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Revue Selon Sa Parole vol. 24 numéro 4, 15 avril 1998
DOSSIER REPERES

Présence du Renouveau charismatique dans les communautés amérindiennes

La communauté Atikamekw voit grandir sur sa terre les fruits du Renouveau
Les pasteurs, Jacques Laliberté et Denis Grenier, nous racontent.
Pauline Chachaiet William Awashish témoignent des merveilles du Seigneur.



PRÉSENCE DU RENOUVEAU CHARISMATIQUE DANS LES COMMUNAUTÉS AMÉRINDIENNES
Jacques Laliberté

Je ne puis traiter de l'impact du Renouveau dans toutes les communautés amérindiennes, qui sont près d'une dizaine et sont réparties dans l'ensemble du territoire du Québec. Je partage avec mon confrère Denis Grenier la responsabilité pastorale de trois communautés Atikamekws du Haut-Saint-Maurice où je travaille depuis 1984 dans les village d'Obedjiwan, Weymontachie et Manawan.

Pendant mes études de théologie, je résidais sur le terrain voisin de la Maison Jésus-Ouvrier, bien connue dans le mouvement charismatique du Québec; j'ai eu dans cette maison mes premiers contacts avec le Renouveau, j'ai été impressionné par ce que j'y ai observé. J'ai découvert un grand nombre de laïcs qui avaient une foi et une vie spirituelle dynamique et qui étaient très engagés dans cette oeuvre d'Église. Il y avait de la place pour tous les talents et toutes les aptitudes.

Fort de cette expérience, je suis parti pour le Haut-Saint- Maurice, j'ai passé une année à Weymontachie, à 115 kilomètres au nord-ouest de La Tuque et l'année suivante je fus nommé curé à Obedjiwan, village situé entre le Lac-Saint-Jean et l'Abitibi. Inspiré par ce que j'avais vu à Jésus-Ouvrier, j'ai mis sur pied des petits comités pour dynamiser la liturgie et la pastorale, débuts très lents, j'ai dû attendre plusieurs années, travaillant à la formation de leaders et les soutenant dans leur engagement. Puis j'ai cru que le temps était venu de faire vivre à quelques-uns de ces leaders une expérience du Renouveau charismatique. _ mon invitation, deux dames ont accepté d'aller vivre une fin de semaine de libération à la Maison Jésus-Ouvrier. Elles y découvrent une multitude de laïcs, hommes et femmes priant avec ferveur, n'ayant aucune crainte d'extérioriser leur foi. Elles s'émerveillent que des laïcs animent la prière, écoutent et conseillent d'autres baptisés, prient sur les personnes, les malades. Fortes de cette expérience, elles reviennent à Obedjiwan enchantées de leur expérience qui est leur premier contact avec le Renouveau charismatique.

Je sens qu'une étape importante vient d'être franchie. Je fais avec ces deux dames une petite réunion, les amenant à raconter leur expérience. Je pose des questions leur permettant de mettre en lumière ce qu'elles ont vécu et la dynamique dans laquelle elles l'ont vécu. Je vérifie comment elles se sont laissées rejoindre par l'implication de tant de laïcs qui leur ont permis d'apprécier leur retraite de fin de semaine. Devant leur enthousiasme, je demande comment elles peuvent garder bien vivant ce qu'elles ont vécu. Elles me répondent bien spontanément qu'on pourrait se faire à Obedjiwan une soirée de prière. Je trouvais l'idée très bonne mais je leur dis qu'il faudrait voir quel contenu y mettre et comment on pourrait vivre et animer cette soirée.

Au moment de ces événements, étant curé de deux villages distants de 250 kilomètres avec des routes forestières en très mauvais état, je suis parti à Weymontachie, «mon autre paroisse», laissant mes gens à Objedjiwan avec ces idées et ces projets possibles pour trois semaines. Merveilleuse surprise, elles me téléphonent la semaine suivante pour m'informer, qu'elles ont maintenant leur soirée de prière. _ mon retour à Obedjiwan, je me fais humble participant. Je vois qu'il faudra apporter des ajustements, mais l'essentiel est là et elles y mettent de façon spontanée un rythme amérindien. Ce rythme réfère à la notion du temps et à la capacité d'intériorisation.

