Quand la femme s'en mêle...
Monique Anctil, r.s.r.



Dans les civilisations antiques, la puissance de la famille ou du clan se mesurait au nombre de ses membres. La bénédiction de Dieu était d'avoir une nombreuse postérité. Aussi, la femme était d'abord considérée dans sa maternité. Son influence se limitant à la famille, elle était peu reconnue dans l'histoire du peuple.

Pourtant, la Bible présente des femmes qui, en plus de marquer l'histoire familiale, ont fortement influencé l'histoire d'un peuple. Elles ont même, dans des moments critiques, contribué au salut d'Israël. En référence au nom d'Ève, " la Vivante ", la femme de tous les temps a pour vocation de contribuer à la continuité ou à la préservation de la vie et cela, à travers des interventions parfois courageuses et décisives.

Vous connaissez Abigayil, cette femme forte et astucieuse que nous présente le premier Livre de Samuel (25, 2-43) ? " Pleine de bon sens et belle à voir ", elle est l'épouse de Nabal, homme très riche, plutôt " brutal et malfaisant ". En hébreu, Nabal désigne l'insensé qui se conduit mal à l'égard de Dieu et des hommes, à la fois sot, impie et méchant.

Campé au désert de Maôn, David apprend la présence de Nabal venu tondre son troupeau dans les parages. Il envoie des messagers saluer Nabal, mais ce dernier les outrage et leur fait mauvais accueil. Pris de colère, David ceint son épée et part avec quatre cents hommes afin de se rendre justice. C'est au cœur de cette situation de tension et de guerre froide qu'intervient Abigayil. Précédée de nombreux serviteurs, munie d'abondantes provisions, elle part à la rencontre de David. Avec grande courtoisie et prétextant son manque de vigilance, elle se fait ambassadrice auprès de celui-ci, prenant sur elle la faute de son mari. Elle empêche que survienne une forte confrontation et épargne ainsi que le sang soit versé. David reconnaît en cette démarche une intervention de Dieu. Il loue ainsi la sagesse d'Abigayil : " Béni soit Yahvé, Dieu d'Israël, qui t'a envoyée aujourd'hui à ma rencontre. Bénie soit ta sagesse et bénie sois-tu pour m'avoir retenu aujourd'hui d'en venir au sang et de me faire justice de ma propre main... " (32-33).

Une façon particulière pour la femme de mettre en œuvre la grâce de maternité qui lui a été confiée est d'exercer le ministère de la pacification. La femme, dans sa beauté intérieure, a cette capacité de transformer les êtres et les situations les plus difficiles en oasis de paix. La paix s'enracine d'abord dans notre cœur par un combat incessant que nous devons livrer quotidiennement contre nos tendances égoïstes qui engendrent la guerre et la destruction. Puis, elle s'incarne au quotidien à travers des paroles, des gestes et des démarches souvent modestes, mais parfois héroïques.

La paix, fruit de l'Esprit, n'est pas une vertu proprement féminine. Elle est d'abord évangélique. Jésus lui-même fait cette recommandation à ses disciples : " Dans quelque maison que vous entriez, dites d'abord : Paix à cette maison " (Lc 10, 5). Cette salutation usuelle de l'Ancien Testament n'est pas une simple parole, une parole banale ; elle traduit plu-tôt un souhait de SANTÉ, de BONHEUR et de PROSPÉRITÉ. Cette paix est plénitude de vie ; et cette plénitude de vie, le vœu que Dieu, par la bouche de ses messagers célestes, formule au moment de la naissance de son Fils : " Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu'il aime " (Lc 2, 14). Jésus, Prince de la Paix, s'approprie le souhait de son Père lorsque, se montrant à ses disciples après sa résurrection, il leur dit : " La paix soit avec vous " (Lc 24, 36).

La paix du Christ, comme tous ses dons d'ailleurs, ne s'impose pas. Elle doit être accueillie. La chrétienne, le chrétien qui opte pour le Christ, reçoit la vocation d'être ARTISAN DE PAIX. Il entre alors dans la béatitude, la seule capable de produire des fruits du Royaume : " Heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu " (Mt 5, 9).

Que surgisse dans chaque famille, dans chaque paroisse, dans chaque groupe du Renouveau charismatique, un bâtisseur de paix et la communauté sera transformée. Il ne suffit pas de souhaiter la paix. Il nous faut, comme Abigayil, la promouvoir et, sous le souffle de l'Esprit, devenir inventifs pour la concrétiser de façon efficace. Voilà la condition essentielle pour être véritablement fils et filles de Dieu.

Abigayil se met au service de son peuple avec une sagesse courageuse. Elle sait trouver sa grandeur dans la force même de son Dieu.

Cette dame devient pour nous une belle figure de Marie qui, devant la vocation inattendue annoncée par l'ange Gabriel, se rend attentive et accueillante à la Parole, même si celle-ci bouleverse ses projets. Elle se livre tout entière au service de son peuple. Alors, en elle et par elle, Jésus, le Salut nous est donné.

Prions maintenant Marie, Reine de la Paix, de nous obtenir de son Fils cette paix du cœur pleine et profonde, afin que nous devenions de véritables bâtisseurs de la paix.



De la communauté Notre-Dame du Saint Rosaire, sœur Monique Anctil est responsable du Renouveau charismatique du diocèse de Rimouski. Elle est aussi membre du Conseil canadien du Renouveau charismatique et du comité de rédaction de la revue Selon Sa Parole.



Magazine SELON SA PAROLE (QUÉBEC) traitant de questions reliées à la spiritualité, l'évangélisation, l'éducation de la foi et la vie en Église
Selon Sa Parole sept. oct. vol. 27 numéro 4


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Dernière mise à jour 16 octobre 2001

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