Page d'accueil | Sommaire | Jubilé | Activités | A retenir | Informations nationales | Informations internationales


Selon Sa Parole 15 février 1998 vol. 24 numéro 2

Témoignage

Le Seigneur nous invite à devenir des saints et des saintes
par Huguette CAMIRAND,

directrice du Centre de Prière l'Alliance à Trois-Rivières
photo huguette camirand

Les saints sont des gens qui ont accepté une bonne fois d'être toujours déroutés: c'est devenu leur pain quotidien. Si tout est trop bien planifié, si nous avons tout organisé, si nous nous sentons en sécurité parce que, dans notre volonté, tout est bien décidé et bien en place, disons-le franchement, ce n'est pas la route de la sainteté. La personne qui a des idées ne doit pas s'y cramponner. Quand on regarde les choses spirituelles d'une manière humaine, cela veut dire qu'on ne les prend pas au sérieux. Le thème de la sainteté pourrait se résumer en peu de mots: Laissons-nous faire, ce qui veut dire "soyons petits". Ce n'est pas si difficile à pratiquer; mais c'est très difficile à comprendre. "Se laisser faire par Dieu", accepter de regarder le Christ, ce n'est pas banal du tout. Nous ne pouvons pas non plus éviter de nous tromper de temps en temps. Le problème n'est pas d'éviter de dérailler mais d'être toujours assez souples pour que Dieu nous remette sur les rails en "nous laissant faire" bien entendu. Nous nous entêtons souvent et c'est la mort. Pourquoi cela arrive-t-il? Il est dit dans la Parole de Dieu, c'est dû à l'endurcissement de votre coeur. Le chemin étroit qui mène à la "vraie vie", à la sainteté n'est pas si difficile à gravir; il est difficile à trouver.

Présentons-nous au Christ comme des enfants, des "tout-petits", qui ne savent rien: qui ont tout à apprendre et à comprendre. Laissons-le ouvrir nos yeux à la vraie lumière en nous laissant conduire par l'Esprit-Saint. Dans l'Évangile, il y a des secrets de sainteté; quelque chose que les hommes n'osent pas creuser et que le Christ présente clairement. Ces secrets sont: les Béatitudes, le Royaume des Cieux et la porte étroite. Voilà des secrets qui donnent tout un programme de vie, de vraie vie! Dommage, il n'y en a pas d'autre! L'Évangile est pour "le peuple" et non pour les intellectuels et c'est en acceptant d'être "peuple" qu'on peut avec la grâce, se laisser toucher. Si quelqu'un lit l'Évangile sans être bouleversé par le Christ, c'est qu'il n'a pas compris. Il est intellectuel et non "peuple". Vous savez, on ne peut rien faire pour expliquer l'Évangile qui mène à coup sûr à la sainteté si l'on n'éprouve rien. Il faut d'abord vibrer, être remué, secoué, attendri, gagné au Christ. Le secret de l'Évangile est "pour les petits" qui accueillent, qui veulent et qui se laissent faire. "Le Royaume des Cieux est pour les petits", dit Jésus.

Les apôtres furent enseignés par le Christ, les saints et nous-mêmes, par l'Église, ce qui est exactement la même chose. Tout l'enseignement du Christ repose sur son grand commandement: aimer. Aimer, c'est d'abord être attiré, séduit, captivé. Il faut céder de tout de coeur à cette séduction, à cet attrait, "se laisser faire" pour que s'épanouisse notre bonheur en Dieu à travers le Béatitudes, chemin de sainteté, l'idéal de cette réalité nous est laissé par le Christ lui-même: "Je veux que vous ayez la joie en plénitude". Examinons notre coeur pour voir que souvent nous perdons la joie, la joie intérieure. Si nous la perdons, c'est que nous retournons à nous-mêmes, à nos misères au lieu de rester le regard fixé sur le Christ qui permet ces événements pour nous grandir et nous épanouir dans la foi. C'est le combat spirituel vers la sainteté. Encore une fois, il faut "laisser faire" la grâce qui est une puissance extraordinaire qui pousse à se donner à Dieu. Et ce qui nous attend ce n'est pas l'immortalité, c'est l'éternité. Quel mot plein d'espérance! Oui l'éternité! Qu'est-ce que Dieu demande en fait? Pas grand chose, sinon de croire à l'éternité bienheureuse, à la promesse éternelle. Ce qui arrive souvent , c'est que notre pensée se heurte à la pensée de Dieu et elle ne veut pas céder. Que nous manque-t-il alors? Il faut se convertir, "se laisser faire" par Dieu.