Je pourrais vous faire le narratif du déroulement d'une de nos soirées de prière. Je préfère mettre en lumière quelques caractéristiques qui nous sont propres. L'originalité, les deux éléments principaux des soirées de prière sont l'utilisation de petits messages à caractère biblique et la démarche d'un geste sensible. Nos gens ne sont pas pour la très grande majorité, des habitués de la lecture. Un livre comme la Bible est susceptible de décourager les meilleurs volontés, d'autant plus que pour eux le français est une langue seconde et que beaucoup d'expressions tant dans l'Ancien que dans le Nouveau Testament, ne font pas partie du langage usuel. Pourtant la Parole de Dieu prend une place importante dans le Renouveau. Mes deux animatrices avaient ramené de leur expérience à Jésus-Ouvrier les petits messages de libération, de guérison... ce sont tous des messages se référant à des passages de la Bible. Dans nos soirées de prière, nous avons toujours un temps pour la Parole qui est un temps pour aller chercher son message, l'accueillir, le prier et le partager avec quelques personnes. J'ai la certitude que pour notre communauté cette expérience est une réelle bénédiction. Les gens s'approprient leur message, cherchent la volonté de Dieu sur eux. Ils veulent comprendre le contexte de leur citation biblique et se procurent soit le Nouveau Testament soit la Bible complète. Nous avons reçu une multitude de témoignages personnels où les gens disent «mon message» et ils expliquent comment le Seigneur les a touchés. Cela joue même un rôle de guérison, la façon dont les gens reçoivent ces messages paraît prophétique. Après un certain temps, il devient surprenant de voir comment les personnes connaissent de petits passages significatifs de la Bible.

L'autre originalité est ce que j'appelle le geste sensible. Chez les Amérindiens, il est bon que les sens soient mis à contribution, on prie avec tout son être. Spontanément les premières animatrices des soirées de prière ont invité les gens à venir toucher le pied du grand crucifix en arrière du maître autel. Les personnes s'y recueillent seules ou en couple et même en famille. Ce recueillement peut durer quelques minutes. Si le groupe est moindrement nombreux, cela prend passablement de temps. Nous voyons pourtant à l'usage que cette démarche répond à leur sensibilité, car elle perdure et rejoint les personnes. Pour plusieurs, ces gestes ont été l'occasion de conversion, de pardon et de réconciliation de familles. Nous avons essayé de diversifier les gestes sensibles que nous considérons comme partie intégrante de nos soirées de prière.

La naissance du Renouveau dans nos communautés a été une vraie bénédiction. La pratique religieuse a pour le moins doublé à Obedjiwan. Le nombre des gens désireux de s'engager, de donner du temps pour leur communauté d'Église a augmenté. Le comité d'Église s'est élargi et a une meilleure assise. Les personnes sont mieux situées devant la propagande des sectes présentes même dans nos milieux. Les personnes ont senti le besoin de se ressourcer et d'approfondir leur foi. Plusieurs personnes ont vécu des fins de semaine du Renouveau soit à Roberval, soit à Québec et même à Trois- Rivières. _ la demande de nos gens, dans le style du Renouveau, le Père Denis Grenier qui fait équipe avec moi dans le Haut-Saint-Maurice avons animé des mini-retraites de fin de semaine et des retraites de cinq jours dans les trois communautés d'Obedjiwan, de Weymontachie et de Manawan. Nous avons fait venir des personnes ressources de l'extérieur. Nous avons des signes qui nous donnent beaucoup d'espérance. Il ne faudrait pas penser pour autant que nous sommes devenus des communautés idéales. Nous sommes des communautés en croissance. Nous pouvons affirmer que nos communautés vivent un réveil spirituel important. Beaucoup de personnes prennent conscience des trésors de leur foi et des talents personnels qu'elles peuvent mettre au service de la communauté. Pour moi, je vois l'étape que nous avons franchie comme un point tournant qui fait rejaillir l'espérance.

Les communautés Atikamekws du Haut-Saint-Maurice, Manawan, Weymontachie et Obedjiwan ne sont pas toutes au même point dans l'accueil et l'intégration du Renouveau charismatique. Pourtant dans les trois communautés Atikamekws, le Renouveau est présent gardant à chaque place une coloration propre.



