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Magazine SELON SA PAROLE (QUÉBEC) traitant de questions reliées à la spiritualité, l'évangélisation, l'éducation de la foi et la vie en Église
Selon Sa Parole juin-juillet 1999 vol. 25 numéro 6


LA LOUANGE
Monique Anctil

"Que la paix du Christ règne dans vos coeurs: tel est bien le terme de l'appel
qui vous a rassemblés en un même Corps.
Enfin, vivez dans l'action de grâces. Que la Parole du Christ réside chez vous en abondance; instruisez-vous en toute sagesse par des admonitions réciproques.
Chantez à Dieu de tout votre coeur avec reconnaissance, par des psaumes, des hymnes et des cantiques inspirés. Et quoi que vous puissiez dire ou faire,
que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, rendant par lui grâces au Père!"
(Col 3, 15-17).

Cette Parole de Dieu, tirée de l'Épître aux Colossiens, est une vraie petite mine d'or. Elle présente très brièvement dans un premier temps, ce qu'est une assemblée charismatique et dans un deuxième temps, quelles en sont les grandes caractéristiques.

L'assemblée de prière est sans doute la grande spécificité du Renouveau charismatique et le lieu privilégié pour vivre et expérimenter la grâce de Pentecôte. Elle est ou devrait être cette source désaltérante à laquelle reviennent, semaine après semaine, ceux et celles qui ont soif d'une vie renouvelée dans la puissance de l'Esprit. Elle est, comme le dit saint Paul, ce rassemblement en un même Corps dont la Tête est le Christ.

Dans ce bref passage de la Parole de Dieu, l'apôtre Paul rappelle aux Colossiens les moyens propres à favoriser l'édification de ce Corps, de ce rassemblement vécu sous la mouvance de l'Esprit. Rappelons-les simplement: la Parole de Dieu utilisée avec abondance, l'enseignement fait avec sagesse, l'exhortation à travers l'admonition réciproque, la prophétie et les cantiques inspirés, le témoignage de l'action puissante du Seigneur dans ce que nous pouvons dire ou faire pour la plus gloire de Dieu.

Sous des expressions différentes et variées, saint Paul insiste sur une dimension tellement importante de ces assemblées, la louange: "Vivez dans l'action de grâce... Chantez à Dieu de tout votre coeur avec reconnaissance... Chantez des psaumes, des hymnes, des cantiques inspirés... Toujours, rendez grâce au Père au Nom de Notre Seigneur Jésus Christ." Et s'adressant aux Éphésiens, Paul invite à "remercier et louer Dieu en tout temps et en toutes choses" (5,20), "à rester toujours joyeux et en toutes conditions, à demeurer dans l'action de grâce."

Les psaumes et les cantiques de louange multiplient les mots pour essayer de décrire Dieu et ses grandeurs. Ils chantent sa bonté, son amour, sa justice, son salut, son secours, sa force... La louange est avant tout reconnaissance et témoignage des grandeurs de Dieu. Louer Dieu, c'est reconnaître qu'il est infiniment digne d'être aimé et adoré, que tout dans notre vie est don de sa grâce. Cette vérité doit habiter notre coeur. C'est alors seulement qu'elle pourra nous soulever au-dessus des circonstances qui arrivent, nous garder joyeux et joyeuses même au milieu des souffrances et des tribulations car c'est la volonté de Dieu que nous soyons continuellement dans l'action de grâce: "Restez toujours joyeux. Priez sans cesse. En toute condition soyez dans l'action de grâces. C'est la volonté de Dieu sur vous dans le Christ Jésus" (1 Th 5,16-17).

Nous ne devons pas être des chrétiens joyeux et capables de louange seulement par "beau temps" ou lorsque les événements vont dans le sens où nous le désirons... Bien sûr, il est plus facile de louer quand tout va bien, mais lorsque nous portons au fond de notre coeur cette conviction profonde que nous sommes dans la main amoureuse du Seigneur et qu'il est présent avec toute sa puissance de vie dans les situations limitées de notre vie, il est possible de louer même à travers les souffrances et les difficultés. Cela nécessite une attitude de foi profonde et une constante conversion du coeur. La louange et l'action de grâce proviennent du fait, qu'indépendamment de ce que nous vivons, nous comprenons que Dieu est toujours fidèle dans son amour et il ne nous manquera jamais.

L'Épître aux Hébreux nous montre qu'il y aura des occasions où nous expérimenterons la louange comme sacrifice: "Offrons donc sans cesse à Dieu, par Jésus, notre louange comme un sacrifice; c'est-à-dire louons sans cesse son nom de nos bouches" (13,15). Il arrive que nous vivions des moments d'aridité, de sécheresse, de repliement sur nous-mêmes, de souffrances intérieures... Dans ces moments-là, nous le savons d'expérience, il est difficile de laisser éclater la louange. Il est donc important de nous oublier nous-mêmes pour nous centrer sur le Seigneur; la louange devient alors source de grandes guérisons et libérations. Elle devient donc une "offrande agréable" au Seigneur.

