Une nuit... pas comme les autres !

par Monique Anctil

La nuit ... C'est l'heure où les ténèbres couvrent la terre ! En plein cœur de ce pays d'ombre et d'obscurité, " une lumière resplendit " (Is 9, 2). " Dans la contrée, des bergers passent la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L'ange du Seigneur s'approche, et la gloire du Seigneur les enveloppe de sa lumière " (Lc 2, 8-9).

En dehors de la fête de la Nativité, nous arrive-t-il de méditer sur ces " petits ", en tenue de service, veillant avec tellement de sollicitude sur les troupeaux qui leur sont confiés ? À cette époque, les bergers étaient méprisés et même redoutés ; ils étaient considérés comme des ignorants car ils n'avaient pas le temps de participer aux beaux enseignements donnés par les intellectuels dans les synagogues ; on en faisait des impurs car leur métier les empêchait de respecter le repos du sabbat. Et puis, bien sûr, on se tenait loin de ces gens malpropres, qui sentent mauvais, des " boueux ", quoi ! Et pourtant, ce sont ces pauvres que Dieu choisit pour faire connaître l'événement qui bousculera l'histoire de l'humanité.

Une nuit pas comme les autres !... Nuit de transformation pour ces simples, ces petits à qui " Dieu découvre les secrets de son Cœur ". Les bergers sont les premiers à apercevoir l'ange et à entendre la louange qui unit la terre et le ciel : " Gloire à Dieu au ciel, et paix sur la terre aux hommes qu'il aime " (Lc 2, 14). Saisis de crainte, ils accueillent ce message de l'ange : " Ne craignez pas, car je vous annonce une bonne nouvelle " (Lc 2, 10). Comment demeurer indifférents à une telle annonciation ? Avec empressement, ils partent vérifier la merveille. Ils découvrent et reconnaissent, dans le dénuement de la crèche, le Messie annoncé et chanté par les prophètes. Dieu manifeste sa grâce ! Il choisit la pauvreté, le dénuement pour venir jusqu'à nous. Le cœur des bergers en est chaviré, transformé ! Sur la paille de la crèche, comme sur le bois de la croix, Dieu révèle l'immensité de son Amour. Comme nous l'affirmons dans ce vieux cantique de Noël : " De la crèche au crucifiement, Dieu nous livre un profond mystère ".

À la suite des bergers, sommes-nous accueillants à ce Dieu qui vient à nous, dans la gratuité de son amour, pour nous arracher à notre nuit, à nos ténèbres ? Seuls les pauvres ont l'intuition du mystère. Aujourd'hui encore, le Christ se présente à nous dans le dénuement. C'est pourquoi il est tellement difficile de le saisir. L'Église humiliée et persécutée est le véritable Christ de la Crèche. Les pauvres, les méprisés, les rejetés sont le véritable Christ de la Crèche.

Une nuit pas comme les autres ! ... Nuit d'illumination pour ces pauvres enveloppés de la gloire divine ! " L'ange du Seigneur s'approche d'eux, et la gloire du Seigneur les enveloppe de sa lumière " (Lc 2, 9). Dans toute la Bible, la " gloire " est le signe de la présence de Dieu et réservée au Temple de Jérusalem. Désormais, cette gloire " enveloppe " les pauvres. Les bergers ont foi en la parole de l'Ange, c'est pourquoi ils reconnaissent la gloire de Dieu manifestée dans la simplicité d'un enfant. " Aujourd'hui vous est né un Sauveur dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur " (Lc 2, 11). Ici, le Messager précise l'identité véritable de l'enfant. Quel mystère d'amour ! Ils s'attendent de trouver un " Sauveur-Messie-Seigneur " (Lc 2, 11) et ils ne trouvent qu'un petit bébé posé sur la paille, dans la mangeoire. Déjà, Dieu apparaît tellement humain que beaucoup ne le reconnaissent pas, tant il est " caché " au plus intime de notre humanité. Voilà le signe, " vous verrez un enfant ". Ce qui est donné comme " signe ", c'est la " pauvreté ", la " faiblesse ".

Ce Dieu qui se manifeste " fragile " à la Crèche, est le même qui vient à nous dans la pauvreté d'un morceau de pain eucharistique pour rassasier les cœurs pauvres. Il faut se rappeler que le mot hébreu " Beth- léhem " signifie " maison du pain ". Dieu se donne à manger comme un morceau de bon pain, humble signe dans lequel nous sommes invités à Le reconnaître présent parmi nous. " Ceci est mon corps, livré pour vous, prenez, mangez " (Mt 26, 26). Cette nuit pas comme les autres célèbre la présence de ce Dieu qui se fait l'un de nous. Ce Dieu que nous appelons le Tout-Autre pour signifier combien il est grand, et aussi le Tout-Proche, l'Emmanuel, le Dieu-avec-nous. N'est-ce pas une profonde expérience de la proximité de Dieu, expérience qui a illuminé leur cœur, qu'ont vécu les bergers de Bethléhem ?

