Nicodème et les chemins de conversion
L’abbé Jean Brassard

 

 


Naturellement, il ne s’agit pas ici de faire une exégèse des textes qui concernent le personnage de Nicodème dans l’Évangile de Jean. La tâche serait longue et ce n’est pas le but de ces numéros qui portent sur la foi. Je me permettrai cependant de vous référer à un ouvrage important, celui d’Yvon Simoens, Selon Jean, en 3 tomes, publié par les Éditions de l’Institut Théologique à Bruxelles, en 1997. J’ai voulu saisir le personnage dans l’ensemble du corpus johannique et m’approcher de lui comme lui-même s’est approché de Jésus.

 

 

 

 

Je me suis toujours laissé intriguer par Nicodème. Ce personnage que nous présente Jean a plusieurs parentés avec les personnages de l'Évangile. Comme Paul, il est un pharisien qui se fait mettre à sa place par ses pairs (Jn 7, 50-53) après sa rencontre (Jn 3, 1-21) avec Jésus qu’il accompagnera pour son ensevelissement (Jn 19, 39).

 

Comme l’aveugle-né, Nicodème passe des ténèbres à la lumière et, de Jésus, il reçoit l’ultime guérison.

 

Comme on le demandera à Pierre au moment du procès de Jésus, les pharisiens lui adressent la question suivante : Serais-tu Galiléen toi aussi ?

 

Donc, le personnage va suivre Jésus du début de son ministère - ministère de prédication et d’enseignement - jusqu’au moment de l’accomplissement et de la croix qui sauve. Il voit Jésus présent dans sa naissance parmi le peuple ; il voit : « le Logos s’est fait chair et il a planté sa tente parmi nous », (Jn 1, 14) jusqu’à ce qu’il renaisse d’en haut par la croix glorieuse.

 

Jésus est la réponse à la question de Nicodème : « Comment un homme devenu vieux peut-il naître de nouveau ? ». Naître d’eau et d’Esprit saint :

 

Naître d’eau par le ministère de Jean le baptiste. Et le baptême de Jésus confirme la filiation par l’annonce du Père, « Il est mon Fils       écoutez-le ! ».

 

Naître d’Esprit saint : sur la croix, Jésus donne son souffle et, dans le même mouvement de sa mort, il y a le don de la vie éternelle pour entrer dans le Royaume.

 

L’Esprit, voilà peut-être le nom du Royaume des cieux puisqu’il est comme la promesse qui se réalise par le ministère de Jésus. Jésus promet l’Esprit saint comme l’accomplissement de sa réalité profonde et de la confession ultime : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ».

 

Nicodème fait donc partie de ceux qui se détachent graduellement du judaïsme officiel et vont devenir des disciples de Jésus. Il devient un proche de Jésus qui va aussi hésiter entre sa situation qui l’identifie presque au jeune homme riche. Il va devoir tout quitter pour suivre Jésus, quitter ses nombreux biens : d’abord quitter la connaissance car les pharisiens sont des docteurs de la Loi et des savants, et font partie de la faculté ; quitter aussi le pouvoir politique et le pouvoir temporel. Ainsi, il passera de l’argent du temple aux fruits de l’Esprit. Nicodème va, à certains égards, déchirer les rideaux du temple pour pouvoir passer de la mort à la vie.

 

Nicodème, comme Marie de Magdala, appellera Jésus, « Maître », et apprendra graduellement à se rapprocher de lui. Il apprendra graduellement à dépasser les conventions entre un serviteur et son maître, pour devenir celui qui va déranger un ami, en pleine nuit, pour lui demander du pain. Jésus pourra désormais l’appeler ami et non serviteur.

 

Quand Nicodème appelle Jésus « Rabbi », il se situe dans un rapport d’intelligence, de maître à élève. Marie utilisera « Rabbouni », révélant ainsi une intimité plus grande dans sa relation avec Jésus.

 

Je crois que l’Évangile de Jean nous montre, par le personnage de Nicodème, le premier pas de la conversion : il s’est laissé étonner par Jésus. Puis, sa foi s’est transformée d’une foi de la raison et de la tradition en une foi de la nouveauté et de la conversion profonde.

 

Comme Nicodème, il nous faut aussi nous rendre jusqu’au tombeau de Jésus. Il ne faut pas abandonner l’Évangile en chemin, en faire un épisode dans sa vie. C’est partout et dans tous les moments qu’il faut se faire témoin de Jésus. Nicodème passe de l’étonnement à la fidélité du disciple.

 

Nous voici au temps de Noël, le temps de la naissance, le temps de la nuit vaincue, le temps de naître, nous aussi, de l’eau et de l’Esprit saint.

 

Comme Nicodème, il serait bon de faire de notre nuit de Noël, la nuit de la rencontre avec Jésus, là où nous allons nous laisser transformer pour naître d’en haut.

 

Le voici le temps favorable où nous constaterons que, de Galilée, il peut naître quelque chose de bon et surtout que, de la Croix de Jésus, l’Esprit nous fait renaître. Pour nous aussi, le vent souffle où il veut.

 

Nicodème est sûrement né religieux ; quand il quitte Jésus, il est devenu croyant. Je nous adresse la question : Sommes-nous religieux ou croyants?

 

L’abbé Jean Brassard est répondant pour le Renouveau charismatique du diocèse de Chicoutimi. Il est modérateur des paroisses Notre-Dame-d’Hébertville, Saint-Wilbrod et Saint-Bruno. Il est aussi membre du Conseil canadien du Renouveau charismatique et collaborateur à la revue Selon Sa Parole.

 

 

Magazine SELON SA PAROLE (QUÉBEC) traitant de questions reliées à la spiritualité, l'évangélisation, l'éducation de la foi et la vie en Église
Selon Sa Parole novembre-décembre vol. 27 numéro 5

 

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Dernière mise à jour 8 décembre 2001

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