TÉMOINS POUR NOTRE TEMPS

Saint Ambroise de Milan

par Jean Brassard

Au quatrième siècle, la figure d'Ambroise se dresse, quand on l'étudie de près, de manière magistrale, pastorale et spirituelle. Ce grand saint, dont on fête la consécration épiscopale le 7 décembre, a tout ce qu'il faut pour nous édifier. En effet, il est un pasteur et un homme d'une foi exceptionnelle. Il est né à Trèves autour de 337 (au plus tard en 339) d'un père du même prénom, préfet des Gaules, et d'une mère admirablement chrétienne.

Nous allons parcourir sa vie à partir d'une hymne admirable dont il est l'auteur.

Ô Dieu qui créas l'univers

Et les cieux ; tu revêts

Le jour de l'éclat de la lumière,

La nuit de la douceur du sommeil.

La naissance d'Ambroise pourrait compter parmi les œuvres du Seigneur les plus admirables. Sa véritable naissance, celle qui nous le fait connaître et prier, est l'acte créateur de sa vie de baptisé. Préfet de police à Milan, il doit se rendre à l'élection du nouvel évêque du lieu, celui de Milan. Auxence, l'évêque arien, est mort. Sur les lieux, catholiques et ariens s'affrontent. Celui qui n'est encore que catéchumène fera l'unanimité des deux partis. On croit que c'est le premier décembre 374 que le nouvel élu sera choisi pour être baptisé et conduit à l'épiscopat au terme du septième jour de ce mois. Du catéchumène que rien ne prédisposait à ce rôle, il est créé évêque pour la gloire de Dieu. À partir de ce moment, il devra, selon ses propres mots, réussir presque l'impossible : Unique est le vrai maître qui seul n'a pas appris ce qu'il devait enseigner à tous, tandis que les hommes apprennent d'abord ce qu'ils doivent enseigner et reçoivent de lui ce qu'ils doivent transmettre aux autres. Or, cette chance même ne m'a pas été donnée. Pour moi, en effet, arraché aux magistratures et aux insignes de la fonction publique en vue du sacerdoce, je me suis mis à vous enseigner ce que moi-même je n'avais pas appris. Et ainsi il m'est arrivé de de commencer à enseigner avant d'apprendre.

Le repos rend les membres épuisés à leur tâche quotidienne ;

Il soulage les cœurs fatigués et dissipe l'angoisse des soucis.

Nous te rendons grâce pour ce jour, nous faisons à la tombée de la nuit

Des prières et des vœux pour que tu viennes à notre secours.

Ce ne sera pas sa formation d'avocat qui le dirigera dans sa nouvelle vocation. Sa formation, reçue à Rome après que sa mère devenue veuve s'y installât, n'en fait pas l'écrivain technique que l'on connaît mais l'orateur puissant formé à l'école de Cicéron, Virgile, Saluste et Horace et des maîtres grecs comme Platon, Euripide ou Sophocle. Il se mettra à partir de son ordination épiscopale à une tout autre école, celle d'un prêtre expérimenté, Simplicien, qui l'initie aux Écritures et aux Pères grecs, mais sans négliger Philon et Plotin. Après s'être débarrassé de ses richesses et avoir distribué ses biens aux pauvres, il apprend son métier d'évêque et, au-delà des tâches administratives, on le voit pourfendre les hérétiques et combattre le paganisme. Dans un traité sur Naboth, il écrit en apôtre social : Ce n'est pas de ton bien que tu distribues aux pauvres, c'est seulement sur le sien que tu lui rends. Car tu es le seul à usurper ce qui est donné à tous pour l'usage de tous. La terre appartient à tous et non aux riches, mais ceux qui n'usent pas de leur propriété sont moins nombreux que ceux qui en usent, ainsi tu paies ta dette bien loin de faire des largesses gratuites. Il peut maintenant prêcher cette foi qu'il fait sienne, et s'affirme devant l'hérésie arienne même si elle est embrassée par l'empereur. Ambroise affirmera toujours l'indépendance de l'Église vis-à-vis de l'état et il rappelle un principe qui le guidera dans ses décisions : L'empereur est dans l'Église, il n'est pas au-dessus d'elle. Je crois personnellement que nos évêques devraient s'inspirer de ce principe. Il permet non pas de quémander mais de s'affirmer comme croyant.