En d'autres occasions, saisis par la présence aimante et intime du Dieu vivant, nous tournant vers lui avec aux lèvres les paroles "Abba! Père!" ou "Jésus....", la louange et l'action de grâces deviennent plus aisées. Le coeur chante et les mots jaillissent spontanément. Ils sont le fruit de l'émerveillement et de l'admiration devant la présence de Dieu et s'épanouissent dans l'adoration.

La louange provient de la joie, don de l'Esprit d'Amour; elle est cette disposition du coeur qui nous garde serein, confiant en tout temps et à tout propos. Cette joie, demandée par Jésus, est celle donnée en plénitude; elle demeure, de telle sorte que rien ni personne ne peut nous la ravir. Elle est promise à ceux et celles qui demeurent fidèles à son amour et gardent sa Parole jusqu'au jour de son retour: "Si vous gardez ma Parole, si vous demeurez dans mon amour, comme moi j'ai gardé les commandements de mon Père et je demeure en son amour. Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète" (Jn 15,10-11). "Vous aussi, maintenant, vous voilà tristes; mais je vous reverrai de nouveau et votre coeur sera dans la joie, et votre joie, nul ne vous l'enlèvera" (Jn 16,22).

Le Psaume 66(65) nous invite à acclamer joyeusement le Seigneur: "Acclamez Dieu toute la terre, chantez à la gloire de son nom" (v. 1). Notre louange s'exprimera souvent dans des temps de prière silencieuse devant le Seigneur, dans nos allées et venues ou dans les menus travaux de la maison... Mais lorsque nous nous rassemblons en communauté de foi avec des frères et des soeurs, dans une assemblée charismatique, notre louange doit s'exprimer publiquement afin d'être partagée et entendue des autres. Elle devient alors témoignage. Peu importe si nous ne savons pas chanter, le psalmiste nous invite "à acclamer joyeusement le Seigneur" et "à crier de joie!" Le plus beau chant est celui qui jaillit du coeur par l'Esprit. Les Écritures nous encouragent à exprimer notre louange de diverses manières: le chant, les cris, le rire, le battement des mains, la danse, le jeu des instruments, en élevant les mains, en bondissant...

Se livrer ainsi à la louange, c'est déjà se libérer de certaines de ces entraves intérieures qui nous retiennent captifs et captives, qui nous empêchent d'être des chrétiens et des chrétiennes vivants, debout devant leur Seigneur. Proclamer Jésus ressuscité, l'acclamer comme Seigneur et Sauveur, le célébrer par des "Alléluias", s'associer à l'harmonie d'un chant en langues au-delà de toute parole inintelligible, c'est ouvrir la porte à l'action de l'Esprit Saint en soi et dans l'assemblée, c'est se rendre accueillants à la Parole de Dieu, c'est permettre à la prophétie d'éclater au milieu de nos assemblées. On risque peut-être certaines critiques. Il ne faut pas s'en surprendre. Relisons l'entrée messianique de Jésus à Jérusalem. Alors que toute la foule des disciples se met à louer Dieu d'une voix forte, des pharisiens interviennent et demandent à Jésus d'exiger que la foule bruyante arrête de crier sa louange, c'est tellement dérangeant! Que fait Jésus? Il refuse en disant: "Si eux se taisent, les pierres crieront" (Lc 19,37-40). Les chants joyeux et les cris de louange étonneront peut-être, mais ils seront un témoignage du Christ Ressuscité, du Christ que nous croyons bien vivant au coeur de nos vies.

Nous avons reçu grâce sur grâce et nous avons été témoins de grandes merveilles: de nombreuses conversions, guérisons, libérations, la spontanéité d'une prière faite avec un coeur d'enfant, la saveur goûtée de la Parole de Dieu, un amour plus grand pour l'Église, pour nos frères et soeurs... Comment ne pas exulter de joie devant tant de merveilles? Dans nos groupes du Renouveau charismatique on a l'impression que l'usure du temps fait que nous ne sommes plus capables de reconnaître la présence et l'action du Seigneur dans les plus petites délicatesses qui sont oeuvre de sa grâce. On est au point où il nous faut de très, mais très grandes choses pour reconnaître les passages du Seigneur. Serions-nous devenus des enfants gâtés?
Nous sommes faits pour la louange parce que nous sommes faits pour nous tenir debout à la lumière de la face de Dieu.. Elle doit nous habiter du commencement à la fin car c'est ce que nous serons appelés à faire tout au long de l'éternité. Il faut donc en faire l'apprentissage dès ici-bas. La demande et l'intercession passeront lorsque nous serons comblés, mais la louange ne passera jamais. Elle est le fruit de la jubilation de l'Esprit en nous, car comme le dit Séraphim de Sarov: "Tout ce qu'effleure l'Esprit Saint se tourne en joie". Comme Marie, laissons-nous couvrir de l'ombre de l'Esprit, laissons-nous effleurer par l'Esprit et nous pourrons comme Elle et avec Elle éclater dans un Magnificat sans fin.


NOTE D'AUTEUR

Membre de la communauté Notre-Dame du St-Rosaire, Soeur Monique Anctil est responsable du Renouveau charismatique du diocèse de Rimouski. Elle est aussi membre du Comité de rédaction de la revue Selon Sa Parole.


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Dernière mise à jour 2 août 1999

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