Le mystère de la Croix
Guy Jalbert


" Ne fallait-il pas que le Christ endurât toutes ces souffrances pour entrer dans sa gloire ? " (Lc 24, 26).

À première vue, la croix est un scandale, " scandale pour les juifs, folie pour les païens " (1Co 1, 23). La croix, c'est déroutant ; devant les juifs friands de merveilleux et les grecs repus de philosophie, Paul prêche un Messie crucifié. La croix, c'est une honte, c'est la potence, le supplice des esclaves. " Il s'est abaissé, prenant la condition d'esclave " (Ph 2, 7). Pour les intellectuels grecs et les nobles romains, il était inacceptable que le salut vienne de la mort d'un esclave.

Dans le Deutéronome, il est dit que la croix est un signe de la malédiction divine (21, 22) " un pendu est une malédiction de Dieu ". Et Paul affirme que " Jésus a payé pour nous libérer de la malédiction de la Loi, en devenant lui-même malédiction pour nous " (Ga 3, 13). Au pied de la croix de Jésus, on a pu entendre les railleries des gens. Les évangélistes notent que les chefs des prêtres et les soldats se moquaient de Jésus : " Si tu es le Roi des juifs, sauve-toi toi-même (Lc 23, 37). Les disciples et Pierre en particulier n'ont pu accueillir et comprendre l'annonce que Jésus a faite de sa propre passion ; en partant pour Gethsémani, Jésus prévient ses apôtres que tous vont être scandalisés à son sujet. Ainsi se réalise la prophétie du vieillard Siméon, Jésus est un signe de contradiction par sa croix.

Aujourd'hui, nous nous sommes habitués à la croix de Jésus ; nous nous sommes habitués à la voir et à la porter. Mais la croix qui fait scandale, c'est celle que nous rencontrons dans le monde et dans nos propres vies, ce sont nos croix quotidiennes. Il faut accueillir le message de Jésus qui nous invite à porter notre croix chaque jour et à le suivre ; c'est là, la vocation de tout chrétien. Avec Paul, il faut dire : " ce qui manque aux souffrances du Christ, je l'achève en mon propre corps "

(1 Co 1, 24).

La Croix, un mystère de salut

Jésus a affirmé la nécessité de sa croix pour le salut du monde : " c'est pour cette heure que je suis venu " (Jn 12, 27) ; " si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit " (Jn 12, 24). La croix, c'est le mystère de l'amour de Dieu pour les hommes : " Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique " (Jn 3, 16). La croix, c'est l'obéissance totale, c'est le contraire du péché d'Adam. Par ce don total de sa vie, Jésus a redressé la création déchue et l'a réorientée vers Dieu. Devant lui, tout genou fléchira, parce qu'il a fléchi le genou devant Dieu : tout est au Christ et le Christ est à Dieu.

La croix, un chemin de gloire

La croix de Jésus, instrument de notre salut et de notre libération, est glorieuse : " l'heure est venue où le Fils de l'homme va être glorifié " (Jn 12, 23). La croix est un abaissement qui glorifie parce que c'est une victoire totale sur Satan, sur le mal et sur la mort. En détruisant la mort, la croix conduit à une vie renouvelée en Jésus par la résurrection.

Le signe de la croix est le signe du chrétien

Le cheminement du chrétien qui va vers Dieu se poursuit à travers les croix qu'il rencontre dans sa vie quotidienne. Elle est difficile à comprendre cette nécessité de la croix dans nos vies : nous devons, pour grandir spirituellement et porter du fruit, porter la croix à la suite de Jésus et être ce grain de blé qui tombe en terre et accepte de mourir. Par la croix et à travers les croix va se poursuivre le cheminement du chrétien, c'est ce que les auteurs spirituels nous enseignent lorsqu'ils parlent des purifications nécessaires à notre avancement.

Il y a des purifications actives qui sont le fruit de nos choix et de nos déterminations : ascèse, jeûnes, privations, détachements et libération des esclavages et des dépendances qui nous alourdissent et retardent notre croissance spirituelle. Il y a aussi les purifications passives, qui ne sont pas le fruit de notre choix, ces épreuves venant de la vie et de ses contraintes : pauvreté matérielle, problèmes de santé, échecs, réputations perdues, humiliations ; ou encore celles qui viennent des assauts du démon comme les tentations et oppressions. C'est le rôle des nuits, celles des sens et celles de la foi, de nous éprouver et de stimuler notre devenir spirituel. Les yeux fixés sur Jésus-Christ, menons le bon combat contre les forces du mal en nous et autour de nous.

Le langage de la croix est folie pour ceux qui se perdent, mais pour ceux qui se sauvent, il est puissance de Dieu. Ce langage devient compréhensible seulement à la clarté de l'Esprit Saint : " notre cœur n'était-il pas tout brûlant au-dedans de nous quand il nous parlait en chemin et nous expliquait les Écritures ? " L'Esprit nous fait comprendre et accueillir la croix, celle de Jésus et aussi la nôtre, comme un chemin de vie et d'amour et un chemin de sainteté par l'obéissance à Dieu. M'unissant à la puissance de Dieu qui sauve le monde par la croix, je peux continuer l'œuvre de Jésus et coopérer ainsi au salut du monde. j



Le père Guy Jalbert, oblat de Marie-Immaculée, est au service du Renouveau charismatique depuis 1973. Il réside chez les Oblats au presbytère Saint-Sauveur, ville de Québec. Comme missionnaire itinérant, il donne des sessions de formation et participe à des congrès. Il est membre du Comité de rédaction de Selon Sa Parole.

Magazine SELON SA PAROLE (QUÉBEC) traitant de questions reliées à la spiritualité, l'évangélisation, l'éducation de la foi et la vie en Église
Selon Sa Parole mars-avril vol. 26 numéro 2


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Dernière mise à jour 30 mai 2000

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