À l'exemple des bergers, soyons assez humbles et pauvres de cœur pour reconnaître et accueillir Jésus qui se fait présent au milieu de nous dans la fragilité d'un morceau de pain, ce pain qui se multiplie sans cesse sous nos yeux, qui donne la vie et dont nous sommes appelés à nous nourrir. " Je suis le pain vivant. Qui mange de ce pain vivra à jamais " (Jn 6, 51).

Une nuit pas comme les autres !... Nuit d'exultation pour ces bergers qui ont " vu " une humanité tout ordinaire en ce petit enfant et " entendu " un message très extraordinaire. Accueillant la joyeuse nouvelle, ils se précipitent pour " voir " cette Parole qui est arrivée et que le Seigneur leur a fait connaître. " Et le Verbe, la Parole s'est fait chair ". Et l'ayant vue, dans l'émerveillement de leur cœur d'enfant ils repartent, en glorifiant et louant Dieu, révéler le mystère dont ils ont été les premiers témoins. Joie au ciel ! Exulte la terre ! Car un enfant nous est né, un Dieu nous est donné ! La rencontre avec Jésus change le cœur. Elle est source de paix, de joie et provoque la louange. Remplis de joie et de reconnaissance, les bergers s'empressent, à leur retour, de diffuser la Bonne Nouvelle, devenant ainsi missionnaires de l'Enfant Jésus. La joie et l'empressement sont des signes qui accompagnent ceux et celles qui accueillent une bonne nouvelle. Que jamais ne s'éteigne en notre cœur cet émerveillement, cette action de grâce pour la Lumière venue au cœur de nos obscurités ! Cherchons à imiter les bergers dans leur générosité à mettre en œuvre les grâces et les dons reçus, et devenons à notre tour les messagers joyeux de la Bonne Nouvelle. Saurons-nous faire preuve de la même hâte, du même courage, du même esprit missionnaire pour faire connaître Celui que nous avons rencontré ?

" Et tout le monde s'étonnait de ce que racontaient les bergers ", affirme Luc. Comment croire que le Messie annoncé et attendu, vienne à nous dans un petit enfant et encore plus, qu'il ne naisse pas dans le palais des grands mais dans une mangeoire ? Une traduction plus juste aurait dit : Et tous ceux qui les entendaient " s'émerveillaient " de ce que les bergers leur avaient dit. Marie, humble servante du Seigneur, adhère dans la foi à ce mystère d'amour incompréhensible. Elle garde avec soin et médite en son cœur la Parole transmise par les bergers. Elle redit en son cœur le " oui " de l'annonciation et accueille, dans l'émerveillement du cœur, la nouveauté inattendue de Dieu en ce petit enfant. Joseph, méditatif, reconnaît en Jésus le Fils que seul le Père peut nous faire connaître et reconnaître pour l'aimer et l'imiter.

Avec les bergers des côteaux de Bethléhem, en empruntant les mots d'un chant de Jean-Claude Gianadda, accueillons Jésus Christ-Seigneur-Sauveur, venu habiter notre histoire humaine il y a deux mille ans, lui qui se plaît à naître dans l'humble demeure de notre cœur.



Prenons le temps de l'accueillir

Tout le temps de le choisir

Le temps, c'est fait pour grandir, Alléluia !

Prenons le temps de l'écouter

Tout le temps de méditer

Le temps, c'est fait pour aimer, Alléluia !



Prenons le temps d'être avec Lui

Tout le temps de dire " oui "

Le temps, c'est fait pour sa vie, Alléluia !

Prenons le temps de l'annoncer

Tout le temps de Le prier

Le temps, c'est fait pour chanter, Alléluia !



De la communauté Notre-Dame du Saint Rosaire, sœur Monique Anctil est responsable du Renouveau charismatique du diocèse de Rimouski. Elle est aussi membre du Conseil canadien du Renouveau charismatique et du comité de rédaction de la revue Selon Sa Parole.



Magazine SELON SA PAROLE (QUÉBEC) traitant de questions reliées à la spiritualité, l'évangélisation, l'éducation de la foi et la vie en Église
Selon Sa Parole novembre-décembre vol. 26 numéro 5


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Dernière mise à jour 22 décembre 2000

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