Pourtant le Saint-Esprit nous attire, nous travaille et nous retourne avant même que la Trinité "les trois" puisse venir en nous pour y établir sa demeure. Un jour, peut-être, quand nous donnerons notre accord, la racine qui alimente notre inquiétude et notre volonté obstinée mourra et nous serons libres.

Les saints sont de vrais nageurs et non des apprentis. Ils ont une bouée de sécurité: Dieu, le maître-nageur. C'est à lui seul qu'ils font confiance, jamais à eux-mêmes. Au début, les saints cherchaient par eux-mêmes à aimer Dieu; au terme - ils comprennent qu'il suffit de se laisser aimer par lui tout doucement en se "laissant faire". Quand on dit franchement "Dieu y pourvoira" on peut dire qu'on commence à être de vrais chrétiens convaincus. On est dans la barque et on se laisse glisser au fil des eaux sans craindre. On abandonne le gouvernail, on ne décide plus rien par soi-même, sinon ce qui est inspiré de l'Esprit. Il est très facile de toucher le coeur d'un saint, mais il est impossible de le troubler vraiment. Sa paix demeure inaccessible, il est appuyé sur du solide. Vous voyez: il n'y a pas d'autre sainteté possible: nous avons en nous le vieil homme et il faut qu'il meure. C'est cela la conversion, c'est cela "se laisser faire". "Celui qui accueille un saint comme un saint recevra une récompense de "saint", disait sainte Jeanne d'Arc." Les saints seront toujours des signes de contradiction qui révèlent le secret des coeurs.

Voyons où nous en sommes, nous qui sommes un peu tous engagés dans la foi. Le véritable engagé ne parle pas de son engagement comme quelque chose de lourd, il parle de son trésor, c'est-à-dire ce qui fait son bonheur. Si nous aimons vraiment Jésus-Christ, nous nous réjouirons qu'il n'y ait pas de solution en-dehors de lui, le Sauveur; donc c'est être assez petit pour dépendre uniquement de lui. La seule et unique collaboration que nous puissions apporter à Dieu, c'est de dire "oui" à une action qui n'est pas la nôtre, dire notre "Fiat" comme Marie, et comme elle "se laisser faire" par l'Esprit de Dieu. Il s'agit en somme de cultiver cette souplesse qui nous remet entre les mains de Dieu; pour cela, il faut résister à l'orgueil quand il se présente déguisé sous des dehors de bien-être, de passion du coeur, d'amour de posséder des choses souvent même nuisibles à notre liberté. Vous savez, il est plus facile de renier un péché honteux qu'un péché glorieux. L'Église doit toujours être pour nous le refuge, non pas d'abord une exigence, mais une protection. L'Église nous tient dans l'Amour de Dieu à travers les sacrements. Elle nous enseigne par la parole que s'exercer à l'amour, s'exercer à mourir à nous-mêmes ou s'exercer à la confiance, c'est la même chose. Pour avoir confiance, il faut craindre d'offenser Dieu, c'est à lui qu'on se donne et c'est lui qui nous fera désirer la sainteté en le suivant dans ce que l'Église nous enseigne. Dieu a beau faire, il ne peut sauver quelqu'un, encore moins l'amener à la sainteté, s'il n'a pas confiance. Toutes les fois que nous nous appuyons sur autre chose que sur lui, nous lui retirons notre confiance. Tant qu'à espérer notre salut, autant espérer la sainteté. Il n'est pas plus facile d'être sauvé que d'être un saint.

Disons pour terminer qu'il est bien vrai que si chacun de nous était meilleur, le monde entier serait meilleur. Le pire des péchés, c'est de vouloir se mettre à part du péché et ne pas croire que nous sommes de pauvres pécheurs. Alors, abandonnons-nous à la miséricorde pour ne jamais amoindrir l'Évangile. Ceux qui cherchent à atténuer, à adoucir le scandale de l'Évangile doivent par le fait même évacuer la croix. Pas de sainteté sans croix, pas de croix sans être au coeur de l'Évangile.


Retour à la page d'accueil

Dernière mise à jour 7 février 1998

Page d'accueil | Sommaire | Jubilé | Activités | A retenir | Informations nationales | Informations internationales