LA FOI CHEZ LES AMÉRINDIENS
Denis Grenier

N'étant missionnaire chez les Amérindiens que depuis quatre ans, il serait bien prétentieux de ma part de penser connaître parfaitement la «Foi» chez les Amérindiens. Je vous présenterai quelques considérations forcément incomplètes sur ce sujet, mais qui exprimeront ce que j'ai perçu en vivant avec les Atikamekws.

L'amérindien est profondément religieux et croyant. Son lien avec le Créateur et la création est très grand et constant dans presque tous ses gestes quotidiens, surtout quand il est dans la nature. En situation de ville, au contact de tout le moderne, ce lien est bien atténué, presque inexistant. C'est qu'alors, il n'a pas appris de ses parents et ancêtres à faire ce lien, comme c'est le cas quand il est dans la nature.

L'amérindien est aussi foncièrement communautaire et solidaire. Ses réactions sont presque toujours teintées de cette valeur: très souvent il vit une peur, une souffrance, une douleur, une peine ou une joie qui vient de cette sensibilité communautaire; cela l'amène souvent à prier pour les autres, à vouloir partager ce qu'il possède, à se dévouer pour les autres avec beaucoup de spontanéité.

A cause de son lien vital avec le Créateur et la création et de son lien vital communautaire, l'amérindien ressent un besoin profond d'identité, de fierté, de respect, de relations vraies avec les autres, d'être bien avec lui-même et les autres. Il vit intensément toutes les blessures de rejet, d'infidélité, de non- respect de ses droits: toutes les divisions, les promesses non tenues, toutes les exploitations irresponsables de la nature, etc... Il aspire profondément à la réconciliation (il est capable de beaucoup de pardon), à la maîtrise de lui même, à la reconnaissance de son identité propre, à la solidarité entre les nations, au respect profond de chacun et de la nature.

Encore beaucoup plus proche que bien d'autres de la nature, il vit davantage au rythme de la nature; un stage dans la nature le pacifie et lui enseigne beaucoup.

Au contact de la foi chrétienne, l'amérindien est très touché par Jésus, Fils de Dieu, venu se faire l'un de nous et solidaire de nous tous. Il a une grande foi dans le crucifix. Il accueille ce geste de Jésus venu nous réconcilier en nous pardonnant et en nous offrant de pardonner à notre tour. Jésus en croix est cet arbre vivant venu rassembler entre eux tous les humains et les relier au Père créateur.

L'amérindien perçoit spontanément comme la présence d'un «esprit» en tout être vivant: humain, animal ou plante. Il accueille l'Esprit Saint comme le grand don de Dieu lui-même au coeur de chacun de nous.

Il aime prier le Créateur et s'adresser à lui quand il est dans la nature. Il le voit et le contemple dans la création, il le remercie pour chaque gibier donné, chaque morceau de pain à manger. Il a une grande vénération pour la terre, mère de la vie.

Le grand défi actuel pour l'amérindien, c'est de garder ce lien vital avec le Créateur, la création et les êtres humains dans un monde qui l'isole et l'individualise de plus en plus. C'est aussi de garder sa capacité de maîtrise de lui-même face à tout ce qui tend à le rendre esclave. C'est de trouver un sens à sa vie et d'être heureux face à tout ce qui est attrait et «fun», mais qui n'est source d'aucun vrai bonheur. C'est aussi de sauvegarder ses propres et très belles valeurs comme: la vitalité, la force et l'amour de la famille; l'amour et le respect de la sagesse des Anciens; le souci du partage communautaire.


NOTE D'AUTEUR
Prêtre depuis 1967, Denis Grenier, oblat de Marie-Immaculée, a oeuvré dans les parosses St-Sauveur de Québec, de Schefferville et de Sept-Iles, puis il a été directeur du Centre de Renouveau chrétien de Caps Noirs en Gaspésie. Depuis 1994, il est missionnaire auprès des Atikamekws à Weymontachie, Obedjiwan et Manouane.



TÉMOIGNAGE
Note d'auteure
Mère de famille, Pauline Chachai est amérindienne et habite Obedjiwan, Québec. Elle est assistante- coordonnatrice du Comité de pastorale de la Mission d'Obedjiwan.