Du fond du cœur nous te chantons avec nos hymnes les plus belles ;

Nous t'aimons du plus pur amour et nous adorons ta grandeur.

Les heures sombres de la nuit relaient la clarté du jour,

Mais la foi n'a point de ténèbres et la nuit est illuminée par elle.

Le pasteur Ambroise est un prédicateur dont Augustin affirmera l'exceptionnelle valeur dans ses Confessions. Je l'écoutais tous les dimanches exposer parfaitement la doctrine de vérité et, de plus en plus, s'affermissait en moi la certitude que tous les nœuds d'astucieuses calomnies, que les imposteurs façonnaient contre les divines écritures pouvaient être défaits... Et lorsque soulevant le voile mystique, il découvrait le sens spirituel là où la lettre semblait enseigner une erreur, il ne disait rien qui me déplût, quoique j'ignorasse encore s'il disait la vérité.

C'est Ambroise qui baptisera Augustin. C'est aussi Ambroise qui enseignera à son peuple la prière communautaire qu'il voit comme une arme contre les assauts de l'empereur.

La sainteté d'Ambroise, c'est le pasteur, le prédicateur, l'écrivain sacré qui commente la Genèse, les livres de Tobie et l'Évangile de Luc (À LIRE). C'est l'auteur des traités sur la virginité qu'il consacre au couronnement des vierges, comme sa sœur Marcelline, et c'est aussi sa préoccupation de pauvres qui se bousculent à sa porte.

La sainteté d'Ambroise, c'est sa dévotion eucharistique ; quand il parle de l'Eucharistie, il s'emflamme et mû par une forte conviction, il l'annonce et la présente comme l'Ivresse du Christ vivant en nos cœurs. Il invitera chaque croyant à se présenter ainsi pour recevoir la communion. Tiens-toi debout, fier et humble. Avance ta main comme un trône pour y recevoir ton roi mais aussi ton seul et unique pasteur. Même sans nous, il est le tout que nous adorons, sans lui nous ne sommes rien.

La sainteté d'Ambroise, c'est aussi son attitude devant la mort ; en 397, dans un commentaire sur le psaume 44, il écrit : Il est dur de traîner aussi longtemps son corps déjà enveloppé des ombres de la mort. Lève-toi Seigneur, pourquoi dormir ? Me repousseras-tu pour toujours ?

Ambroise est une figure édifiante qu'il fait bon de mieux connaître. Avant Noël, laissons-nous inspirer par cet évêque qui a affirmé le Christ vivant, par ses écrits, ses attitudes inspirées de la justice sociale à la manière de l'apôtre Jacques et qui a vécu sa vocation de baptisé après une conversion et une vocation à l'image saint Paul.

Chasse les sollicitations impures, sois le repos constant de nos cœurs,

Ne laisse pas la ruse du malin en troubler la douceur.

Prions le Christ et le Père, l'Esprit de l'un et de l'autre ensemble ;

Ô puissante Trinité, garde sans cesse ceux qui te prient.



L'abbé Jean Brassard est répondant pour le Renouveau charismatique du diocèse de Chicoutimi. Il est aussi modérateur des paroisses Notre-Dame-d'Hébertville, Saint-Wilbrod et Saint-Bruno.





Magazine SELON SA PAROLE (QUÉBEC) traitant de questions reliées à la spiritualité, l'évangélisation, l'éducation de la foi et la vie en Église
Selon Sa Parole novembre-décembre vol. 26 numéro 5


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Dernière mise à jour 22 décembre 2000

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