jour, la tempête a déferlé sur ma maison et elle a tout chamboulé. Finie la quiétude tranquille de la complaisance ! Finie la belle réputation ! Déjà, on me montrait du doigt, on s'éloignait de moi comme d'une chose frelatée. Et j'ai connu la privation, l'impossibilité de profiter à mon goût d'un salaire, de vacances qui me paraissaient pourtant bien méritées. J'ai appris par la dure à regarder ailleurs, autrement. Et lentement, très lentement, d'autres cieux se sont ouverts... en même temps que s'évanouissait peu à peu la colère qui m'habitait. J'ai pris du temps à pardonner, à me pardonner. Moi qui croyais que j'étais parfait (d'ailleurs j'avais trimé dur pour y arriver) ; que j'avais toujours raison et que je comprenais mieux et plus que les autres ; que tout m'était dû parce que j'avais travaillé fort, que je bûchais, corps et âme, pour me tailler une place. Moi qui me croyais capable de me construire et de me bâtir seul.

Certes, je me disais croyant alors que j'accomplissais des rites. Je possédais davantage Dieu que j'étais possédé par Lui. Je le priais souvent par devoir pour que le ciel ne me tombe pas sur la tête, comme Astérix ou Obélix. Je le priais surtout par habitude, du bout des lèvres, mais le coeur...

J'étais riche... et je ne le savais pas ; j'étais fermé à sa grâce, à son Amour. Pourtant je savais tellement de choses sur Dieu. Mais je ne le connaissais pas. Comme le jeune homme riche, j'étais correct : j'observais la loi et je retournais chez moi. J'ai crié vers le Seigneur : peut-être ma première prière vraie. Et la Lumière est venue habiter mes ténèbres.

Cette lumière a éclairé ma vie dans ses moindres recoins. J'ai vu tous mes refus, tous mes éloignements. J'ai vu mon péché, mes péchés et surtout le plus grave à mon sens : celui de penser et de vouloir me bâtir par mes propres forces et par mes propres initiatives, me créer sans Lui.

Alors, il m'a montré que j'avais tout reçu, que tout ce que j'étais m'avait été donné par pure gratuité. Tout ce qui faisait ma beauté m'était arrivé par DON. Monta alors dans mon coeur un chant de louange et une impressionnante liste de mercis pour tous ceux qui m'ont tant et tant donné : parents, amis, professeurs, élèves, membres des groupes de prière, prédicateurs et maîtres de spiritualité, écrivains, prêtres, religieux et religieuses. Même mon chien m'a permis d'approfondir ma tendresse et surtout ma patience.

Lentement, je vis l'expérience extraordinaire de la pauvreté et de l'humilité. Je m'ouvre davantage à la grâce ; je commence à ne plus garder égoïstement pour moi tout seul. Par elles, j'apprends à accueillir tout ce que me donnait le Pauvre d'entre les pauvres, la Pauvreté infinie. Lui, " le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu. Mais il s'est anéanti, prenant la condition de serviteur " (Ph 2, 6-7a) pour que nous soyons riches de sa grâce et que, tournés vers le Père, nous soyons enfin réconciliés avec Lui, en nous-mêmes et avec tous.

C'est dans et par cette pauvreté et cette humilité que le Seigneur me bâtit et édifie en moi la personne à son image comme sa ressemblance. C'est à travers elles qu'il me transfigure, imprime en mon coeur son Amour et me donne sa Joie et sa Paix.

Tout me manque quand je me détourne de Lui et que, par là, je manifeste mon péché. Quand je m'attache à ses pas et que Sa loi règne dans mon coeur, alors je ne manque de rien.

Et comme le psalmiste, j'ai le goût de crier : " Goûtez et voyez comme Yahvé est bon ; heureux qui s'abrite en lui ! Craignez Yahvé, vous les saints : qui le craint ne manque de rien " (Ps 34, 9-10).

Que sa Grâce tombe sur chacun de nous comme la rosée qui désaltère et fait vivre !

Jacques Corriveau

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Dernière mise à jour 31 mars 2000

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