Je suis une amérindienne atikamekw d'Obedjiwan et je suis heureuse de partager avec vous ce que Jésus a fait pour moi depuis que je l'ai rencontré. Oui, je vous parle de ce Jésus qui veut, à nous tous, donner son amour.

Je dois d'abord vous avouer que j'étais bien loin de Dieu, si loin que j'avais oublié qu'il existait, qu'il m'aimait par dessus- tout et qu'il n'avait jamais cessé de m'attendre.

Maintenant, laissez-moi vous raconter comment Jésus a fait pour venir me rejoindre. Un jour, une amie m'a invitée à une réunion de prière charismatique. J'y suis allée sans trop me demander pourquoi j'avais accepté; or, en entrant dans l'église, je me suis assise au fond de la salle et c'est à ce moment-là que le Seigneur est venu me visiter par un chant... et depuis ce soir-là j'ai commencé à lui ouvrir mon coeur.

Le Bon Dieu m'a fait cadeau de deux enfants à aimer; mais un jour un de mes enfants, qui avait seize ans, a décidé de s'enlever la vie; d'ailleurs, je ne sais pas pour quelle raison il a fait ce geste, il est parti sans me laisser un message. J'ai vécu l'enfer, à partir de ce jour-là. C'est comme si j'étais morte avec mon enfant. J'avais beaucoup de chagrin, de colère, de culpabilité, d'idées suicidaires, de refus de pardonner. Oui, je m'étais enfermée dans une prison. Mais le Seigneur m'a ressuscité comme il a ressuscité Lazare. Comme vous voyez, le Seigneur rend la liberté à ceux qui ouvrent leur coeur.

Je rends grâce au Seigneur de m'avoir libérée de cette prison qui était la mienne. Aujourd'hui j'ai pardonné à mon enfant de m'avoir blessée profondément en faisant ce geste; je sais que lui aussi m'a pardonné, et un jour, nous nous reverrons.

Maintenant je veux remercier le Seigneur de m'avoir appris à pardonner, de m'avoir aidée à surmonter ces douloureuses épreuves, de m'avoir appris à lui faire confiance et surtout de découvrir qu'il est «Amour». Merci, Seigneur, pour toutes ces belles choses que tu m'as fait découvrir. Béni sois-tu éternellement!



TÉMOIGNAGE
William Awashish

Il y a six ans, rien n'allait plus dans ma vie. J'étais malade par la place que la boisson prenait dans ma vie et aussi malade par la violence qui m'habitait. J'étais découragé et je ne voulais pas de solutions fatales comme le suicide. Je me demandais de tout mon coeur comment vivre?

Le mouvement charismatique commençait alors à être présent dans notre milieu et quelqu'un m'a parlé de la retraite de libération intérieure. J'y suis allé dans l'espoir de m'en sortir et de redécouvrir une qualité de vie. J'ai eu la chance de me retrouver. L'effusion de l'Esprit a été pour moi un point tournant. Je voyais ce qui n'allait pas dans ma vie et je comprenais que l'Esprit Saint me donnait la force d'amorcer la reconstruction de ma vie. Le Seigneur a pris de la place dans ma vie, je participais aux soirées de prière. Je prenais aussi conscience que j'avais quelque chose à apporter aux autres.

Je retiens que l'effusion de l'Esprit a été le point de départ de mon cheminement. Je recevais aussi l'effusion lors des mini-retraites et des retraites dans nos milieux, cela m'a rendu capable de partager mon expérience afin d'encourager d'autres à trouver le chemin du Seigneur Jésus.

Présentement, je suis ouvert et disponible à ceux qui vivent les souffrances que j'ai connues. Je les écoute et leur montre le chemin du Seigneur. J'ai reçu le grand cadeau d'un important réveil spirituel et d'un merveilleux renouvellement de ma vie de couple. C'est vraiment un beau cadeau du Seigneur.

Je dis merci au Seigneur Jésus «Mikweta Cecos Teperitcikein».

NOTE D'AUTEUR

William Awashish, 54 ans, est marié, père de 7 enfants et grand-père de 13 petits-enfants. Il habite Obedjiwan. Il est membre du groupe de prière d'Obedjiwan depuis presque les débuts.

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Dernière mise à jour 13 mai 1998

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