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Magazine SELON SA PAROLE (QUÉBEC) traitant de questions reliées à la spiritualité, l'évangélisation, l'éducation de la foi et la vie en Église
Selon Sa Parole 15 avril 1999 vol. 25 numéro 4



DE MES FAUSSES LIBERTÉS À LA VRAIE LIBERTÉ
Ginette Bacon

Parler de l'appel de Dieu n'est jamais bien facile et c'est parfois même délicat car il s'agit toujours d'une expérience très intime et personnelle. L'appel de Dieu touche toutes les fibres personnelles de notre être.

Mais je crois à l'importance et à l'impact du témoignage car il est une marque de reconnaissance pour ce que Dieu a fait par amour pour chacun(e) de nous. Si j'accepte aujourd'hui de venir me livrer dans la revue Selon sa Parole c'est que je crois sincèrement que ma vocation, je la dois aussi à mon expérience au sein du Renouveau charismatique.

Ma vie de consacrée au service du Seigneur a poussé un peu comme une graine de moutarde. La graine de moutarde est la plus petite de toutes les graines qui sont sur la terre et pourtant une fois semée, elle monte et devient la plus grande de toutes les plantes potagères...au point que les oiseaux du ciel peuvent s'abriter sous son ombre (cf. Mc 4,30-33).

1er SIGNE DE L'APPEL À LA VIE RELIGIEUSE (la petite pousse de moutarde...)

Élevée dans une famille chrétienne du Québec, j'ai appris à prier très jeune avec les membres de ma famille et les religieuses qui m'enseignaient.

Un jour, alors que j'avais 7 ans, j'étais à l'école et une religieuse missionnaire passait dans les classes pour nous parler de son expérience en mission lointaine auprès des petits chinois. À la fin de son exposé, elle nous demanda; "Qui parmi vous va me remplacer lorsque je serai vieille et ne pourrai plus travailler au loin?." - Je m'empressais donc de lever la main avec une ferme conviction que j'étais l'heureuse élue... Elle se dirigea vers moi, me fit une petite croix sur le front et me dit: "Un jour, tu seras missionnaire là où Dieu le voudra..." Depuis ce jour, je n'ai jamais oublié ce message qui s'est concrétisé beaucoup plus tard avec toute la patience du cheminement nécessaire et surtout la grâce d'un appel certain à la vie religieuse.

2e SIGNE DE L'APPEL À LA VIE RELIGIEUSE (la pousse qui grandit jour et nuit dans le temps...)

À l'âge de 14 ans, j'étais aux études secondaires et aimais beaucoup fréquenter la bibliothèque. J'avais emprunté le volume: "Elle a beaucoup aimé..." de Soeur Estelle Mitchell s.g.m. ne sachant pas trop de quoi on pouvait raconter avec un tel titre...Je croyais même que cela pouvait être un roman d'amour à l'eau de rose...(ce qui était un peu logique pour une jeune de cette époque).

Les résultats de ma lecture ont été plus qu'étonnants. J'ai littéralement été foudroyée d'amour pour cette femme qui a eu une vie très mouvementée remplie de tant de générosité malgré le chagrin et l'incompréhension. J'ai admiré surtout le courage avec lequel elle a passé à travers les épreuves et les contradictions les plus humiliantes.

Je m'étais dit: c'est une sainte cette femme... et si jamais je fais une soeur un jour, ce sera chez les Soeurs Grises de Montréal, congrégation fondée par Marguerite d'Youville pour servir le Seigneur à travers les plus pauvres de la société. On a surnommée cette femme la magicienne des gens mal pris... et lors de sa béatification qui a eu lieu le 3 mai 1959, elle a été déclarée par le pape Jean XXIII: mère à la charité universelle.

3e SIGNE DE L'APPEL À LA VIE RELIGIEUSE (la pousse qui grandit toujours et prend plus de vigueur...

À l'âge de 21 ans, j'ai participé à une retraite vocationnelle animée par le père Yvon Poirier o.m.i., au Cap de la Madeleine. De plus j'ai suivi un séminaire, fait des lectures et méditations sur les différentes vocations: le mariage, le célibat et la vie consacrée. Alors le père Poirier m'orienta vers la vie religieuse. Il avait dépisté chez moi la soif de me donner, le désir d'aimer les pauvres et les petits sans oublier un goût pour la prière... Il avait donc diagnostiqué chez moi une vocation spéciale à la vie religieuse chez les "Soeurs Grises".

À cette époque, je ne me sentais pas prête du tout pour un tel engagement et j'ai dit au Seigneur dans ma prière: Seigneur je veux bien te suivre.. mais un peu plus tard s'il te plaît, donne moi le temps de vivre un peu... j'ai trop à faire: me bâtir une carrière, me faire des amis(es) mais et surtout m'acheter une voiture pour voyager. Je raffolais de ce que j'appelais ma liberté c'est-à-dire: faire ce que je veux où et quand je veux et avec qui je veux...

En 1976, j'ai laissé mon travail d'infirmière-auxiliaire à l'hôpital Robert Giffard de Québec pour aller vivre une expérience de libération intérieure à la Maison Jésus-Ouvrier. À la Suite de cette forte expérience spirituelle, j'ai discerné et pris la décision de laisser mon travail pour un an sans solde afin de me laisser guérir davantage des séquelles d'une grande période difficile de ma vie. Cette année sans solde est devenue une expérience de 14 années de bénévolat en pastorale à la Maison Jésus-Ouvrier de Québec et à la Maison de la Paix de La Pocatière avec le Père Yvon Poirier o.m.i. et d'autres bénévoles et ce, dans le secteur charismatique.

Durant toute cette phase, j'ai appris à mieux connaître mes limites et mes forces. Ce fut une expérience très marquante. C'est là que j'ai pris la décision de vouloir suivre davantage le Seigneur et de me consacrer à son service.

En 1989, j'ai ressenti dans mon coeur qu'il fallait prendre une autre décision pour l'avenir et j'ai désiré revivre une période de réflexion personnelle à Montréal afin d'être loin de mes amis et des membres de ma famille pour avoir une plus grande liberté intérieure.

Ayant une grande confiance à la Vierge Marie, j'ai donc décidé de faire une neuvaine à Notre-Dame du Cap et deux jours plus tard, j'ai rêvé à Mère d'Youville qui me dit: "Qu'attends-tu pour venir me trouver?..." J'ai été bouleversée de ce rêve ne comprenant pas ce qui m'arrivait... Dieu le savait et poursuivait son interpellation à le suivre... autrement que je l'avais prévu... Le lendemain matin, je recevais une lettre de l'association des infirmières-auxiliaires me permettant de faire une réactualisation pour récupérer ma licence non active. Les deux conditions nécessaires étaient d'obtenir une promesse d'emploi et de ne pas être sur le marché de travail. Au même moment, il y avait une grève dans les hôpitaux, donc je ne pouvais m'y présenter pour réaliser la première condition. J'allai donc à la Maison-Mère des Soeurs Grises de Montréal pour demander le papier exigé concernant la promesse d'emploi.

Et là, à ma grande surprise, on m'a offert non seulement le papier exigé pour la formalité mais aussi une chambre afin de me loger à Montréal durant la période nécessaire pour le cours de recyclage.

Le 8 septembre 1989, je quitte donc La Pocatière pour aller vivre une autre année sabbatique qui deviendra mon année préparatoire au noviciat... Ce fut une expérience de formation à la vie religieuse avec plusieurs stages dans les diverses oeuvres des Soeurs Grises.

En 1992, j'ai fait ma profession religieuse temporaire, laquelle cérémonie était présidée par nul autre que le Père Poirier qui a rappelé, lors de son homélie l'immense patience et bonté de Dieu lorsqu'il appelle une personne à se consacrer à lui.

Le 22 août 1998, à 16h30 à la paroisse de St-Émile de Montréal, j'ai fait mes engagements définitifs ou perpétuels chez les Soeurs Grises de Montréal.

Présentement, mon apostolat se situe dans le domaine de la pastorale de la santé à domicile, dans le quartier Rosemont Maisonneuve...au service de "nos seigneurs les pauvres" comme le disait si bien notre fondatrice sainte Marguerite d'Youville.

Ayant déjà formé trois groupes de prière charismatique à Montréal, je continue aussi d'animer ou de participer à des rencontres préparées par le conseil diocésain de Montréal du Renouveau charismatique.

CONCLUSION

J'ai appris, à travers tout ce processus, que le chemin de la véritable liberté est plutôt celui que Dieu nous trace au fur et à mesure si on sait l'écouter et lui demander la grâce de lui rester fidèle à travers ses multiples plans qui sont souvent très différents des nôtres.

Les chemins de la liberté, ce sont d'abord les béatitudes et aussi la longue dépossession de soi, de ses idées, de sa personne et de son temps pour que l'autre existe... Ma grande découverte durant mon cheminement vocationnel a été d'apprendre ceci: il n'y a pas de liberté sans passer par la croix... car nul n'est au dessus du maître le Seigneur... qui en a été le modèle parfait comme le dit saint Paul.

"Lui de condition divine, n'a pas considéré comme une proie à saisir d'être l'égal de Dieu...mais Il s'est dépouillé, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes et, par son aspect, Il était reconnu comme un homme; Il s'est abaissé, devenant obéissant jusqu'à la mort, à la mort sur une croix..."
(Ph. 2,6).

NOTE D'AUTEUR
Membre de la communauté des Soeurs Grises de Montréal, Soeur Ginette Bacon est actuellement coordonnatrice de la pastorale des malades à domicile de cinq paroisses de Montréal. Elle est très active dans le Renouveau charismatique.

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Dernière mise à jour 2 mai 1999

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